Explication au Van Gogh Museum. Portes perception, Couleur tombée du ciel. 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Cet aparté s’inscrit dans le récit de visite des « Plus grands musées du monde », spécialement lors du passage au Van Gogh Museum à Amsterdam. Voir ce lien : Plus grands musées du monde. Amsterdam. Van Gogh. Rijks. Stedelijk

– Le transfixiant Van Gogh Museum est totalement dédié à … van Gogh, hormis un tableau de Rembrandt tout au début de l’expo. En tout cas il était là au moment où j’y suis allé.

  • Je suppose qu’on ne vous l’avait jamais fait ce « transfixiant » adossé à van Gogh. Même mon correcteur orthographique renâcle devant ce mot, pourtant courant en médecine. Mais vous allez voir que le musée m’a fait sombrer dans la plus profonde émotion. Les mots usuels sont donc mal adaptés. Passez ces étapes si le lyrisme psychédélique vous effraye.

A moins d’être un de ces vacancier qui cherche à cocher toutes les cases de son bréviaire du parfait touriste, cette visite se doit d’être une longue exploration initiatique.

Le parcours qu’on pourrait dire fléché est jalonné de tableaux inspirés et percutants. Ces « évènements », coincés à jamais dans le temps, nous transportent mais nous dépassent. A moins que vous ne soyez un véritable artiste vous-même.

Ces Portes de la perception nous « obligent » par leur térébrante présence. Mais prenez garde, car elles sont les prémices d’un long chemin de croix. Une fois commencé, vous ne pourrez plus reculer. Tout au plus vous serez aidé par l’un ou l’autre de ces Joseph d’Arimathie. Au bout du compte vous risquez de devenir à votre tour, un saint ou par défaut un démon.

Une fois perdu, il vous faut retrouver le chemin. A vous de vous saisir des rares indices réels et de vous y accrocher.

  • C’est terrible à avouer, mais je vais vous le dire comme c’est. Oui j’ai pleuré de chaudes larmes en voyant « les meules », au dernier étage, en fin de mon parcours et de son parcours. Je m’exprime plus longuement là dessus sur une page web à part.
  • Ce jaune cardinal, qui signe l’ultime réalité possible. Ce dernier rocher pour ne pas se noyer. Ce « doré » voisine ces effrayants interstices où se faufile la terrible « Couleur tombée du ciel ». Celle qui est bien là, menaçante, mais que personne de ce monde ne peut vraiment décrire ou expliquer.

Sans doute que ce van Gogh de 1890 est-il allé cherché du mauvais côté, puisque… « Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Eternité. C’est la mer allée Avec le soleil » (Rimbaud – 1872)

Lui cherche encore et toujours : « Mais qu’est-ce qu’il y avait derrière la palissade ». C’est la complainte de Charles Vanel mourant et qui s’adresse ainsi à Yves Montand, dans Le Salaire de la peur.

Et les tableaux de Vincent van Gogh n’ont que cela en tête. Durant leur confection, l’artiste vise à saisir ce qu’il y a là bas, derrière la simple réalité. Dans ses autoportraits, les traits montrent de plus en plus le dégagement dé-constructeur, la transparence discontinue. Le désagrégé entropique l’emportant de plus en plus sur le construit, le vivant. Encore plus fort que pour un Dorian Gray. Confer l’autoportrait au chapeau de feutre de 1887. Et si cela ne suffit pas, notre juste commence à soustraire des morceaux, comme pour cette oreille.

Comme tous les « fous », il voudrait « comprendre », pour pouvoir déjouer ce qui l’accable. Mais cette tâche visant à raisonner le non-raisonnable est forcément vouée à l’échec. Et d’ailleurs elle ne fait qu’enfoncer davantage. Reste le chemin parcouru par nul autre et dont van Gogh nous fait cadeau ainsi qu’à son frère « Theo », qui lui peut le deviner (magnifique correspondance).

« La palissade. Qu’est-ce qu’il y avait derrière ? – Rien ». Alors que Vincent sent des vibrations synesthésiques qui auréolent toutes choses et qui tendent à signifier qu’il y a quelque chose au contraire. Oui dans ce miroir, je vois quelque chose.

Ces réalisations ultimes ne sont donc qu’une tentative désespérée de s’accrocher à une bienveillante réalité, celle des Meules de foin néguentropiques de l’insouciant Millet. L’ordo ab chao dont seul l’homme conscient, voir supra-conscient, est capable.

Van Gogh réalise donc une sorte d’exercice mimétique rassurant, auquel il s’oblige pour se relever, alors qu’il est lucide, sans l’être vraiment, de l’issue de son périple douloureux sur terre.

Lui regardait ce qui lui semblait être derrière la peinture et ce faisant il nous a laissé un passage lovecraftien inversé. Les nabis peuvent voir en retour ce Van Gogh multidimensionnel au travers de sa peinture. A eux, à nous, de réunir ces morceaux épars, chacun infiniment révélateur, comme autant d’éléments d’un hologramme.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Van-Gogh

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_van_Gogh

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