A.I. Intelligence artificielle (2001) 5/10

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Il y a donc de mauvais films de Spielberg.

Son approche intuitive, émotive et très grand public, colle mal avec des sujets de cette importance.

Voir ici :

Notre grand réalisateur a tout simplement usurpé la dénomination Intelligence Artificielle pour ce qui n’est au total que de l’Émotion Artificielle. Soit qu’il n’ait vraiment rien compris au concept, soit qu’il ait juste voulu nous piéger, en nous refilant sa recette lacrymale habituelle, maquillée grossièrement avec un titre à la mode.

Il nous avait déjà fait le coup avec un E.T. bourré de bons sentiments et en quelque sorte capable d’humanité. Des mamans ont du pleurer devant ce bébé difforme, mais si gentil.

Voilà qu’il récidive avec un enfant robot sophistiqué animé par un logiciel lui permettait l’attachement à sa mère et qui tente de nous embobiner nous aussi avec ses petits yeux tristes, « maison, maison… ». Et là c’est encore plus facile de s’attendrir car désormais le bébé est beau.

La belle affaire ! Un algorithme comme cela est à la portée de tout le monde et l’intention maternelle n’est « humaine » que parce qu’on a pris la mauvaise habitude de la qualifier ainsi. En réalité, c’est un « mécanisme » empathique pré-câblé, qui permet de protéger l’enfant et qui est partagé par l’ensemble des mammifères. Pas l’ombre d’une parcelle d’intelligence là derrière. Désolé mesdames.

L’intelligence artificielle, ce n’est pas juste la capacité à une machine de se faire passer pour un humain (Une sorte de principe de Turing mal compris). Car un simple choix judicieux de réponses prédéterminées, avec une arborescence en cascade, y arrive. Et pourtant cela reste totalement non signifiant et donc parfaitement inhumain. On peut facilement comprendre cela.

Dans le même esprit, il y même des logiciels qui fabriquent des discours creux au kilomètre. C’est juste un jeu matriciel très basique. Mais cela peut faire illusion.

La moindre algorithmie associée à de puissantes bases de données, de type jeu d’échec électronique, peut nous troubler également. Et là on monte d’un cran, car il y a un réel substitut d’intelligence. Mais en général sans la moindre once d’initiative et surtout avec une totale absence d’humanité. C’est d’ailleurs pourquoi ces adversaires logiciels sont lassants.

Dans ce film, qui n’a donc rien à voir avec l’intelligence, on veut juste chatouiller nos cordes sensibles, comme le faisait HAL jadis dans 2001 Odyssée de l’espace. Mais lui avait une autonomie de pensée, une capacité de révolte.

Il ne suffit pas de résumer l’I.A. à une sorte de sensiblerie rajoutée à un robot. Le robot peut simuler d’avoir mal physiquement et moralement, et donc susciter chez l’homme une vraie envie de le protéger, cela n’en fait pas une entité douée de sagacité ! C’est vraiment n’importe quoi !

D’ailleurs le robot en peluche Teddy réussit mieux son coup dans ce domaine affectif (mais bien moins que l’ours Ted, le copain de Mark Wahlberg). Et pourtant ce n’est pas lui à qui on est censé avoir ajouté l’A.I nécessaire. Pas très rigoureux ce film.

Ce n’est pas mieux dans la surenchère de robots gentils qui approchent le gamin mécanique, et qui veulent aussi nous tirer des larmes. Comme par exemple lors de leur destruction spectacle. Ah que les hommes ont méchants ! Ou comme pour Jude Law en androïde constipé, qui rend des services sexuels, mais qui semble avoir un cœur (quasi par définition, puisque c’est le beau Jude qui est là)

On voit bien l’intention du réalisateur, qui consiste à nous faire marcher par l’émotion et non pas d’apporter un éclairage réfléchi sur une problématique complexe.

Ce film médiocre n’a pas grand-chose à nous dire. Il finit par sombrer dans un Pinocchio de pacotille avec une fée bleue de Disneyland. Le gamin n’est plus qu’une poupée électronique qui attend un coup de baguette magique pour être animée. On est descendu bien bas.

En manipulant l’onirisme et le conte de fée, Spielberg entame une tentative de rétablissement « providentiel » d’un scénario fort compromis, Comme si de croire au père Noël était la preuve que l’intelligence artificielle était devenue bien réelle. On nous prend pour des clowns.

Le remplissage incroyablement insistant par les trémolos des violons de l’orchestre, montre bien que le réalisateur est totalement largué. Il n’a plus de recours qu’en la mièvrerie et cherche à nous embobiner en nous forçant à nous conformer aux injonctions comminatoires de la musique. Mais quand on ne marche pas, cette musique exagérément démonstrative, dans des scènes peu convaincantes, donne juste envie de fuir.

Spielberg n’a décidément pas le génie de Kubrick et d’ailleurs il n’adaptera qu’une partie du projet initial du maître. Le malheureux a du se retourner dans sa tombe.

PS : il faudrait quand même que le réalisateur nous éclaire sur le fait que tous ces robots, dont David, n’ont jamais besoin de se recharger en énergie. Il a juste fait l’impasse sur cette évidence.

https://fr.wikipedia.org/wiki/A.I._Intelligence_artificielle

Jude Law
Haley Joel Osment

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