Ali – Film Avis. Will Smith – Résumé. (2001) 5/10

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C’est rageant !

Hollywood finirait presque par nous faire aimer la boxe. Ce « sport », ou prétendu tel, qui est pourtant si grossier, si dégradant et si destructeur.

Une banale machine à dollars qui fournit un exutoire collectif. Une « distraction » parmi les plus pathétiques. Un show grand spectacle, qui n’est qu’un dégueuloir à passions morbides. Rien à envier aux meurtriers jeux du cirque de l’antiquité.

Pourtant comme c’est à l’écran, on tend à être indulgent. Il n’y a pas de vrai assassinat de neurones (*). Et on est quand même loin de la triste réalité des combats.

  • Oui mais c’est un biopic et le pauvre Ali a lui fini sur une chaise roulante, comme tout le monde le sait. Il s’agissait d’un Parkinson principalement. L’épidémiologie montrerait que cette pathologie menace un peu plus les boxeurs. On discute encore sur la causalité précise entre les chocs sur la tête et les dégâts causés. Mais aucun médecin n’oserait proclamer l’innocuité de ces traumatismes répétés. Surtout à l’époque où il y avait peu de temps laissé à la réparation cérébrale. On a parlé de “démence pugilistique” ou d’ « encéphalite traumatique des pugilistes »
  • Mais pour lui, la tête enfoncée dans sa croyance élémentaire, c’est plus simple. Sa maladie «C’est un jugement de Dieu… » !

Pas trop sympathique non plus, le film voudrait aussi nous amadouer en présentant les mouvements noirs les plus radicaux, comme des organisations pareilles aux autres, ou presque. Alors que le plus souvent, ils sont carrément leucophobes et donc racistes à l’envers.

  • Confer le très intéressant Chien blanc de Romain Gary, qui se passe aux USA, à cette époque. Sa compagne Jean Seberg montrant une tendresse naïve pour ces militants forcenés. Au désespoir de l’écrivain plus lucide. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

Et donc, que penser de la tolérance du scénario, voire l’indulgence discrète, pour des groupes sectaires musulmans, comme Nation of Islam ? Des organisations exclusivement noires et ouvertement anti-blancs. Ces derniers étant jugés dans leurs écrits, comme de race inférieure. Les femmes n’y sont pas mieux loties. Des extrémistes, des intégristes qui ont à leur tête rien de moins qu’un Messie vivant, un Dieu sur terre. Des obscurantistes qui voudraient imposer leur vision coercitive et intolérante du monde à tous. Même Malcolm X, qui n’était pas un tendre, en a dénoncé le racisme !

  • Dans la deuxième partie de sa vie, lorsqu’Ali s’est retiré. Il a acquis un certain sens de la nuance. Et sa défense des noirs musulmans n’a pas été si inconditionnelle. Il a critiqué l’islam des attentats.

Mohamed Ali était quasiment illettré. Il arrivait difficilement à s’exprimer (et pas que par ses troubles de la parole). On le reconnaît à son tac au tac imprudent, et son “trash talking” souvent peu inspiré. Et puis, il s’est pris les pieds dans tout le micmac fanatique précédent.

Pourtant, le film le montre comme un gars presque aussi malin, que ne le serait Will Smith. Il n’y avait pas de raison de l’amener jusque là. Cela dessert la compréhension des attitudes du grand sportif.

Will Smith me semble trop fin, pour incarner le très carré Cassius Marcellus Clay, Jr., ou Muhammad Ali, Mohamed Ali, Mohammed Ali.

  • Certes on reconnaît sans hésiter des qualités à Ali, dont principalement la bravoure, et pas que sur le ring. Sa détermination d’objecteur de conscience peut forcer le respect. A moins que ce ne soit juste de l’obstination bravache. Qui sait ?
  • Il a bien aimé les femmes également.
  • Et puis, il y a la magistrale création médiatique de ce Superman noir. Est-ce vraiment lui ?On la doit plus à un entourage inspiré, qu’à lui-même. Cette légende fabriquée par la promotion habile de Don King et quelques autres, c’est la mise en scène de ce qui a priori, pourrait être ses défauts. L’arrogance, les paroles blessantes sur ses adversaires… Mais aussi la scénarisation infantile du combat du bien contre le mal. Avec d’un côté le noir insoumis et vertueux, qu’il est censé représenté, et de l’autre le noir esclave que serait Frazier ou Foreman.

Je sais bien que les auteurs n’ont pas fait ce biopic, juste pour défendre des causes méphitiques. L’idéologie, ce n’est pas leur problème. Ils voulaient simplement – comme d’habitude – nous faire un storytelling bien linéaire, bien démonstratif, où le quidam peut s’identifier au héros, quitte à lisser quelques dérangeantes aspérités. Une trame porteuse très assouplie, qui vaut pour n’importe quel sujet, là bas.

Le réalisateur de ce biopic stylisé, c’est Michael Mann. Un artisan qui n’a pas fait beaucoup de chefs-d’œuvre au cinéma. Plutôt un gars de la télé. Par contre – les chiffres le montrent – il sait faire du retour sur investissement. Ceci explique cela.

  • (*) Cela dit, je ne suis pas meilleur qu’un autre et j’ai apprécié ces combats si bien calibrés (Cela m’a fait remonter la note). Surtout avec cette dramaturgie « percutante ».
  • D’autant plus que là, c’est bel et bien du cinéma (*) – C’est aussi inoffensif que Peter Ustinov en Néron, faisant brûler un décor en carton pâte.
  • Cinéma ou pas, on peut être tellement pris, qu’on en vient à souhaiter la défaite, l’écrasement, l’ensevelissement, de tous ses adversaires du ring. Comme si c’était les derniers des derniers. Bonjour la manipulation pro-Ali ! Il serait intéressant de faire maintenant un récit à partir du point de vue de Frazier ou Foreman.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_(film)


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