As de l’Arnaque – Avis film. Tim Roth, Uma Thurman -Résumé (2018) 4/10

Temps de lecture : 4 minutes

Les As de l’Arnaque The Con Is On (2018) The Brits Are Coming

Le premier titre en anglais fait peur en français. Attention aux faux-amis !

C’est l’histoire de deux voleurs d’envergure internationale, qui sont en cavale ayant une dette envers des plus méchants qu’eux.

Uma et Tim fuient la Grande-Bretagne pour rejoindre Los Angeles où ils ont quelques contacts.

Le classique choc des cultures, entre d’un côté le style anglais classieux mais un peu raide et de l’autre la cool attitude californienne un brin superficielle. Collision souvent exploitée au cinéma, mais en général cela suscite quelques bons traits d’humour.

Toujours à la recherche de combines pour se refaire, ils ne sont pas très performants au final.

En plus, ils ont de gros défauts.

Uma Thurman 47 ans, est une belle grande fleur, avec juste ce qu’il faut d’un peu fané. Les années sont visibles mais elles renforcent son charme. Elle ne court pas après sa pétillante jeunesse, elle évolue. Décidément une bien réussie fin de quarantaine, avec de jolies atours.

En vrai c’est une Américaine mais attention de Boston ! Ce qui veut tout dire.

Dans ce film, outre d’incarner une bombasse blondinette irrésistible, c’est une joueuse compulsive qui perd tout le temps des sommes faramineuses. On parle là de monceaux d’argent. De sacs pleins de billets de banque.

Petite digression : il faut dire que l’argent en plus ou en moins, est supposé nous faire rêver ou nous donner des frissons. Et cela ne coûte pas trop cher au réalisateur de manipuler des kg de liasses de papier, en réalité sans valeur. L’effet magique est garanti. (Ah, le dernier plan dans la piscine de Mélodie en sous-sol !)

Tim Roth, le complice d’Uma âgé d’à peine 56 ans, en paraît plus. C’est un acteur du type « so british ». Fils d’un communiste américain qui s’est exilé en Angleterre !

Une abondante filmographie derrière lui et sans doute devant lui. Tiens, il a été aussi dans pulp fiction !

Il est tout petit quand il donne la main à Uma Thurman. Notre déesse patinée semble faire deux mètres quatre-vingt, à ses côtés.

Il passe littéralement son temps à boire. Il n’y a réellement pas un plan où il n’ait un verre ou une bouteille à la main. Cela à même dû être un gimmick de réalisateur, d’être aussi systématique.

Il ingurgite des quantités phénoménales de cocktails variés, de choses diverses en bouteilles qui ont sans doute au minimum 40°. C’est hyperbolique et franchement inhumain. Mais je tiens à le dire, aucune bête n’y parviendrait non plus.

Une petite pensée pour l’acteur. Cela n’a pas du être facile et agréable de boire ces litres d’eau colorée. Et c’est peut-être dangereux.

Pour les besoins du scénario, Tim donne donc dans toutes les « nuances » possibles de l’alcoolisme. Cela va de l’état semi-comateux à de vagues sursauts de semi-lucidité. Cela ne donne pas envie.

Comme tombeur il y a mieux. Et pourtant contre toute logique, il aurait encore du succès auprès de ces dames.

La demi-asiatique Maggie Q est une habituée des rôles de dures à cuire. Elle figure ici la très méchante. La méchante surjoue la méchante.

Autre digression : C’est du même tonneau que le garçon de café qui surjoue son rôle de garçon de café dans la vraie vie, pour être crédible. Ce qui avait été justement épinglé par JP Sartre dans le passage bien connu de l’Etre et le Néant (*)

Selon les nouveaux codes obligés du cinéma, Maggie Q la demi-américaine, a aussi été la maîtresse d’Uma. On trouve aussi par ailleurs un curieux jeune homo aux accents teutoniques et aux culottes courtes. Et il ne faut pas oublier le talentueux Stephen Fry en amateur de jeunes hommes.

Serait-ce le diktat de la « diversité ». Le laisser-passer pour ne pas subir la nouvelle censure (**)

Revenons à Stephen Fry. Sous le masque réaliste d’un clergyman miséricordieux qui officie dans une belle église, c’est en fait un vilain voyou, prêt à vendre ses camarades. On lui donnerait pourtant le bon dieu sans confession, selon la formule « consacrée ».

Fry est un acteur hors du commun. Il a une gueule, il a un physique et surtout il a une personnalité. C’est une sorte de Depardieu britannique. D’ailleurs l’anglais à eu lui aussi un passé tourmenté dans la vraie vie.

Ici il ajoute un peu de fantaisie, mais il mériterait mieux que ce film.

La comédienne Alice Eve qui a étudié à Oxford, n’a pas un rôle de nunuche facile. Mais l’actrice londonienne ne démérite pas en interprétant une jeune starlette US qui a réussi. Elle assume dans sa maison hollywoodienne tape à l’œil. Elle est juste un peu capricieuse, avec ce qu’il faut de New-Age de pacotille. Dommage pour son script tordu, elle vaut sans doute mieux que cela. D’ailleurs elle donne plus l’impression ici d’être américaine que britannique, c’est dire le talent !

Sofía Vergara en mangeuse d’hommes, est redoutable, au point de faire presque peur. La colombienne de 45 ans qui sait mener sa carrière US, a des mâchoires très carnassières et elle sait s’en servir. Elle serait une des performeuses les mieux payées de la télé américaine.

Là, on est dans l’outrance totale, mais c’est comme ça.

Parker Posey est grotesque. Et même si c’est sans doute en parti voulu, c’est vraiment insupportable. Elle aurait pourtant laissé des traces intéressantes dans le cinéma indépendant, jadis.

Le scénario a beau agiter de la belle musique façon James Bond, des décors de « cinéma », des beaux quartiers de Los Angeles, le Londres select, des hôtels 5 étoiles, des avions en première classe, des limousines de prestige, cela ne suffit pas.

C’est décousu, mal fagoté et brouillon.

Au final ce n’est pas du cinéma. C’est un luxueux aquarium.

Le principal intérêt, mais il est réel, c’est de voir nager en long et en large le chatoyant poisson exotique qu’est Uma Thurman, entraînant du menu fretin dans son sillage.

C’est un privilège d’avoir cela dans son salon.

On passerait des heures sur ce seul plan fixe, devant ce fond d’écran.

Tout le reste n’est que bavardage.

Et pourtant c’est embarrassant, moins un film me plaît et plus j’en parle.

https://www.imdb.com/title/tt4685806/

Stars

(*) : « Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule […]. Toute sa conduite nous semble un jeu […]. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi joue-t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café. »

(**) je plaisante bien sûr. Le cinéma anglo-saxon n’a pas d’état d’âme et ne redoute pas d’appeler un chat un chat. Et au fond sur ces questions il fait encore à peu près ce qu’il veut.

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire