Avis. Auroville, Aurobindo, La Mère. Reportage. REMBOB’INA – Résumé 8/10 1973-2008-2022

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Je n’arrête pas de dire que ces émissions Rembob’Ina sont la fierté du service public. Les sujets exhumés et retraités sont spécialement enrichissants. Grâce à Patrick Cohen et son équipe, on est vraiment dans une pédagogie ambitieuse.

Jean-Pierre Elkabbach et Nicole Avril se sont rendus aux Indes en 1973 pour se rendre compte sur place du phénomène Auroville, basé sur la quête de la « Vérité », « l’éducation perpétuelle », la « non-possession » et la « fraternité universelle ». Le tout étant soutenu par le projet architectural de Roger Anger qui a démarré 1954. Cette réalisation se veut « non religieuse » mais nous parle quand même de « Conscience Divine ».

A noter que cette urbanisation ambitieuse, prévue sur 25 km², a quand même été parrainée par l’Unesco.

Qui finance ? Les apports directs mais pas seulement : « Pour devenir l’occupant d’une maison existante, il faut faire don à la fondation du montant équivalent à la valeur de la maison ». Et avant d’être intégré, on est testé pendant un an.

Nos journalistes ont voulu mettre à l’épreuve certaines convictions spiritualistes en vogue.

Ils ont fait un bon travail de fond mais ils ont aussi su être des êtres humains à l’écoute. Ils ont cherché avec sincérité à se débarrasser de leurs préjugés avant d’entamer le sujet.

A l’arrivée ils n’ont pas tout de suite trouvé l’emplacement, tant c’était dans un site « paumé » et tant c’était encore embryonnaire. On parle quand même d’un mouvement qui touchait alors 1500 personnes environ.

Pourtant les ramifications de l’ashram de feu le gourou Aurobindo étaient déjà nombreuses et bien visibles. La plupart des enseignes “commerciales” appartenaient au groupement.

A première vue le système s’adresse à des « illuminés » qui cherchent la « parfaite harmonie » intérieur. Et bien entendu, ils ne sont en guerre avec personne. Ils se gardent de trop montrer que leur chemin est supérieur aux autres, mais dans le fond ils le pensent. Ce sont principalement des occidentaux qui sont venus chercher « autre chose » et qui semblent l’avoir trouvé.

Ces jeunes d’alors suivent à leur rythme les enseignements du gourou, mais sous l’égide de La Mère. Une Française, Mirra Alfassa (Mirra Richard), qui a alors 95 ans et dont les paroles et les silences sont signifiants pour ces postulants à la sagesse.

On ne va pas rentrer dans le détail. Même s’il semble s’agir d’un assemblage de « méthodes » de perfectionnement, c’est clairement avant tout une question de foi. Pas la foi-croyance dans des divinités, mais la foi-adhésion-totale dans un message unique porté par le couple célèbre.

Il leur manque quelque chose à ces nantis célestes qui sont venus vers eux – et pas forcément une case – et les préceptes et indications de La Mère leur donnent toutes les clefs. C’est comme cela.

C’est fascinant. Tout dans leur façon d’être, donne l’impression qu’ils ont trouvé un équilibre parfaitement satisfaisant. Mais on ne peut pas s’empêcher de se demander si ce ne sont pas simplement des gogos pris au piège et coincés dans une approbation perpétuelle. J’ai appris à me méfier des gens qui sourient en toutes circonstances. L’enfer est pavé de fausses certitudes.

Jean-Pierre Elkabbach et Nicole Avril de 2022 semblent encore relativement sous l’emprise. Ils réfutent le terme de secte, dans la mesure où les participants seraient libres de partir.

Nos professionnels des médias maintiennent avoir eu des conversations intenses et profondes avec eux. Ils soulignent que les enfants formés dans cette atmosphère libre mais studieuse, ont souvent fait de grandes études universitaires par la suite.

Elkabbach est cependant plus circonspect. Alors qu’il était en responsabilité à la télé, il a envoyé Hélène Risser revoir tout cela en 2008. On peut donc comparer les propos de 1973 avec ceux de 2008. Et sur ceux qui sont restés, il y a visiblement le même attachement à la cause. Faut-il pour être « libéré », être si dépendant d’une doctrine et d’une seule personne ?

Ce qui est particulièrement piégeux, c’est que ces disciples semblent quand même faire la part des choses entre le dehors et le dedans. Il n’est pas question pour eux de changer ce qui est en dehors et ne les concerne pas directement.

Ils continuent cependant à réaliser les structures architecturales d’Auroville près de l’ex Pondichéry. Ils sont toujours enthousiastes mais cela n’avance pas si vite que cela. Ils bossent encore sur le  Matrimandir. Ils donnent l’impression d’être en vacances dans un kibboutz peu exigeant.

A noter que dans le passé il y avait principalement des ouvriers tamouls externes en service.

Alors qu’on parlait de 50.000 personnes comme le but à attendre, on n’en est encore qu’à 2.500. Et je ne suis pas du tout sûr que cela convienne à tout le monde.

rembob-ina-auroville

https://fr.wikipedia.org/wiki/Auroville

https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Anger

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