Film. Théorème. Avis (1968) Pasolini – Terence Stamp – 8.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Vous trouverez ici notre avis :

Le scénario et l’intrigue résumés sont sur : Résumé. Film. Théorème (1968) Terence Stamp, Pasolini – Aperçu – 8.5/10 Teorema

La démonstration mathématique de Pasolini, de la transcendance des sens. Un récit adapté de son propre roman.

Ce film qui a remué les cinéphiles avertis de son époque a fait l’objet d’une énorme glose. On a eu droit à des avis savants et d’autres moins. Les commentaires ont parfois résisté à l’époque et au temps, mais le plus souvent, non.

Des amateurs et des professionnels se sont extasiés devant l’œuvre. Pour certains d’entre eux, toute « modernité », tout langage nouveau, toute nouvelle expérimentation, étaient bonne à prendre, par principe. C’était l’époque.

D’autres ont été plus à fond.

La puissance sexuée du film n’a pas laissé insensible. Les grandes tendances amoureuses étaient représentées. Un large panel de publics avertis pouvait y trouver son compte.début

Mais le grand public a été réticent. Les intégristes se sont révoltés, parfois violemment, contre le film. Ce qui a conforté les amateurs convaincus. Cela faisant partie du « happening ». Gloire à ceux par qui le scandale arrive, semblait dire l’avant-garde de l’époque.

Difficile de repartir de zéro pour donner un simple avis hors contexte.

Un air de déjà vu.

Curieux comme le cinéma actuel semble nous donner des clefs rétrospectives pour revisiter ce monument.

Pour la puissante esthétique du film, je pense en particulier à Terrence Malick qui s’est affranchi lui aussi de nombreuses règles. On y retrouve une partie de l’ambiance, me semble-t-il. S’est-il inspiré de l’art de Pasolini ? S’est-il mis dans les pas du géant. Où a-t-il tout bonnement redécouvert ce style narratif ?

Le film peut paraître assez complexe, voire difficile en première lecture.

Pourtant Pasolini a sérieusement simplifié notre travail.

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Je ne suis pas convaincu qu’on soit en présence d’un « Théorème » univoque. Car plusieurs interprétions sont possibles. On est plutôt dans l’indéterminé, dans l’expérimental.

Heureusement !

Le fait qu’il ait pu recevoir le grand prix de l’Office catholique international du cinéma (OCIC) puis qu’il ait été condamné par l’église, montre bien cette polysémie.

Et s’il insiste pour nous dire d’emblée dans le titre qu’il s’agit d’un théorème et donc qu’on serait dans le domaine de la démonstration, c’est justement parce que rien n’est moins sûr.

Bien entendu, avec du lourd comme cela, chacun peut y aller de ses interprétations.

On ne s’est pas gêné à l’époque, pour invoquer la psychanalyse, le marxisme, les doctrines mystiques et que sais-je.

Mais avec le recul du temps, on voit que ces tentatives d’explications sont vaines. Tout autant que de celles qui visent à comprendre la poésie, en la disséquant.

Et ce livre de Rimbaud qui est lu par le séducteur, est là sans doute pour nous rappeler cette vérité (*).

A mon avis, il n’y a pas ici de propagande, de dénonciation ou démonstration politique premier degré.

Si le message est de dire la bourgeoisie est coincée et que le riche ne parviendra au paradis qu’en se dépouillant de ses biens, cela ne va pas très loin. Et c’est connu depuis plus de 2000 ans.

Ce ne serait rien de plus alors qu’une parabole très convenue. Un présupposé partagé par de nombreux ascétismes.

Considérons le plutôt comme un exercice imposé, une simple figure de style.

Plus soft, le Christmas Carol de Dickens ne dit pas autre chose et il est antérieur à tous les verbiages analytiques.

De toute façon, si on suit l’intrigue, le salut n’est pas de ce monde. Et donc, à tout prendre c’est plus chrétien que marxiste ou freudien. Ce qui est un comble pour un auteur communiste laïque.

D’ailleurs, si on pondère toutes ces choses, c’est avant tout un manifeste pour le sexe magnifié et rédempteur. Ce qui est plus en phase avec la vraie vie de Pasolini, qui mourra en martyr de cette cause. Mais cela ne rentre pas vraiment dans les cases précédentes.

Ce sexe esthétisé et gratuit, qui risque de détourner l’attention et donc de desservir « la cause », est en conflit avec le réalisme utilitaire revendiqué par la politique. Il y a un conflit sous-jacent et difficile à évacuer entre les envolées de l’art et le terre à terre de la politique. D’un côté un art qui tente de s’abstraire des contingences et de l’autre une politique qui vise l’enracinement le plus concret possible.

Bien que je ne sois pas un fervent adepte de l’interprétation raccourcie, on peut se demander si la servante qui passe bizarrement du ciel éthéré aux profondeurs de la terre matière, n’est pas une métaphore inconsciente de cette ambiguïté.

Tiens au fait, revenons sur terre, revenons au ciel. Terrence Malick travaillerait en 2019 sur la vie de Jésus. Vous voyez bien que Malick et Pasolini ne sont pas si éloignés.

  • Terence Stamp (*) bouleversant dans les Histoires extraordinaires 1968 (séquence Fellini). Comme Delon, il vient de nulle part. Il n’a à ses débuts qu’à offrir sa beauté et son trouble de non professionnel.
  • Il se retrouve par hasard propulsé au cinéma. Fellini et Pasolini profiteront de cette belle hébétude et de sa virginité cinématographique.
  • Les Déserts de l’amour (1871) Rimbaud. Œuvre partiellement citée par Terence Stamp dans Théorème. Voir le lien ci-dessous.

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J’ose ci-dessus un parallèle avec Pot-Bouille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_(film)

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