Test Phase One P65+, Mamiya ZD, Sony A900, OM-D-E-M5III. 8/10

Temps de lecture : 5 minutes

Ce n’est pas un test au sens classique, mais un essai multiple à visée éliminatoire. je m’explique. On regarde ce qui cloche pour une utilisation courante, ce qui est rédhibitoire. Mais on met en balance, quand le produit est sauvable, les avantages en terme de qualité d’image, mais jugés sur des bases solides.

Les tests habituels, souvent faits par des amateurs, se contentent de faire des photos comparatives pour en tirer des conclusions définitives.

Cela ne tient pas. Les objectifs et boîtiers utilisés peuvent montrer des différences selon les lots. La mise en œuvre comporte plein d’aléas (focus, bougé etc).

Et plus grave encore, les propriétaires qui pensent le plus souvent avoir fait la meilleure affaire, vont inconsciemment, ou non, tendre à privilégier leur glorieux matériel et vont chercher à nous convaincre de leur choix.

  • Il faudrait parler ici de la suggestibilité de l’être humain. Dans la course absolutiste aux pixels, on a le même mécanisme psychologique que dans la recherche d’un supposé son parfait. C’est du flanc, dès que les définitions dépassent ce que l’œil ou l’oreille peuvent encaisser. Mais les mordus passionnés iront toujours au-delà, se réfugieront dans un cocon irrationnel et se convaincront entre eux, qu’ils ont raison… jusqu’à la prochaine fois. La course étant infinie, ils sont toujours perdants.
  • Ce qui laisse de la place à cette ésotérisme de pacotille, encouragé par les vendeurs, et qui atteint bon nombre d’éternels frustrés. Je ne veux pas être vexant, mais dans les époques non politiquement correctes, donc plus franches, on appelait cela des gogos.
  • Ainsi, des personnes vont défendre mordicus les disques vinyle contre les produits plus performants, le cordon digital « magique », car plaqué or et vendu à des sommes considérables… Dans chacun de ces cas, ils vont se persuader que le son est bien plus « audiophile ». Comme ils ont été convaincus eux-mêmes par le gourou qui leur a vendu tout cela, avec sa pincée d’ésotérisme.
  • Pour l’image le raisonnement est le même. Dans l’ancien temps, les chroniqueurs s’extasiaient sur la capacité à faire de grands ou d’immenses agrandissements. Comme si c’était le lot quotidien des photographes et que la course aux pixels se justifiait ainsi. On n’en parle plus trop actuellement, de cette vanité là. Mais d’autres rêves prennent forcément le relais.
  • Et si l’on était raisonnable et qu’on jugeait tout bêtement selon nos besoins ?

Comment se sortir de la subjectivité crasse ? En photo c’est simple, il faut exploiter des bases de données sérieuses, comme celle de DXOMARK.

PhaseOne P65+

DXOMARK 89

« Objectivement », dans l’absolu, on arrive à faire de bons clichés, avec cet ensemble boîtier et dos digital de 60 Mpix de 2008. La densité des couleurs est réjouissante.

Mais pratiquement, quelle galère !

Notre pachyderme pèse 2180 grammes avec les batteries et un objectif de 80 mm (équivalent 50 mm en 24×36) – C’est affreusement lourd et cela se complique énormément avec les zooms disponibles.
Il faut deux copieux ensembles de batteries et cela consomme beaucoup.
Le buffer a ses limites, il faut parfois attendre.

Pas de stabilisation.

Iso maximum exploitable de 400.

La latitude de pose n’est pas des meilleures.

Pas de live-view. Ecran minimaliste.
La plupart des objectifs AF ont des ouvertures faibles.

Leur mise au point minimale est assez distante.
Le traitement logiciel des clichés laisse à désirer. Il y a un système propriétaire désormais payant et qui n’a pas d’alternative 32bits.

Le câble firewire est vraiment de l’ancien monde. Peu d’ordinateurs l’acceptent encore.

A moins de faire du studio ou des natures mortes, on renonce vite à déplacer la bête et à prendre des images main levée. Un truc comme cela peut servir à impressionner les « clients », mais c’est à peu près tout. Donc on le remise rapidement dans l’armoire. Rassurez-vous, en fidèle du système 645 j’ai acquis ce monstre. Et je m’en suis défait dare-dare. Je ne parle pas en l’air.

L’appareil complet coûtait 40.000 euros.

Mamiya ZD (l’appareil monobloc, pas le dos séparé)

DXOMARK 64

Ce n’est vraiment pas une excellente performance pour un capteur. La note « sport » est ras des pâquerettes. C’est en rapport avec les Iso maximum exploitables catastrophiques (50 ou 100?)

