Avis. 40 ans : mode d’emploi. Consommation, sexe et valeurs traditionnelles. 4/10

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Cette pseudo comédie de 2012 a bien des tares. Pourtant, curieusement elle est rarement méprisée par la critique.

Paul Rudd et Leslie Mann sont deux acteurs semi-transparents.

L’homme joue une sorte de looser qui accepte son sort, un rôle généralement dévolu à Ben Stiller.

La femme est une écervelée. Cette actrice à un sourire assez idiot. Elle est persuadée que le gluten c’est mauvais et ne se fie qu’à la médecine indienne traditionnelle.

  • De nombreuses femmes en sont à ces pratiques grégaires fantaisistes, sans même se rendre compte de leur stupidité. La lecture collective des revues de type Femmes plus les renforcent. Ce qui fait que je ne suis pas sûr que cette nouvelle « normalité » soit de l’humour.

A priori le cadre familial est gentillet. Un couple aimant a une belle maison en banlieue, une belle BMW et de beaux enfants. On est dans l’image classique du rêve américain.

Pour essayer d’instiller une dose d’humour, les choses se gâtent. Ce sont des raisons classiques.

Les enfants-rois sont assez pénibles, mais pas plus que cette génération en occident. Rire de circonstance.

Les loupiots adolescents jouent très mal aux petits adultes. Les parents plutôt vieux jeu se contentent de les priver de I-pod et autres I-machins et de les inciter à jouer à la cabane dans le jardin. Incompréhension de génération. Rire consterné.

Le couple a du mal à tenir la distance et se fie aux avis d’un conseiller conjugal. Là encore on peut se demander s’il faut en rire ou pleurer.

  • D’autant plus que ce type de « professionnel » plus ou moins sérieux n’est pas en mesure de donner des clefs universelles du type : « eh bien, changez de conjoint, aller voir ailleurs ; c’est juste de l’usure ! ». L’idée d’un rafistolage du couple pour tenir jusqu’à la mort, est un prolongement du concept monogame d’un « amour pour la vie ». On peut croire ou non à cette idée normative. La statistique des séparations donne à penser… pour ceux qui pensent encore. Pas drôle du tout.
  • D’ailleurs une fois que les conjoints se sont déchirés définitivement, il faut voir la nouvelle traduction de ce qu’a pu être l’amour fou. Pas beau à voir.

Des deux côtés, les grands parents ont fait des enfants tardifs. Et donc nos héros ont une fratrie de l’âge de leurs enfants. Rire contraint pour ce « comique » répétitif.

Mais le plus convenu dans le malheur, tient au fait qu’ils sont financièrement aux abois. C’est LA préoccupation middle class.

Ils ont fini par se mettre trop de dépenses sur le dos. On parle de vendre la maison. Paul Rudd finance en douce son père qui a la charge de ses nouveaux enfants, tout en ne faisant pas grand-chose. Les affaires ne vont pas fort.

Leslie Mann va essayer de voir si elle plaît encore, en fréquentant une boite avec sa jeune employée Megan Fox, une gourgandine. Certains la voient « ménopausée » (pas Megan, Leslie!), ce qui veut dire hors course. D’autres, bien alcoolisés, et n’ayant rien à se mettre sous la dent dans l’immédiat, seraient bien tentés par la MILF.

Revirement de cette dernière. Vous n’y pensez pas je suis mariée et maman. On est bien dans les codes de la bien-pensance et des liens sacrés. Rictus affligé.

Les deux parents réussissent à se faire un break à l’hôtel. Ils conviennent qu’il leur fait davantage de sexe. C’est chez eux une autre forme de consommation. Cela va avec les cheeseburgers à volonté, la piscine, les cookies, le film porno, la bonne « pipe »…

Ils font l’amour comme une gymnastique bienfaisante. C’est bien anglo-saxon, cette manière de voir. Il ne manque plus que les accessoires marchandisés qui vont avec et qui promettent le bonheur. Rire gras.

Megan Fox sort du lot en chaudasse qui arrondit ses fins de mois en faisant des pipes.

Quelques « blagues », sur le recul du gynéco en plein examen. Idem pour la colonoscopie et l’examen rectal. Vagin et trou de balle = mines inépuisables de rires convenus. Nos amis du coussin péteur vont mettre tous les orifices à contribution, dont une bouche écartelée chez le dentiste. Et Paul se fera palper les testicules chez l’urologue.

Comme on s’enquiquine carrément avec ces nouveaux poncifs, les scénariste font tomber la « vieille » enceinte.

Mais là vraiment je n’en peux plus. J’éteins mon poste de télévision. Je ne peux pas tenir deux heures et quart de ce régime faussement subversif. C’est comme pour la pub, si vous n’y faites pas gaffe, ces présupposés martelés sans cesse finissent par vous rentrer dans la tête.

De toute façon ces films « familiaux » même s’ils jouent aux affranchis, même s’ils utilisent des mots crus, se terminent toujours bien. Grimace de lassitude.

On doit ce sous-produit à  Judd Apatow  qui avait déjà sévi en 2007 avec En cloque, mode d’emploi. Quand un premier film rapporte, les producteurs font tout pour faire une suite ou un équivalent. C’est le dieu dollar qui décide. Même si le film n’a pas été une totale réussite financièrement parlant, il a quand même triplé sa mise initiale.

Illustrations : concours de seins.

https://en.wikipedia.org/wiki/This_Is_40

https://fr.wikipedia.org/wiki/40_ans_:_Mode_d%27emploi

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