Adderall diaries (2016) (Beyond lies) 7/10 ? James Franco, Amber Heard

Temps de lecture : 4 minutes

C’est du Sundance.

Wikipédia : Adderall est le nom commercial pharmaceutique d’un psychostimulant ou amine sympathicomimétique constitué d’une combinaison de quatre sels d’amphétamine.

Les « tentations » de la Psychologie.

Un film toxique ? Un film thérapeutique ? Une purge ?

Un film «psychologique » en tout cas.

Le cinéma serait là pour nous raconter toujours une histoire ?

Il est difficile d’échapper au « story telling », c’est à dire à la recherche d’un sens et donc à la grande explication.

La tentation de la construction, de la déconstruction, de la déduction et somme toute de la ratiocination (*) est pratiquement toujours présente dans les films d’inspiration psychologique.

Le premier ressort est simple et limpide : on se protégerait en faisant tout pour cacher les vraies raisons de nos failles, de nos perversions, de nos addictions…

Mais bingo, il existerait quelques clefs qui permettraient, en remontant les causes, de démonter l’édifice déficient et de nous réparer salutairement.

Le héros (James Franco) est un écrivain à succès. Tout semble aller bien pour lui. Mais rapidement on découvre qu’il y a des failles. La drogue, le conflit avec son père, sa sexualité particulière, la violence, la panne d’inspiration…

Le cinéma nous fournit une pléthore de canevas explicatifs.

Ils sont le plus souvent basés sur un schéma psychologisant, classique et vendeur :

-Quand ça ne va pas, on est ce qu’on est en raison de profondes blessures de l’enfance.

Et si la famille est pathologique, le scénariste nous fournit alors le kit classique de la psychanalyse ou de ses dérivés de comptoirs. Il y a un peu de cela dans le film.

Mais l’auteur rajoute une couche.

– Quand on est mal dans sa peau, cela peut être parce qu’on se raconte des histoires au sujet de prétendues blessures de son enfance. On se fait un « film ».

Les films basés sur le « qui ment », « qui dit la vérité », il y en a des tonnes également. Un thème qu’on peut compliquer à l’envie, avec moult rebondissements. Une facilité de scénariste, souvent usée jusqu’à la corde.

L’auteur met alors la surcouche.

– Le mal viendrait de ce qu’on a besoin de raconter aux autres les prétendues blessures de son enfance. On dépasse le cadre du mensonge à soi-même. On fait du « cinéma », au sens figuré.

C’est là plutôt l’exhibitionnisme narcissique qui est en cause.

Et puis il y a S ainte Anne, celle de Léonard de Vinci, Amber Heard.

Elle et James Franco forment un couple potentiel et magique.

Ils se rapprochent l’un de l’autre par une aimantation puissante. L’attirance est vraiment violente.

La réserve d’usage de la belle est vite engloutie quand elle voit la puissante moto du héros.

Lui derrière, elle enfourche voluptueusement« l’engin » phallique jusqu’à la délivrance. Pas la peine d’être docteur en psychologie ou obsédé pour sentir cela.

Mais les choses ne sont pas si simples. Il ne faut pas attendre la rédemption de ce côté.

C’est elle qui finit rapidement par décrocher.

Quand il tente de l’emmener dans un scénario sado-masochiste.

C’est trop bizarre pour elle. Elle lui dit clairement qu’elle ne veut pas être entraînée vers le bas avec lui.

Le masochisme de Franco, on le retrouve dans la scène des pinces à linge (teasing)

Un sujet difficile mais plutôt bien construit par la réalisatrice.

Ed Harris, encore lui, avec son sourire narquois ! On le chasse par la porte et il revient par la fenêtre. L’acteur à chaque coin de films mais aussi le père incarné ici.

Jim Parrack, le copain de toujours est à la hauteur de son rôle. C’est lui, le témoin, qui en premier déstabilise les certitudes accumulées.

Cynthia Nixon en impresario fait son job sans plus.

La drogue est omniprésente. Confer le titre du film. Un « must » des films new-yorkais. Il semble vraiment y avoir un problème dans cette Babylone apocalyptique et/ou dans le show-biz. Artistes, acteurs, scénaristes et réalisateurs compris ? Et quand ce n’est la drogue, c’est l’alcool.

En parallèle de l’action principale Franco, curieux et désœuvré, suit un grand procès. Le procès d’un mari influent qui pourrait avoir tué sa femme. Un accusé qui dit la vérité ? Qui se ment à lui-même ? Qui ment aux autres ?

On voit tout de suite le pourquoi de l’intérêt non-dit du héros pour cette cause.

Il est fait aussi allusion à ces procès qui ont aidé les grands écrivains.

Sans remonter à Zola et l’affaire Dreyfus, nous on pense bien sûr à « de sang froid » de Truman Capote.

  • Spectateur et auditeur éclairé, vous avez bien sûr remarqué que souvent lors du générique final, lorsqu’apparait le nom du musicien du film, il y a comme par hasard une rupture musicale. L’histoire qu’on fasse bien attention. Ce salut de l’artiste invisible, c’est de bonne guerre.

Voilà où je veux en venir maintenant :

En déclinant cela de manière plus cachée, on peut dire que le thème de l’angoisse de la page blanche est aussi récurrente au cinéma. On a vu 100 fois cela.

C’est un autre moment « particulier » où l’on peut deviner la présence d’un scénariste en crise.

Ici au-delà de l’écran d’ordinateur où l’écrivain écrit puis efface et … ne fait rien, on a un petit coucou fébrile d’un autre angoissé invisible.

Pour finir. Je ne connais pas la réalisatrice Pamela Romanowsky. Mais assurément elle est « branchée » et elle a vu les films de Malick.

Plusieurs passages du films sont esthétisés par de beaux travelling, un ralenti particulier et une musique répétitive. Vraiment un ton très proche de Terence Malick dans ses grands opus (opi)

Ce n’est pas pour nous déplaire.

(*) Ratiocination : argumentation exagérément subtile.

Synonymes : argutie (google)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Beyond_Lies

James Franco
Christian Slater
Amber Heard

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire