Les morts sont tous des braves types. Difficile de leur chercher des poux posthumes.
Ce texte fait suite à : Avis. Luigi Colani, créateur sans frontières – Génie du plastique bio ! Arte. 8/10
Colani est un grand novateur du bio-design. Mais ce n’est pas seulement un designer fonctionnaliste.
Il est d’abord un artiste au sens premier. Il suffit de voir cette œuvre suspendue au Museum Pinakothek der Moderne in Munich. Le fait que cela soit une étude pour un véhicule solaire semble juste un prétexte. Cette magnifique flèche noire correspond à une vision. Qu’elle serve réellement à quelque chose ou non, n’a pas d’importance.
C’est un peu la même problématique pour des créations bio de Majorelle de l’Art Nouveau, qui sont proches de ses inspirations. Ces meubles centenaires, tout en courbes végétales, sont sans doute destinés à servir à quelque chose. C’est l’alibi bourgeois pour rendre ces œuvres acceptables. Mais en réalité ces « choses » méritent surtout d’être exposées.
Pour beaucoup Colani transpose la logique de la nature. Tout le monde comprend la beauté d’une méduse ou d’une raie. Des centaines de millions d’années ont permis ces épures.
Notre homme qui rêve de vaisseaux dans l’espace, et que certains qualifient d’utopiste social, est aussi un terrien.
Ses amours sont multiples et aussi fonctionnelles que ses réalisations.
Il a laissé un fils en France. Celui ci n’a découvert sa filiation cachée que tardivement.
Et quand il rencontre enfin celui qui est devenu un employé de banque, il se contente de lui demander des tuyaux pour l’évasion fiscale.
Il part au Japon pour échapper aux arriérés d’impôts. Ce qui ne l’empêche pas d’y faire œuvre utile. D’après le reportage, il serait à l’origine du renouveau esthétique du rebond nippon. Il crée des appareils photos plus fluides, qui s’avèrent d’ailleurs de meilleure tenue. Ils ne tombent plus des mains.
Pour les bagnoles c’est itou. Lui qui détestait la Golf anguleuse a pu assouvir sa soif de courbes. Il faut voir la Mazda Le Mans Prototype de 1983 !
Il ira également en Chine où il bénéficiera de la même vénération. Et si tous ses projets n’ont pas été réalisés, ils seront quand même des catalyseurs d’une certaine liberté de formes.
Un designer admirateur le voit sous deux angles complémentaires. Il serait à la fois Sisyphe et Prométhée. Je vous laisse y réfléchir.
Le texte précédent est ici : Avis. Luigi Colani, créateur sans frontières – Génie du plastique bio ! Arte. 8/10
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