Avis critique : Passager de la pluie. Marlène Jobert, Bronson, René Clément. 5/10

Temps de lecture : 3 minutes

Film que j’avais visionné très jeune au cinéma, à sa sortie en 1970. Je m’étais ennuyé. J’ai entrepris de le revoir maintenant, en escomptant que la maturité m’ouvrirait quelques nouvelles portes.

Résultat inverse. Ces deux longues heures encore étaient encore pires que je ne le croyais.

Le long métrage commence assez fort avec une Marlène Jobert apeurée, bafouée et violée chez elle, par un grand gaillard, qui s’est mis un bas sur la tête. Première navrante invraisemblance. Ce mec inquiétant, notre héroïne l’avait déjà bien repéré. Impossible que dans ce lieu désert elle ne fasse pas le lien avec cet individu au physique caractéristique. Le bas si ténu, plein d’échancrures, n’apporte rien et devient ainsi un instrument de pacotille, pour susciter la peur au spectateur.

Comme dans tout bon thriller (mais aussi les mauvais) s’en suit une chasse angoissante dans la maison maudite. Elle descend le méchant pervers au fusil dans la cave. Elle le véhicule pour s’en débarrasser. Faux suspense lorsque chemin faisant elle se fait arrêter par la police, alors qu’elle a le cadavre dans le coffre. Là encore c’est un pauvre traquenard mental pour le chaland que nous sommes.

Tout le reste du film nous montre une Marlène Jobert, sympathique tête à claque qui prend des coups de tout le monde.

D’abord de son mari, présenté comme un macho italien caractérisé, qui est donc d’une jalousie morbide et qui ne cesse de la menacer et de la battre. Tout en maintenant, selon les conventions de ces années là, un amour mutuel d’autant plus charnel et débordant.

  • Il y en a un comme cela dans le Corniaud, qui fait des misères à Bourvil, mais là c’est au moins rigolo.

On voit rapidement que le sort funeste des femmes d’alors n’était pas réservé aux brutalités transalpines. Même si cette étiquette de macho old school leur collait à la peau, quasi par définition. Que de clichés alors !

  • C’était très banalement dans l’air du temps qu’on distribue des torgnoles et qu’on attend en retour, outre l’obéissance totale, un respect amoureux. C’est incroyablement désuet. Je ne pense pas que cela reflétait vraiment l’état de la société. Par contre cela a pu être des modèles ciné qui ont inspiré de tristes réalités. On était encore dans des ères reculées où le « crime passionnel » avait des circonstances atténuantes (jusqu’en 1975).

Ensuite les violences conjugales et assimilées, qu’on croyait raisonnables en ce temps là, sont le fait du curieux limier Charles Bronson. Il l’oblige à boire tout en tentant de l’amadouer. C’est assez étrange et à nouveau peu crédible. Il la poursuit pour on ne sait quelle raison amour/haine/intérêt.

Il a décrété une fois pour toute savoir que c’est elle qui a commis le meurtre et a éliminé le violeur victime. Il montre une sorte de compréhension intéressée. Il y a une histoire de sac rouge TWA avec plein de fric dedans.

En réalité on apprendra plus tard que Bronson bosse pour les services secrets US. Ce qui ne nous étonne pas.

  • Il est possible que le réalisateur René Clément ait pensé que ce jeu biaisé du chat (Bronson) et de la souris (Marlène), puisse nous captiver. Pourtant il n’y a là rien de subtil. C’est plutôt l’esprit cowboy réducteur qui règne.

Enfin sa mère Annie Cordy qui ne lui fait pas de cadeau.

Le seul intérêt potentiel du film, réside dans la collision entre le monde US figuré à gros traits par Charles Bronson et la Française non encore émancipée du début des années 70 ; Marlène Jobert.

Curieux manque de clairvoyance des critiques, une fois encore :

1970 : Marlène Jobert reçoit le prix David di Donatello / meilleur rôle féminin

  • Commentaire : Marlène ne joue pas mal, surtout au début. Mais elle est enfermée dans ce rôle totalement prévisible de femme enfant, comme on en voyait tant dans un certain cinéma, déjà dépassé.

1971 : Golden Globe du meilleur film étranger.

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Paris brûle-t-il ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crime_passionnel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Passager_de_la_pluie

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