Marie-Francine (2016) 5.5/10 Valérie Lemercier x4

Temps de lecture : 4 minutes

Une comédie romantique franco-belge à l’ancienne, et donc pleine de clichés, avec très peu de trouvailles.

On doit cette triste chose à Valérie Lemercier (1) et Valérie Lemercier (2) et Valérie Lemercier (3) et Valérie Lemercier (4). Soit une réalisatrice, une co-autrice et deux rôles à la fois.

Celle qui s’est spécialisée dans les incarnations de semi-bourges pincées de service, joue le rôle de deux sœurs jumelles à la fois. Autant le dire tout de suite, la deuxième sœur est parfaitement facultative, tant son rôle est modeste.

C’est juste l’occasion de faire ce classique numéro de Frégoli, visant à nous montrer l’étendue du spectre d’une interprétation biface. Ficelle usée jusqu’à la corde (vu 1000.000 de fois).

En plus cela coûte moins cher que de payer une artiste supplémentaire. Décidément on voit petit.

De plus l’éventail interprétatif reste limité. La première sœur est une biologiste chercheuse, introvertie et terne. La seconde est extravertie et colorée. Elle n’hésite pas à donner de ce « merde » hautain, que l’on voudrait typique de cette classe. Mais elles sont toutes deux conformes à ce qu’on attend d’enfants dorés issus de Parisiens aisés.

Ces parents sont des vieux friqués égoïstes, mais qui se croient généreux. Ils habitent très confortablement dans un grand et bel appartement, face à la Tour Eiffel.

Et quand leur fille scientifique se fait larguer, perd son boulot et ne sait pas où crécher, ils ont la mauvaise surprise de voir cette nana de 50 ans débouler chez eux.

Et bien entendu on nous fait le coup de toutes les incompréhensions possibles. Le père rigide et accessoirement cocu, veut que sa fille rentre à l’heure et soit prête pour les repas. La mère qui couche avec le charcutier voudrait distraire sa fille avec une marionnette. Aucun des deux n’a compris qu’elle était dans le haut de gamme scientifique et la prennent pour une petite laborantine. Comme elle est sans emploi, il la place dans un magasin de cigarettes électronique, car là aussi on remplit de tubes…

On assiste au défilé de prétendants organisé par les vioques. Avec chaque fois des caricatures pour faire « rire ». Tout le film est du même tonneau. On le croirait issu d’un manuel à confectionner des comédies, du XIXème siècle.

Bref de l’humour ultra conventionnel à faire pâlir de jalousie un vaudeville.

C’est un genre qui ne redoute pas la facilité, bien au contraire. Et donc la moche sera sauvée par l’amour, grâce à un cuisinier déclassé, qui est dans une situation totalement symétrique. C’est ce brave Patrick Timsit qui est de service. Et il ne joue pas si mal ce maître queux (*) au grand coeur.

Les quiproquos sont légions et basés principalement sur les équivoques du paraître. Les deux cherchent à enjoliver leur réalité. Mais ce n’est pas si grave au fond puisque les deux sont dans le même registre. Il y aura un pardon réciproque.

Une mauvaise interprétation fera croire à la Valérie à la dérive, que son cuistot fricote avec une autre. Vous voyez le genre !

Les oppositions de classe volontairement criantes s’estomperont à la fin. Les riches allant chez ces beaux-parents autant portugais que concierges et inversement. Et bien entendu tout le monde s’aime à la fin, ce qui est le propre de ce genre de guimauve.

Seul l’ex de Valérie, se retrouve seul et perdu, ce qui est la signature d’une romance de filles. Le méchant lâcheur doit être puni. Les délaissées de plus de 50 ans tiennent leur revanche.

Lemercier fait défiler de vieux acteurs à la retraite, qui semblent tout content d’être en scène à nouveau : Hélène Vincent, Philippe Laudenbach, Pierre Vernier, Patrick Préjean…

Denis Podalydès joue tout aussi flasque que d’habitude. Ce qui en effet est un reflet navrant des râleurs repus que sont devenus pas mal de Français.

On le fait bien fuyant pour qu’il soit la cible idéale de cette dénonciation larvée des mecs qui se barrent. Comprenez, ceux qui osent encore s’enfuir en courant, lorsqu’ils ont compris qu’ils sont face à des emmerdeuses. Cette mesure de survie étant prise à tort par ces para-féministes souvent si peu attirantes et revendicatrices, pour une blâmable lâcheté. Prenez garde, un jour elles revendiqueront l’obligation pour leurs esclaves de rester, la seule façon de les retenir. Les contraintes économiques d’un divorce sont aussi là pour cela.

L’idéal de ces dames étant un Patrick Timsit un poil émasculé, façon toutou après passage au bistouri du véto, et qui bien sûr serait tout à leur dévotion… la vie durant.

D’ailleurs ce n’est sans doute pas un hasard si les deux premières critiques institutionnelles que j’ai lu étaient faites par des femmes et étaient plutôt favorables.

Il n’y a rien de foncièrement mauvais là dedans. Mais une telle accumulation de déjà vu. Et ce scénario si franchouillardo-fémino-nombriliste a de quoi déprimer les cinéphiles lucides les plus valeureux.

Mais surtout que l’on nous fasse pas le coup « d’une certaine réalité socioculturelle »  pour ce qui n’est que prétexte à du théâtre filmé assez lourdingue ! Cet argument c’est pour le buzz. Point à la ligne.

Que nos critiques trop indulgent(e)s, complices ou égaré(e)s, se posent enfin des questions sur le fait qu’une telle redite n’arrive même pas à rentrer dans ses frais, et qu’il n’a aucune chance à l’international.

Une bonne partie du cinéma français se prend régulièrement le mur. Stupidement les responsables essayent de le traverser, avec les même œillères, sans modifier un poil leur stratégie. Ils continuent à vouloir passer en y cognant obstinément leur tête.

Le retard sur l’innovation mondiale atteint un niveau sidéral ! Et on semble à des années lumière d’une simple prise de conscience.

(*) maître queux : un mot qui vient de coquere, cuire et n’a rien à voir avec une protubérance virile –

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Francine

Valérie Lemercier
Patrick Timsit
Denis Podalydès

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