2 faces of january. Film Avis. Dunst, Mortensen – Amini – Résumé (2014) 4.5/10

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Les deux faces de Janvier

Vous avez voulu éviter le désastre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez le désastre.” Voilà une gigantesque claque, sur l’air bien connu emprunté à Winston Churchill et qui fustige le manque d’ambition.

J’y vais sans doute un peu fort. Ici il n’y a pas de guerre, tout juste une morne plaine et un combat perdu.

Quelle est la recette de cette machine à perdre si peu glorieuse ?

Enfermez quelques bons acteurs de maintenant dans un vieux scénario de thriller. Gardez vous de montrer du génie.

Placez le tout dans une destination exotique, ici la Grèce des années 60. Misez sur une assez bonne restitution du côté touristique et une évocation convenable des ambiances de jadis.

Agitez le tout vigoureusement et vous pourrez peut être dissimuler que vous n’avez pas beaucoup d’idées à nous fourguer. Sans idées, un film n’est juste qu’une juxtaposition d’ambiances. Lesquelles sont confortées par une musique peu inspirée. De loin cela peut faire hitchcockien. Mais c’est juste un vernis très superficiel.

Il ne se passe pas grand-chose d’intéressant ou de nouveau dans ce scénario si convenu.

Kirsten Dunst et Viggo Mortensen sont en couple ; les personnages, pas les acteurs. « Kirsten » pense avoir épousé un financier d’envergure, alors que ce n’est qu’un petit Madoff en sursis. « Viggo » donne d’abord l’impression d’un vacancier assez tranquille. Mais il est en fuite en réalité. Il est poursuivi par les sbires d’un caïd qu’il a osé arnaqué, avec ses investissements bidons. Maintenant il est sur les nerfs et il boit trop.

Il s’accroche désespérément à sa femme, qu’il semble aimer très sincèrement. Il ne lui reste que ça et quelques liasses de billets verts. Il lui dissimule la vérité.

Un soir, lors d’une bagarre dans sa salle de bain d’hôtel, il tue un de ses poursuivants, par accident.
Leur guide d’un jour (Oscar Isaac), qui est lui un tout petit escroc, est venu ramener un objet oublié. Il arrive au plus mauvais moment. Il est embarqué dans le recel du cadavre puis il se joint à la fuite du couple. Il s’est mouillé pour les beaux yeux de la blonde, sur laquelle il a flashé tout de suite.

  • C’est étonnant car il se trimballe une brunette canon et franchement notre Kirsten s’est un peu mémérisée.

Tout va de mal en pis. Ils sont poursuivis et par les méchants et par la police. Il y a des avis de recherche et il sont faciles à identifier. « Kirsten » qui commence à comprendre que la situation est pourrie, pète un câble.

L’essentiel du film repose sur l’angoisse de ne pas se faire pincer à laquelle se rajoutent les tiraillements entre ces trois personnages.

On nous donne à grignoter les classiques petits suspenses suscités par le sentiment d’être plus ou moins repérables ou même repérés.

On met en scène de drôles de regards de quidams, d’interminables contrôles policiers, des poursuites banales, un embarquement in extremis en avion, un double jeu qui se décale à Istanbul… Cela tient plus d’un succédané pauvret de James Bond, à la longue.

Peu d’Américains vont se rendre compte que le trio en cavale finit par squatter le palais de Cnossos. Cela m’étonnerait qu’il ne soit pas gardé, même dans ces années là.

Les images sont bonnes, comme l’est la visite guidée qu’on nous propose. Mais il aurait mieux valu concevoir quelque chose de plus audacieux, de mieux équilibré, de plus crédible, avec ce beau décor, ces bons acteurs et ces bons techniciens.

Le réalisateur et scénariste (two faces?) a piqué l’idée dans un livre de Patricia Highsmith. Je m’interroge toujours sur ce titre énigmatique.

Le film est impuissant à faire ressentir correctement les doutes croisés et la psychologie. Le dosage n’est pas assez subtil. La vaine agitation a pris le dessus.

Comme quoi on peut faire une mauvaise recette avec de bons ingrédients.

• La maison d’édition s’est donnée la peine de traduire le titre du bouquin : Les deux faces de Janvier. Mais pour le film, on a gardé le titre en anglais. Sans doute  pour faire plus mystérieux, c’est dire le manque de biscuits.

Dans le roman, il y a la juste tension et la finesse en phase avec les rapports ambigus entre les protagonistes. A noter qu’elle a déjà déployé un trio angoissant, dans une intrigue de sensibilité proche, le fameux M. Ripley qui a surtout donné l’excellente version française Plein Soleil.

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Two_Faces_of_January

Kirsten Dunst
Viggo Mortensen
Oscar Isaac

https://www.lemonde.fr/culture/article/2014/06/17/two-faces-of-january-des-americains-pas-si-tranquilles_4438681_3246.html

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