La fille de Costa-Gavras aurait mieux fait de ne pas tenter cette maladroite replongée au début des années 70, alors qu’elle avait semble-t-il à peine dix ans.
Les chiens font parfois des chats.
On reconnaît chez elle le goût de son père pour les démonstrations politiques crues et les situations bien carrées. Ces dénonciations publiques de situations révoltantes et qui devraient nous conscientisés.
- Je me souviens d’avoir été à une des premières séances où l’on projetait le film culte « Z », avec un adulte clairement de gauche, et d’avoir vu pour la seule fois de ma vie, une salle se lever et applaudir unanimement. Depuis je l’ai revisionné plusieurs fois et c’est incontestablement une œuvre intéressante et très bien faite.
Mais chez la fille, Julie Gavras, ces mises en cause deviennent encore plus démonstratives qu’avec son paternel. Et pour tout dire, on tombe dans la caricature et l’anachronisme. De plus, c’est assez mal réalisé.
La convention de cinéma qu’elle adopte, consiste à faire percevoir cela, au travers des yeux des enfants. Ils observent leurs parents révoltés et conscientisées et le tourbillonnement incessant qui va avec.
C’est, je suppose, qu’elle se voit elle-même en tant qu’observatrice muette et étonnée, dans le milieu politisé où agissaient ses propres parents. Avec une certaine jalousie pour ces combats qui accaparent ces adultes agités, et qui sont quand même au détriment de l’attention que l’on doit à sa progéniture.
Cela se complique, déontologiquement parlant, quand comme ici, les parents se mêlent d’endoctriner leurs propres enfants. Lesquels n’ont bien entendu pas les outils dialectiques nécessaires pour se forger une réelle opinion.
Finalement, en cela, c’est le reflet d’une époque imbécile, dans laquelle on suscitait l’indignation juste par la violence de quelques images habilement choisies, et sur des cibles faciles. Il faut se rappeler, qu’à force de manipulations, on a même fini par faire manifester les adolescents européens en faveur de … l’ayatollah Khomeini, qui s’est révélé un tyran de la pire espèce !
Ici, le discours est sans nuance, et cela nous parle du méchant Franco, du gentil Allende, et de l’estimé Fidel bien sûr. Et on brandit les mots sacrés de « l’engagement », de « l’injustice », de la « prise de conscience », les vertus de « l’union » et tous les « ismes », pas moins idéologiques qu’en face, qui vont avec… C’est manichéen à souhait.
- C’est la période Costa-Gavras de Missing. On n’ose pas évoquer encore le côté tortionnaire d’un Guevara. D’ailleurs certains n’y sont toujours pas de nos jours. Et la logique du goulag, ainsi que de tous les autres bagnes communistes, sont mis en cause dans l’Aveu.
Le regard est donc infantile. Il l’est d’autant plus qu’on sent une couche de naïveté supplémentaire et involontaire, de la part de la réalisatrice. C’est pourtant son cinquième film !
Elle semble vouloir se défaire de l’empreinte supposée de son éducation chez les bonnes sœurs ou de ces séjours chez des grands-parents gaullistes – bouh le grand péché !
Ce film peut donc apparaître, comme une séance d’autocritique quant à ses égarements de la première jeunesse. Dans quel pays tyrannique, les jeunes enfants doivent-ils se sentir ainsi coupables ?
On pourrait assimiler ce long métrage à un plaidoyer totalement bébête, d’un tout petit face à ses juges.
Les nostalgiques d’une certaine gauche de combat, augmenteront sans doute la note.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Faute_%C3%A0_Fidel_!
Nina Kervel-Bey
Julie Depardieu
Stefano Accorsi