Film l’éveil. Robin Williams, De Niro. Sachs. Neuro-psychiatrie racoleuse. 4/10

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Psychologisme populiste, empathie en lieu et place du professionnalisme. Et cet acteur Robin Williams qui est toujours aussi mièvre et que je déteste tout particulièrement.

On voit dès le début, dans cet énième version du triomphe de la volonté et du seul contre tous, qu’il aura forcément raison à la fin.

J’ignore sur quelles parties de la réalité se base ce film, mais le résultat est confondant de bêtises et de guimauve mélo.

Pour figurer le neurologue/psychiatre, ce Robin Williams est d’inspiration particulièrement médiocre. Comme d’habitude, il nous la joue christique et habité du Saint-Esprit.

Bien qu’en quelque sorte, il soit concerné au premier chef. Comme le montrera son suicide par pendaison, un des plus révélateurs de profonde dépression endogène, mais pas que. Il faut tenir compte d’autres problèmes psychiques accentués par les drogues et l’alcool.

Le médecin neurologue Oliver Sacks qui est à l’origine du livre Awakenings est en fait une écrivain spécialisé dans la vulgarisation. Et c’est bien cette veine du populisme vulgaire qui est surexploité dans le long-métrage. Lui, il a sombré dans l’addiction aux amphétamines, dit-on parce qu’il avait du mal avec son homosexualité. Décidément ce sont des professions menacées. Il n’y a qu’à penser à Freud avec sa cocaïne.

Encore un canevas putassier visant à flatter la détermination aveugle, ou même celle inspirée par la science. Cette apologie d’une pseudo-science parallèle qui triomphe de la science « dure », plaît toujours au public. Alors que la vraie histoire du traitement L-dopa est rigoureuse.

Flatté dans le sens du poil, le grand public va verser une larmichette, avec ce récit d’héroïsme scientifique où tout est fait pour.

Serions-nous interdit de critiquer, puisqu’il s’agit de grands malades et d’efforts méritants visant la guérison ? Manquerait-on de respect et commisération ? Je pense qu’on a intérêt à privilégier la vraie recherche avec les vrais protagonistes.

Sans compter qu’on ferait un crime de lèse-majesté envers ce pseudo-biopic qui partirait d’une expérience vécue et validée.

C’est bien évidemment le piège dans lequel on nous enferme avec ce « inspiré d’une histoire vraie », dont on peut faire ce qu’on veut et à peu près n’importe quoi. Et il y a fort à parier que la réalité est bien moins vendeuse que ces artifices visant à faire monter le thermomètre au box-office.

Les premiers regards sur les malades de l’hôpital sont pourtant assez réalistes. Dommage !

Les concepteurs mettent même en scène des médecins contradicteurs, comme pour se moquer par avance de toute critique du héros. C’est une technique éprouvée aussi employée par les charlatans. Et bien sûr le grand public se laisse facilement attraper par toute cette démagogie.


Il en arrive à donner de la L-dopa, plus par empirisme que par la science. Pourtant l’encéphalite léthargique dont s’est occupé Sacks serait plutôt d’origine virale ou auto-immune. Et donc la DOPA n’agit que sur la partie Parkinson des symptômes, avec les limites qu’on lui connaît. Mais c’est déjà très bien. Cependant, ce n’est donc pas la panacée – le traitement de fond – qu’on veut nous vendre ici, surtout que les effets bénéfiques s’épuisent inéluctablement avec le temps.

Et puis rendons à César. C’est le pharmacologue viennois Oleh Hornykiewicz qui a découvert l’intérêt du traitement du syndrome parkinsonien par cette molécule vers 1960. Rien à voir avec Sacks ou consorts. On peut imaginer que pour les besoins de son livre, il s’appuie sur l’incrédulité que ce traitement, conçu par d’autres, a suscité dans les premiers temps. Ce qui est vrai.

Bizarre, dans ce Gloubi-boulga, on n’y comprend plus rien. Où est le socle réel sur lequel se base cette pénible fiction ?

Sacks est plus connu pour sa marotte, la musicothérapie. Musique qu’on manipule à sa guise, puisqu’on lui prête même des effets sur la croissance « heureuse » des plantes. On est proche avec cela de la sinistre arnaque de la biodynamie.

Et bien sûr cette percée est capitale. Mais de à faire cette vulgarisation bébête, c’est totalement contre-productif.

Et Robert De Niro ? Tant qu’à le voir en client de la psychiatrie, je le préfère nettement dans la parodie Mafia Blues (1999)

La réalisatrice Penny Marshall semble prise à son jeu antipsychiatrique. Et elle est loin de faire des miracles.

Je déteste tout particulièrement ces biopics de pseudo-héroïsme scientifique. Et mon dieu, que ce Robin Williams est crispant. Désolé mais il est totalement impossible d’endurer ce navet jusqu’au bout.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89veil_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/DOPA

https://www.parkinson.ch/fr/maladie-de-parkinson/histoire-de-la-maladie

https://en.wikipedia.org/wiki/Oleh_Hornykiewicz

https://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_Williams

https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_De_Niro

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