Dites-lui que je l’aime. Depardieu, Miou-Miou, Piéplu, Clavier. Claude Miller, Highsmith. 6.5/10

Temps de lecture : 3 minutes

Ce film montre une fois de plus l’énorme difficulté que rencontrent les professionnels de l’image pour rendre compte des psychoses paranoïaques à l’écran. Ce mauvais rendu est principalement du au fait qu’ils copient l’un l’autre de fausses conventions. C’est alors une “folie” conforme à une convention filmée tacite et bien éloignée de la “réalité”.

Ces pathologies de l’idée unique et fausse, ménagent une grande partie de la présentation du malade. Elle peuvent même entraîner les gens sains, dans ce raisonnement délirant.

***

Ici le robuste Gérard Depardieu est persuadé que son amie de toujours, Lise incarnée par Dominique Laffin, lui est destinée. Il ne s’embarrasse pas du tout du fait qu’elle ait refait sa vie avec un autre homme et qu’elle ait un enfant de lui. Le nouveau conjoint Jacques Denis est terne. Mais au moins il est stable et équilibré. Et puis la fade Lise n’est pas du tout exigeante. Le petit homme va se faire démonter par notre montagne de muscle et de gras. Il finira mal après quelques vaines protestations.

Au début on peut croire à cette obstination de Gérard, voire lui trouver du panache. Mais rapidement ce dernier dépasse ostensiblement les bornes. Le récit graduel en rajoute tant et plus. Et vers la fin, le délire amoureux est vraiment criant.

Miou-Miou joue une soupirante discrète, prête à prendre le paquet Depardieu tel qu’il est. Dans son genre, cette timide jeune fille est aussi une extrémiste de l’amour. Elle en pâtira.

Claude Piéplu, toujours aussi intéressant, même dans ces petits rôles, nous fait un propriétaire charmant. Mais après quelques évènements notables, ce vieil homme sera très déçu de son locataire Depardieu. Il lui fait remarquer dans une scène d’anthologie. Ah ce brillant colporteur Shadok !

Par ailleurs, le tenancier déteste profondément le dragueur opportuniste Christian Clavier, qui est un camarade de travail du gravos.

Le réalisateur Claude Miller nous fait un film correct, sans plus. Dommage pour un gars si intelligent. On le connaît surtout pour La Meilleure Façon de marcher, Garde à vue, Mortelle randonnée, L’Effrontée, La Petite Voleuse…

Dites-lui que je l’aime de 1977 n’est pas loin du Laisse-moi t’aimer du suicidé Mike Brant de 1970. Les pathologies se rapprochent ?

Mais en fait le scénario est basé sur un livre de la prolixe et parfois surestimée Patricia Highsmith. Elle apprécie le bizarre et l’étouffant. Elle nous a quand même donné deux autres bases de film avec L’Inconnu du Nord-Express et Monsieur Ripley (1955)

Ce film insuffisant sera naturellement un bide. Mais bien entendu, grâce à son amplitude, l’excellent Depardieu tire son épingle du jeu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Miller

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dites-lui_que_je_l%27aime

https://fr.wikipedia.org/wiki/Filmographie_de_G%C3%A9rard_Depardieu

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire