Faisons un sort aux faux amis : Alex est une femme – Venice est sur la côte ouest des USA, pas en Italie.
Voilà un film assez délicat et plutôt bien interprété, mais qui reste somme toute, un peu amateur.
Ses petites imperfections ne sont pas forcément un mal.
C’est une création originale dans le cadre de la pépinière Sundance. Donc on lui pardonne beaucoup.
Vue d’en haut, ce n’est qu’une histoire de la vie ordinaire. Les tracas quotidiens, les grands et les petits moments des familles d’aujourd’hui.
Mais ici, ce thème est traité avec une relative justesse. L’avenir de chacun des personnages n’est pas totalement prévisible. Il se modèle au gré des événements, comme dans la vraie vie.
La jeune femme, Alex, jouée par Mary Elizabeth Winstead, est une petite avocate débordée. Ici elle plaide une cause écologique, façon gentils têtards contre méchant promoteur. Cette personne d’apparence frêle, le fait semble-t-il avec de la conviction.
De nos jours où il est interdit de blasphémer contre la religion verte, on s’attend au pire, la victoire des crapauds. Le jugement final n’ira pas forcément dans ce sens.
Elle est au four et au moulin. Elle se démène comme un diable pour coordonner sa maison, ce qui lui donne des airs de petit tyran. Pourtant, cette personne plutôt fragile d’apparence, a autre chose à faire que de commander ce petit monde. Mais elle se sent responsable. Si elle ne le faisait pas, sans doute que tout irait à vau-l’eau. Elle a l’intuition que la cohésion de sa petite famille est menacée.
C’est une perpétuelle angoissée. Les événements ne lui donnent pas tort.
Son mari du genre artiste, est joué par Chris Messina qui est également le réalisateur du film.
Il est mis à contribution y compris pour les tâches ménagères. Il a été patient, mais là il en a marre et voudrait une nouvelle vie.
Les liens se délitent. Le mari part pour faire un break. C’est brutal. Elle n’arrive pas à comprendre cela. Nous, non plus.
Leur tout jeune fils est ballotté par les évènements et voudraient comme tous les enfants dans ce cas, que les choses s’arrangent. Le gosse joue bien. On voit clairement sa perpétuelle inquiétude et ses appels muets. Les enfants de parents séparés gardent souvent ce petit je ne sais quoi, cette vigilance exacerbée.
Alex qui a bon cœur, héberge aussi son père interprété par Don Johnson. L’ancien est un comédien en perdition et suspect de démarrer un Alzheimer. Il finira par tenter de mettre sa chemise à la place du pantalon. Ça ne va pas fort. Il trouve miraculeusement un mini emploi dans une pièce de Tchekhov. Pourtant il n’arrive pas à retenir une phrase.
Le final « feel-good » lui donnera quand même l’occasion de briller. Cette scène improbable, compte tenu de la gravité de ses symptômes, est un peu « too-much ». Mais bon, on passe l’éponge, le film n’a pas pour vocation d’être une observation médicale.
La sœur fantasque d’Alex déboule, pour habiter chez eux. C’est la sexy Katie Nehra qui s’y colle. Elle est aussi co-auteur(e) du scénario.
Elle incarne une sorte de mini-ouragan irrationnel et débordant de vitalité. Il ne manquait plus que cette cigale, alors que la situation est déjà bancale.
Elle symbolise la fantaisie qui manque à ce foyer.
La thèse sous-jacente étant que « il faut être plus cool, man ! ».
Tiens, ils ont oublié de mettre la bande son Bob Marley !
Alex finit par sortir, à contrecœur. Elle qui n’a connu d’homme que son mari, a une aventure avec l’avocat du « méchant » promoteur, un noir (Derek Luke). L’Amérique n’a plus peur de la mixité.
Elle boit, elle fait des expériences.
Elle finit par intégrer le fait que son mari ne reviendra pas.
Et la vie continue, bras-dessus bras-dessous avec son fils, dans la rue … sous la banderole « Venice ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alex_of_Venice
Mary Elizabeth Winstead
Don Johnson
Reg E. Cathey

