Avis. Derniers paradis sauvages. Bornéo. Forêt sacrée. Anthropomorphisme Bambi Disney 8/10

Si vous allez voir du côté de Google vous constaterez que le haut du référencement de cet épisode, est occupé par de prétendues critiques, qui répètent le même petit texte en boucle, sans en changer une virgule :

Je cite le début de ce remugle fourni par la production de la série : « L’île de Bornéo et sa forêt tropicale abritent quelque 60 000 espèces de plantes et d’animaux, malgré un sol pauvre en nutriments car lessivé par des pluies … »

  • En plus ces accès en haut de l’affiche sont payants ! D’autres nécessitent d’accepter de donner vos informations et d’ingurgiter de la pub à haute dose.

On se demande qui va fournir aux spectateurs autre chose que cette morne prose écologiste.

Dommage car il y a matière à une critique sérieuse et instructive, même si les concepteurs font tout pour nous endormir.

D’abord le titre annonce clairement la couleur. Le Paradis sauvage : on est bien dans l’illusion rousseauiste de la nature non abîmée par l’homme. Là tout ne serait qu’ordre, beauté, luxuriance et volupté.

C’est mal connaître la nature où, au niveau de la faune, tout se construit entre « manger ou être mangé ». Si les animaux sauvages sont généralement fiers et beaux, c’est que ces rescapés ont dominés leur espace. Les bêtes bien entendu peuvent être malades, vieilles et moches… mais en général, elles sont éliminées à ce stade. D’où le fantasme d’une nature fraîche et jeune. Débarrassez vous des vieux malades improductifs et des anormaux et vous aurez le même « beau » résultat (*) https://librecritique.fr/se-debarrasser-des-vieux-improductifs-et-malades/

Les documentaires de cette série évitent savamment tous les sujets qui heurtent ou qui fâchent. Si une jolie plante carnivore de plusieurs dizaines de centimètres fait son boulot. On privilégiera la capture d’insectes. Les insectes nous dérangent, bien fait pour eux. Mais si un joli petit mammifère rongeur s’approche trop… il réchappera cette fois. Ouf !

D’immenses oiseaux sont signalés comme frugivores. Bien, c’est très Végan cette attitude, il faut l’encourager.

  • D’ailleurs j’essaye vainement de faire des repas exclusivement de salades à mon chien. Il me regarde d’un air mauvais, mais je n’en ai cure, il doit être redressé.

Comme les minuscules fruits auxquels ces oiseaux s’attaquent ne nourrissent pas notre « homme ». Il font un festin le soir de chauves-souris. C’est montré pudiquement, de loin. Cela devient une sorte de sport élitistes de prise à la volée. Un peu comme d’attraper de minis saucisses qu’on vous lancerait. Pas de quoi les mettre en prison. Et puis là encore, les chauves-souris, pour le commun des mortels, c’est assez dégoûtant. Nos chasseurs de circonstance, font peut être œuvre utile.

En plus le mâle offre la première capture à sa conjointe. De quoi se faire pâmer les féministes de tous poils. Belle discrimination positive ! Voilà de quoi laver l’affront prétendu de la gente masculine, qui a duré tant de siècles.

Si l’on passe sur la moralisation implicite du propos, on se doit de souligner l’incroyable qualité de ces images. Un événement qui n’aurait jamais été documenté jusque là.

On a compris, la nature doit rester gentille, pour conforter l’idée d’un paradis perdu.

Quoi de mieux qu’un petit ours brun pour illustrer cette disneyisation de l’univers ? Lui il va chercher du miel. Il a d’ailleurs une conduite très intelligente. D’abord une approche méthodique en passant d’un arbre à un autre, tout en se fiant au bruit de l’essaim. Puis la prise du butin. Et enfin un incroyable repos repu, sur une branche qu’il a aménagé, à des dizaines de mètres du sol. Bel exploit et belle prise de vue.

La voix off très douce est là pour conforter l’idée d’une nature sauvage mais « amicale ». C’est infantilisant.

Je ne vais pas en dire plus. J’ai été moi-même très impressionné par la qualité formelle du documentaire. C’est d’une beauté rare. Et de nombreuses scènes sont inédites. Malgré tous les reproches justifiés sur le fond, on se doit de mettre un 8/10 pour la forme.

***

Pour le reste, on verra dans les décennies à venir que ce discours convenu est périssable. On n’a pas besoin de nous faire des berceuses à dormir debout. Et que dire de cette voix sirupeuse de commentatrice supra-conscientisée qui semble nous lire la Bible bio ?

La nature n’a pas à être « acceptable » ou sanctifiée (Le titre anglais mentionne clairement « forêt sacrée ») – Même un vol de nuées de Greta Thunberg ne peut échapper à son sort. Il faut qu’après avoir tenté de nous dévorer la cervelle, elles soient bouffées à leur tour. C’est tout le mal de la chaîne écologique que je leur souhaite.

Cet anthropomorphisme décadent, voudrait faire des animaux nos égaux. Et pour cela il propage ces sornette d’animaux sauvages « heureux » et accueillants. Le virus, selon certaines conceptions, étant le plus petit d’entre eux, il faudra que ces hordes de prêtres obscurantistes, se dévouent pour les héberger.

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