Vous vous plaignez, à juste titre, que l’industrie cinématographique produise beaucoup de longs-métrages très semblables.
Avec After Life, côté nouveauté, vous n’allez pas être déçu. Au point qu’on peut se demander si ce travail de bon artisan est vraiment un film.
On devrait parler plutôt d’un travail expérimental en forme de questionnement sociologique et philosophique.
L’idée est la suivante.
Des lots de Japonais qui viennent de mourir, se retrouvent dans des bureaux ordinaires, où on leur demande de choisir un souvenir, un seul, à embarquer dans leur trépas. C’est très curieux pour nous, mais aussi pour ces morts en sursis.
Certains n’arrivent pas à choisir. Ceux-là posent problème et sont particulièrement suivis et aidés.
Les récalcitrants définitifs finissent par devenir les chevilles ouvrières administratives de cette structure.
Une partie des arrivants a eu une vie commune dans laquelle rien de vraiment notable se détache. Mais en cherchant bien, ils trouvent un souvenir d’enfance ou de couple qui fera l’affaire. Ils ont a leur disposition des cassettes VHS de leur vie pour se replonger dans leur passé. Souvent ils sont déçus par les peccadilles qui les occupaient alors.
Les autres sont plus dociles ou ont une meilleure mémoire. Certains vont se souvenir des émotions que leur procurait une de leur activité préférée. Untel appréciait le vol en Cessna, l’autre le voyage en bus près de la fenêtre…
Une fois que les participants ont fixé leur choix, les organisateurs tentent de reconstituer tant bien que mal le cadre de ces souvenirs privilégiés. Ils font des décors autour d’un petit avion récupéré avec des faux nuages en coton. Pour un autre ce sera ce fameux intérieur de bus etc.
C’est vraiment bizarre. Onirique dans l’intention, mais très terre à terre dans l’exécution.
On a du mal à croire qu’il puisse exister une telle institution post-mortem qui fait son possible dans la débrouille.
Mais où donc les auteurs veulent en venir.
On ne peut éviter de se questionner soi même. Ce n’est pas le livre unique à emporter dans une île déserte, ni la dernière pensée avant de mourir, mais l’interrogation assez fondamentale du meilleur souvenir de sa vie. Et croyez-moi on n’a pas trop envie de choisir, nous non plus.
Hirokazu Kore-eda réalisateur et scénariste s’occupe de tout. L’important est de ne pas nous effrayer malgré les circonstances. Tous les personnages sont « normaux » et attentionnés autant qu’ils le peuvent. Le résultat est étonnant et converge vers une sorte de science-fiction documentaire à taille humaine.
C’est bien qu’il y ait encore de gens qui pensent vraiment dans ce milieu là. Cela change de ceux qui ne font que calculer.
En 2018, il empoche la Palme d’or pour Une affaire de famille.
https://fr.wikipedia.org/wiki/After_Life_(film,_1998)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hirokazu_Kore-eda