Ariane. Cocu, libertin, romance, mariage d’amour. Wilder, Hepburn, Cooper. 6/10

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Love in the afternoon.

C’est bien « couillon » tout cela, mais cette bluette de Billy Wilder arriverait presque à nous faire verser une larme. Surtout lors de l’étincelant final entre la jeune Audrey Hepburn (28 ans) et le vieux Gary Cooper (56 ans).

Ce vieux chenapan a vraiment pile poil le double de son âge et en 1957, le poids des années se voit. Le botox et la bonne chirurgie ne sont pas encore passés par là. Et la mauvaise hygiène de vie fait le reste.

Hepburn n’est pas si jeune que le prétend le scénario (19 ans !) et cela commence à se voir aussi.

Maurice Chevalier (69 ans) nous fait du Maurice Chevalier. C’est à dire qu’il incarne le français type, tel que vu d’Amérique. Il est là en papa gâteau protecteur. Un rôle qui lui colle à la peau.

Le bon John McGiver nous fait un cocu d’opérette. Il en a la tête de manière caricaturale.

En ces temps là, les mâles qui se respectent, se devaient d’éviter à tout prix les cornes. La femme était la possession de l’époux. Elle n’était pas tout à fait responsable. Et il fallait donc la corriger et entraver ses penchants volages « naturels ».

Ce pauvre McGiver est cocu au carré. Il l’est pour de vrai, il n’y a pas de doute là dessus pour le spectateur. Mais il l’est plus encore puisqu’on a fini par le persuader qu’il ne l’est pas, « preuves » à l’appui. Et donc ce personnage de vaudeville arbore on ne peut plus fièrement ses signes distinctifs frontaux. Cela faisait rire ou tout au moins sourire. Les cocus d’aujourd’hui ne le sont plus vraiment, puisqu’ils encaissent cela au nom d’un libertinage autorisé.

La comédie romantique tire un maximum de vieilles ficelles du genre Nous Deux (ou nous trois ou bien plus). Mais elle tient quand même à peu près la route, malgré un scénario cousu de fil blanc. C’est dû principalement à la rigueur du metteur en scène. Rigueur qui n’exclut pas quelques habiles fantaisies.

Le jeu amoureux est basé sur la franchise du dragueur impénitent et cynique, qui s’oppose au mensonge de la jeune fille foncièrement honnête et ingénue. Cette double inversion est classique au cinéma et au théâtre.

Honnêtement, je me suis ennuyé la plupart du temps. Surtout, parce que tout ou presque est éminemment prévisible. Seules quelques fantaisies du réalisateur nous maintiennent éveillé.

Le magnifique prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner m’a fait dessiller les paupières. Même si le facétieux Billy Wilder s’en moque un peu. Moi je prends cela très au sérieux.

  • Digression : Effet bénéfique puisque je me suis souvenu que je devais mettre l’opéra sur ma liste de commission. J’ai choisi le Metropolitan Opera Orchestra dirigé par James Levine avec Ben Heppner et Jane Eaglen. J’espère ne pas m’être trompé.
  • Maintenant j’ai des doutes, je vais aussi prendre la version Jiri Belohlavek à Glyndebourne. Nina Stemme, Robert Gambill…

Le thème Fascination, prétendument classique, parcourt le film en titillant les acteurs par son omniprésence. Un jeu est basé là dessus. Et donc la scie musicale, aussi envahissante que Destinée, nous escagasse nous aussi, juste ce qu’il faut. Il en est de même avec la Symphonie nº 88 de Joseph Haydn. Wilder joue avec le nombre 88 et au-delà. Humour iconoclaste mais raffiné. Musique et rire toujours avec l’omniprésent orchestre tzigane.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_(film,_1957)

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