Attentat de Charlie Hebdo 7/1/2015 liberté d’expression et blasphème

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Attentat de Charlie Hebdo 7/1/2015 – Procès démarrant le 2/9/2020

(Quelques notes rapides suite à du vu à la télé… puis sur Internet)

« Charlie Hebdo » republie les caricatures du prophète Mahomet… titre le Monde. Et on a déjà en soi un problème avec ce titre un peu révérencieux. Que les musulmans se donnent la peine d’écrire « prophète » devant le guerrier Mahomet, c’est leur problème. Mais « Charlie Hebdo » republie les caricatures du prophète de Mahomet, aurait été suffisamment parlant. Pas la peine de se prosterner devant ce « Monsieur ».

Google :

  • « caricatures du prophète mahomet » 46 400 résultats – Il y en a moins, mais ce sont des médias qu’on regarde. Le Monde – BFM TV
  • « caricatures de mahomet » 332.000 résultats. Ouf, ils sont plus nombreux à ne pas mettre « prophète » ! C’est le début du titre du chapitre Wikipédia d’ailleurs. Bien.

Le Point : « Le journal satirique n’a jamais retenu sa verve contre l’islam » – Contresens dangereux, car Charlie Hebdo s’attaque à l’islamisme ! Et s’il montre mahomet avec des bombes dans son turban en première page cela veut juste dire qu’il existe un islam – mal compris ? – qui tue.

Le sujet actuel est vraiment celui de la réalité de cette autocensure qui ne cesse de progresser.

Il est faux de prétendre que Charlie Hebdo aurait du jouer la modération. Il est dangereux de dire qu’en publiant et republiant ces caricatures, il attise les haines et les rancœurs. Il est particulièrement dégueulasse de suggérer ainsi, qu’il serait en quelque sorte responsable des attentats qui leur arrivent. On est en face de la pire des impostures intellectuelles.

C’est faire le jeu du terrorisme que d’assumer cette version là. En effet en s’empêchant de caricaturer, on légitime la montée en puissance de ceux qui veulent la primauté du religieux sur la loi. On favorise donc cette terreur qu’elle soit intellectuelle ou réelle. Car en fin de compte, ces individus ignobles continuent à égorger, en étant justement à l’affût des troubles qu’ils sèment dans les esprits.

La « tolérance » religieuse, veut bien dire ce qu’elle veut dire. Il ne s’agit aucunement d’un devoir de respect vis à vis des religions en général.

Respect dans le Larousse : – Sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards : Manquer de respect à quelqu’un.

Sentiment de vénération envers ce qui est considéré comme sacré

Je n’ai pas à m’incliner devant quelque croyance que ce soit. Il peut s’agit de croyance dans l’astrologie, la numérologie, le créationnisme, une terre plate et autour de laquelle tournerait le soleil, le christianisme, la religion musulmane… ou je ne sais quoi.

Et quand la ministre de la république, Mme Belloubet ose déclarer « L’insulte à la religion c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience… », elle dépasse les bornes. Elle tombe dans le panneau classique des religieux qui réclament une barrière légale pour le droit absolu au respect et à la considération.

Le mécréant n’est pas un homme sans morale et qui ainsi serait capable de faire n’importe quoi et le pire. Les religions n’ont pas le monopole de la compassion et du droit chemin.

On a bien eu avec les attentats contre Charlie Hebdo la démonstration que c’était au contraire l’ultra-religion qui dépassait toutes les bornes. L’histoire est pleine de ces démonstrations là, toutes les religions ont un jour ou l’autre basculé dans l’horreur.

Le blasphème c’est autre chose, puisqu’il ne se conçoit qu’à l’intérieur d’une religion, entre ses pratiquants.

Philippe Val ancien directeur de rédaction de Charlie Hebdo, mène un combat intelligent et courageux contre l’oubli et la lâcheté intellectuelle qui s’installe.

Il n’est pas le seul à constater que l’on vit actuellement sous la dictature de plus en plus terrorisante de minorités. Les interdits se multiplient.