A l’époque ces photos denses de 22 Mpix plaisaient (2005). On avait l’illusion d’avoir atteint l’Everest de la photo numérique. L’offre concurrente était discrète et le prestige du dit grand format restait intact. A présent c’est une autre paire de manche.

Là encore le matos n’est pas sortable !

Notre dinosaure pèse 1750 grammes avec la batterie et un objectif de 80 mm (équivalent 50 mm en 24×36) – C’est très lourd et cela se complique avec les zooms disponibles.


Cela consomme beaucoup.
Il coûtait pas mal d’euros. 12.000 euros de l’époque ?

Le buffer a encore plus de limites que pour le P65+, il faut attendre.

Pas de stabilisation.

Iso maximum exploitable de 400.
La plupart des objectifs AF ont des ouvertures faibles.

Leur mise au point minimale est assez distante.
Le traitement logiciel des clichés laisse à désirer. C’est un vieux programme discontinué. Câble firewire compris.

A moins de faire du studio ou des natures mortes, on renonce vite à déplacer la bête et à prendre des images main levée. Je sais je me répète. Un truc comme cela peut servir à impressionner mais c’est à peu près tout. Donc on le remise rapidement dans l’armoire. Il y est toujours.

Rassurez-vous, en fidèle du système 645, j’ai vraiment acheté ce vénérable appareil. Je ne dis pas toujours n’importe quoi.

Sony A900

DXOMARK 79
Une note qui se défend. Et surtout de très belles et riches images, avec ce 24 Mpix de format 24×36.

A peine 3000 euros neuf pour cet appareil de 2008. Une affaire comparée aux deux précédents.

Meilleure tenue en Iso aussi. Il donne encore très bien à 400 Iso. Il peut aller à 6400.

Stabilisation !

Rapide et réactif.
Très bon AF.

Belle gamme d’objectifs.

Mais quand même 1280 grammes avec un 50 mm.

NB : le Sony A7 de 2013 a un DXOMARK de 90. Ce qui le placerait au top de notre sélection. Pourtant je n’ai jamais bien aimé son rendu d’image. Il y a quelque chose de peu dense et mal coloré, à mon humble avis. Comme quoi, les goûts de chacun entrent en compte et rend tous ces jugements discutables.

OM-D-E-M5III

DXOMARK 71

Cet appareil de 20 Mpix ne dénote pas dans la série examinée ici.

Son capteur se défend malgré sa toute petite taille. Il y a même un mode haute résolution à 80 Mpx !

Du coup tout est plus réduit avec ce système M4/3.

Le poids, avec un 25 mm (équivalent 50 mm en 24×36), est de 550 grammes. Cela devient très acceptable en déplacement.

Les Iso peuvent monter très haut.

La double stabilisation boîtier et objectif est redoutable.

Tout concoure à rendre le système mobile et à l’utiliser main levée.

Le prix est près de 100 fois moins que celui du P65+ complet.

On peut utiliser le stacking, pour augmenter la profondeur de champ.

Des adaptateurs très peu coûteux, pour des objectifs à capteur plus grand (sony A900, M645…) permettent le décentrement et la bascule (le 50 mm shift du 645 existe mais il est cher, lourd et peu pratique)

Les optiques sont légères et compactes. Elles utilisent de nouvelles lentilles, inconnues à l’époque des 645. La qualité est clairement là.

Vu de très près, les images sont moins riches qu’avec le grand format. Mais de plus loin, c’est tout le contraire, on a la sensation de très bonne qualité. Et donc pour un usage courant, ces appareils l’emportent haut la main.

Pour un travail soigné, on peut se rabattre sur le Sony A900, même si c’est moins pratique.

Pour le reste, c’est à vous de voir.

PS : l’histoire de cette désescalade ne se termine pas là. En terme de mobilité heureuse, on ne peut plus passer à côté des smartphones. Par exemple, les Xiaomi sont peu chers et ont des performances DXOMARK tout à fait étonnantes. En pratique, ils réalisent des images parfaitement satisfaisantes, même en intérieur et bien entendu sans trépied ou flashs externes. Ils sont désormais incontournables en photo. On va vers de grands capteurs avec des définitions de plus de 100 Mpix ! Sans compter qu’ils ont de multiples autres fonctions. Ce nouveau venu va mettre en péril une bonne partie de l’industrie des appareils photos à objectifs interchangeables. Ne pleurez pas, cela s’appelle le progrès.

https://www.dxomark.com/Cameras/Phase-One/P65-Plus

https://www.dxomark.com/Cameras/Mamiya/ZD-Back

https://www.dxomark.com/Cameras/Sony/Alpha-900

https://www.dxomark.com/Cameras/Olympus/OM-D-E-M5

https://www.dxomark.com/Cameras/Sony/A7

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire