L’excellent Gregory Peck et bien sûr la sublime Sophia Loren.
Ces deux là nous remettent dans l’ambiance d’un film d’aventure à la Hitchcock. Ce qui n’est pas forcément une qualité, surtout si Stanley Donen n’est pas un illusionniste aussi compétent que le maître du suspense.
Un professeur d’université désargenté finit par se laisser prendre dans un vaste complot politique international. C’est le naïf, mais qui finit par avoir du galon. On n’est vraiment pas loin du Thornhill de « La Mort aux trousses »(1959).
Les dangers qui le guettent sont innombrables. Et il aura toujours du pot. C’est la loi classique de ce genre de spectacle. Les bons sont increvables, ils semblent même à l’épreuve des balles.
La belle Sophia est une femme rusée dont on ne saura que très tard de quel côté elle est. Elle use et abuse de ses charmes. Mais rassurez vous, elle sera forcément sauvée elle aussi. Rédemption ? Double jeu ?
Et comme dans n’importe quel James Bond, les deux héros se bécoteront tranquillement à la fin, sur une musique romantique de Henry Mancini.
On peut y voir aussi Eva Marie Saint, la copine qui trahit James Mason – toujours dans « La Mort aux trousses ».
Les méchants jouent de malchance avec leurs belles amies. C’est leur talon d’Achille. Et pourtant aucun ne s’en méfie jamais. Il n’y a que le spectateur qui voit ça. Mais il lui est interdit d’infléchir le destin à jamais gravé sur la pellicule. Peut être qu’avec le numérique, un jour il aura son mot à dire.
Pour donner dans l’exotisme typique de cette époque, on aura des plénipotentiaires arabes sages et bienveillants, d’autres seront avides et cruels. Ce sont des renégats et autres fripouilles au comportement caractéristiques de « méchants » de cinéma. Avec rictus, comportement violent et phrases assassines, comme il se doit.
Même entre eux, ils se dévorent. Ce qui est un autre biais des ces films. L’usure prématurée des seconds. Cela ne doit pas être facile de recruter dans ce milieu d’affreux. Les carrières sont trop courtes et on se prend trop de coups.
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L’histoire commence bien. Le spécialiste des langues mortes orientales, Gregory Peck, est missionné, par on ne sait qui, pour décoder un message griffonné en hittite. Il tire la langue car cela ne correspond à rien. On lui met la pression.
Il est dans le repère du loup. Là, règne une Cléopâtre magnifique, dont on ne sait pas trop le rôle encore. Femme de ce tyran avide de pouvoir et grotesque ? Espionne faussement domestiquée ?
En lisant entre les lignes et autres propos équivoques, on se rend vite compte que notre Sophia Loren fait une cour effrontée et intéressée à Gregory Pen.
Lequel accueille cela avec plaisir – pensez donc une reine d’Égypte – et méfiance.
Cela se passe dans une maison-palais lors d’un de ses repas fastueux, que donnent si souvent les bourreaux de la pellicule aux futures victimes. Un passage obligé.
Avec en toile de fond, cet éternel jeu du chat et de la souris.
Et comme dans n’importe quel James Bond, la femme qui côtoie le chef de la bande, sera la clef, dont saura se servir le héros. Les jolies femmes sont forcément fatales. Mais son charme à lui est susceptible de détourner n’importe quelle femme de son devoir, dans cette époque où le féminisme encore embryonnaire et non punitif.
Plus tard, les circonstances amèneront la belle à se dévêtir à quelques centimètres de lui. Il n’en mènera pas large, car il est recherché par les sbires du méchant, et il est juste planqué là. Stand by difficile pour un homme normalement constitué.
Tout le reste du film, n’est que poursuites et escalades préfabriquées de suspense. Cela finit par ressembler à une écœurante pièce montée pleine de jelly autour. Pas crédible pour un sous et surtout pas du tout comestible. On est gavé par le procédé si convenu.
Dès l’épisode qui nous fait visiter le zoo de Londres au pas de charge, on sait que c’est plié.
Il n’y a que les moyens qui différent d’un long métrage à l’autre. C’est l’éternel et navrant crescendo de la peur, à laquelle plus personne ne croit de nos jours. On peut tranquillement s’échapper quelques minutes, on retrouvera les plus gentils protagonistes indemnes.
Conscients de cette impasse, les scénarios les plus récents sacrifient quand même quelques gentils en cours de route. Mais le principe est le même et le gentil en chef sera toujours épargné et le méchant tué.
- J’ai l’impression de réécrire cette analyse générale un peu trop souvent.
Et donc, au moment tardif où l’on voit apparaître l’hélicoptère des méchants, avec plein de gars lourdement armés, et quasiment aucune chance d’en réchapper pour les gentils, on sait déjà que le plus lourd que l’air va finir glorieusement et cathartiquement ® en fumée.
La fin nous apprendra de quel degré sont les différents espions : simple, double, triple, quadruple ?
Ces rebondissements, dont la complexité devient vite improbable, s’emboîtent telles des poupées russes. De par l’accumulation, ils feignent d’être intelligents. Alors que le plus souvent ils ne sont que des artifices navrants et juste déroutants.
Reste ce magnifique couple formé par Gregory Peck l’Américain et Sophia Loren l’Orientale (dans le film). Leur jeu amoureux nous fait rêver. On en vient à pardonner que cette histoire soit aussi faiblarde.
Du coup je passe du 6/10, que vaut le film en réalité, à une 7/10 qui lui fait passer la barrière des « bons » dans mon classement. Il est clair que Sophia aura su me manipuler… une fois encore !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arabesque_(film)
- Gregory Peck
- Sophia Loren
- Alan Badel
- Kieron Moore
- Carl Duering
- John Merivale
- Duncan Lamont
- George Coulouris
Bien joué, il n’y a pas un seul vrai oriental dans le casting et pourtant on y croit !
Ouvrir la robe de Sophia, tout en se tenant tranquille, n’est pas une mince affaire.