  • Le néo-féminisme agressif et de nombreux défenseurs de minorités, contestent toute expression, tous propos qui ne vont pas dans leur sens. On cherche en permanence le moindre mot, hors contexte de préférence, qui doit faire trébucher le suspect. Les médias marchent à fond dans ces facilités.
  • On condamne de simples images ! On fait du révisionnisme. On veut interdire les livres, ou les réécrire (confer l’autocensure de l’éditeur des « dix petits nègres »). Les universités américaines qui limitent les débats aux minorités entre elles et leur fournissent un enseignement expurgé et adapté à chacun.
  • Les blancs n’ont pas le droit de défendre la cause noire, ni bien sur de critiquer. Ils sont « canceled » (à décliner sur toutes les minorités, les homos, les musulmans, les juifs etc) –
  • Il est bien entendu formellement interdit de parler d’OGM, de gaz de schiste ou de vouloir argumenter en faveur du nucléaire… On est immédiatement taxé de vendu, ou autres bâillons qui empêchent le débat. Et donc l’autocensure permanente préfère laisser le terrain libre aux seuls ayatollahs de la pensée.
  • La critique des catholiques était courante dans Hara-kiri et Charlie Hebdo. Il y avait des procès d’ailleurs. Mais les intellectuels un peu consciencieux ne trouvaient rien à dire sur la liberté de la dérision et l’humour.
  • Mais quand il s’agit de la religion musulmane, une curieuse discrimination positive a fait qu’un interdit tacite d’« intellectuels de gauche », voudrait qu’on épargne ces populations, qui auraient tant souffert (colonialisme, exploitation ouvrière, Palestine etc)
  • Une clause de favoritisme délirant et du même tonneau, fait dire à certaines féministes forcenées, qu’il faudrait avoir une présomption légale de culpabilité et non pas d’innocence, dans les violences difficiles à établir, qui auraient été faites aux femmes. Et on laisse s’exprimer ces délires sans lever le petit doigt. Voltaire doit se retourner dans sa tombe.
  • On retrouve cela aussi dans le syndicalisme. On entend régulièrement que les employés doivent d’emblée bénéficier d’avantages légaux, fussent-ils insensés, pour contrecarrer un supposé déséquilibre du rapport de force, qui serait en faveur des patrons.
  • Et il n’y a pas grand monde qui ose défendre une salutaire souplesse dans le marché du travail. Alors qu’elle a fait la démonstration éclatante de ses mérites pour l’emploi partout ailleurs. La cause est entendue, aux bénéfices de prétendus « défenseurs du peuple ». Circulez, il n’y a plus rien à débattre.
  • Il faudrait parler aussi de la « dictature de l’idiotie ». Avec les réseaux sociaux, mais pas seulement, un quidam qui croit avoir compris un sujet par quelques clics, aura une opinion qui vaudra dans son groupe d’influence, autant que celle du savant aguerri.
  • D’ailleurs l’expert est disqualifié une fois pour toutes, avec comme seul argument sophistique, qu’il y a « toujours » des expertises divergentes… donc aucune ne vaut quelque chose. D’ailleurs ces « penseurs » de l’instantané, n’ont pas les moyens intellectuels de comprendre ce qu’ils lisent. Et donc faute d’arguments, ils tombent rapidement dans l’insulte.
  • On n’est pas loin de vouloir exterminer les « vieux cons » qui se rebellent contre ce déclin. Comme au bon vieux temps de la « révolution culturelle ».
  • Dans de nombreux milieux, il n’y a plus aucune hiérarchie de la pensée et de la parole. C’est le résultat d’une sorte d’égalitarisme mal compris. Toutes les démagogies convergent vers ce résultat effrayant.

Le 11 janvier qui a suivi les attentats contre Charlie Hebdo des millions de Français étaient dans les rues. Mais depuis de nombreux intellectuels et/ou politiques n’ont fait que d’abdiquer en cédant discrètement mais sûrement sur les libertés fondamentales. Ils ont donc trahi ce mouvement populaire.

A l’échelon local, des mairies laissent progresser un rigorisme religieux voire un extrémisme, qui empiète sur la sphère publique. En échange de quoi, ils font des pactes électoralistes contre nature. A l’échelon national, rares sont les voix qui se font vraiment entendre. Sans doute pour les mêmes raisons.

L’idée « collaborationniste » de ne pas faire de vagues, l’emporte sur le courage et la défenses des vraies valeurs républicaines.

Vous avez vu revenir les camionnettes Vigipirate ces derniers jours ? On ne cherche pas traiter les causes de la peur, mais juste à gérer les symptômes de la pétoche par des actes symboliques. Une seule de ces camionnettes aux peintures de guerre, a-t-elle un jour servi à autre chose ?

Une vague démagogie « relativiste » l’emporte sur tout le reste. Tout se vaut désormais. La parole du savant vaut celle du fou. Sur Internet des imbéciles ne se gênent plus pour prendre systématiquement le contre-pied du raisonnable.

Et donc les minorités qui hurlent le plus fort, ont toutes les raisons de se faire entendre.

Bien entendu la caricature comme toute expression publique cela peut être « con », très « con ». Mais il ne s’agit d’interdire a priori (sauf cas prévus par la loi), au contraire. Les conneries, elles font partie du décor. Il est juste de notre devoir de les démonter. Se contenter de bâillonner, attise le conspirationnisme et n’aide pas l’opinion à progresser. Au contraire.

Et donc vive la liberté d’expression ! Cela ne devrait pas rester qu’une pétition de principe, mais un engagement précise et réel de tout un chacun.

Val démontre bien que pratiquement tous les médias se couchent. L’immense majorité de ceux qui auraient pu publier solidairement les caricatures, ne l’ont pas fait. Ils sont bel et bien « terrorisés » – Ce qui est exactement ce que le « terrorisme » voulait !

Les méchants sont en train de gagner.

Pour voir l’évolution de l’opinion : https://www.ifop.com/publication/droit-au-blaspheme-caricatures-liberte-dexpression-les-francais-sont-ils-encore-charlie/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_contre_Charlie_Hebdo

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