Avis. Bonjour, mon nom est Doris – Sally Field. Résumé. (2015) 6.5/10

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Hello, My Name Is Doris.

Une comédie qui n’en est pas une. Un film précis et bien mené, sur un sujet assez dérangeant, une mémé qui a l’illusion d’être aimée par un tout jeune.

Il y a pas mal de petites idées sympathiques ici ou là.

Cette vieille fille à l’ancienne, très bien jouée par Sally Field (*), est dans sa soixantaine. Elle travaille au service comptabilité d’une grande entreprise, avec son petit bureau perdu dans un vaste open space. Elle est totalement invisible et insignifiante. Elle semble avoir été laissée là par erreur. Elle pourrait n’être tout au plus qu’une sorte de caution visant à montrer que l’organisation protège les vieux. C’est en tout cas la seule de son espèce.

Elle vit seule dans la vaste maison laissée par sa mère. Laquelle vient de mourir.

Son passe temps maladif consiste à accumuler les objets usagés qu’elle trouve ici ou là. Sa demeure est un capharnaüm. Son frère et son épouse voudraient bien qu’elle la vide et qu’elle déménage, afin qu’ils puissent la vendre et se partager cet héritage. Désespérés, ils l’amènent chez une psy.

Sa vie sociale se résume à fréquenter une copine de son âge, qui est aussi un peu frappée dans son genre. Il y a là une sorte de bulle protectrice a minima, parfaitement adaptée à ces bras cassés. C’est une des vertus de l’amitié que de procurer un havre de paix taillé sur mesure, avec des codes bien à eux.

Elle assiste à un séminaire de renforcement de la confiance en soi, qui lui donne des ailes. Pourtant c’est le truc bateau habituel basé sur la méthode Coué et la persuasion d’un coach sentencieux et un peu gourou. Mais bon, cela tombe au bon moment.

Suite à une série de malentendus, Doris finit par croire que ce beau et sympathique jeune homme, nouvel arrivé dans la boite, pourrait devenir son compagnon. Le personnage masculin est bien cerné par l’acteur Max Greenfield.

Mais pour cette brave femme, il ne s’agit que de mauvaises interprétations de signaux franchement équivoques. Ce n’est donc pas cette psychose qu’on appelle l’érotomanie en psychiatrie. Cette maladie qui ne signifie pas que l’on soit une assoiffée de sexe, comme beaucoup de gens le pensent à tort, mais qu’on ait une conviction délirante et donc irraisonnable d’avoir été choisie.

La fille de sa copine, 14 ans, va lui fabriquer un faux profil Internet de jeune fille, afin de rentrer sur la page de sa cible, en tant que follower. Il s’agit de mieux connaître ses goûts.

La sexagénaire découvre ainsi son attirance pour un style de musique hip-hop électro. Le gars sera très surpris qu’elle connaisse ses groupes préférés et qu’elle en soit fan elle aussi. Vu son look mémé, c’était loin d’être évident.


Elle ira jusqu’à s’habiller fluo pour participer à un concert où elle est sûre de le retrouver. De quiproquos en quiproquos, les deux finiront même par être invités backstage et être reçus par les musiciens. Elle est tellement décalée qu’elle ferait bien sur la photo de leur prochain CD.

Elle sera pour ainsi dire « adoptée » par ces nouveaux snobs, qui vénèrent systématiquement ce qui leur apparaît comme de l’originalité. Et une vieille qui apprécie cette musique, va bien plus dans le sens de cet anticonformisme conformiste, qu’un quelconque LGBT. On appelle cette fuite en avant perpétuelle, celle qui consiste à chercher systématiquement des formes nouvelles, la « modernité ». Cette tendance éminemment superficielle est très démodée.

Mais au final, Doris va se prendre un immense râteau. D’abord, en mettant une phrase de rupture assassine sur Internet, elle a involontairement massacré la relation du jeune homme avec une jolie jeune femme (Beth Behrs). Et puis ce jeune n’a absolument pas envie de cette vieille et lui signifie très clairement.

Elle reviendra « la queue basse » parmi les siens. Et elle se décidera enfin à vider la maison.

En réalité, cette capacité de nous illusionner et de nous embarquer dans des histoires impossibles, nous l’avons tous et toutes, et au moins une fois dans notre vie, à tous âges. Cela nous sert de leçon. C’est pourquoi, même si le film sécrète un certain malaise, il nous parle.

(*) Sally Field a remporté deux fois l’Oscar de la meilleure actrice (Norma Rae et Places in the Heart)

https://www.imdb.com/title/tt3766394/

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