Avis film. Cadet Rousselle, François Périer, casting raté. Hunebelle. 6/10

Temps de lecture : 5 minutes

La plupart de ces films d’aventure des années 50-60 se basaient sur des romans biens connus ou des récits légendaires tenaces.

Mais ici, pour le réalisateur André Hunebelle, tout commence par une chanson moqueuse du XVIIIe siècle. Chanson de l’ordre de la vrille musicale ou de la ritournelle, que notre génération avait bien enfoncée dans la tête.

La musique et les paroles entraînantes, veulent faire un sort à Guillaume Joseph Rousselle, ou Roussel, dit Cadet Roussel, tout en manifestant de la bienveillance : « Cadet Rousselle est bon enfant. »

  • Cette orthographe Roussel sans « lle » me rassure, car je l’ai toujours vue comme cela.

Ce personnage bien réel aurait été un huissier fantasque, qui politiquement allait dans le sens du vent. C’était lors de cette période troublée qui englobe la Révolution. Il ne devait pas être le seul, mais il y aurait mis un zèle tout particulier. Au delà de ça, sa profession a toujours été critiquée par le petit peuple non solvable et poursuivi.

C’est maigre comme point de départ, surtout si on veut passer d’un récit comique assez abstrait à une sorte d’épopée flatteuse, plantée dans de l’historique bien charpenté et du concret.

La comptine est assez paresseuse. On ne comprend pas très bien son succès. Elle tournicote sans trop de conviction sur le chiffre trois. Jugez par vous même la composante ternaire fort approximative (paroles complètes en fin de page) :

« Cadet Rousselle a trois maisons, trois habits, trois chapeaux, trois beaux yeux, une épée (et pas trois !), trois souliers, trois garçons, trois gros chiens, trois beaux chats, trois filles, trois deniers… s’est fait acteur, ne mourra pas. » – suivi bien sûr chaque fois de « Cadet Rousselle est bon enfant. »

André Hunebelle est bon enfant, puisqu’il fait du Cadet Roussel un personnage débrouillard, aux succès féminins nombreux et qui se hisse jusqu’au grade de général d’Empire. Un ensemble de contresens qui sont sans doute plus vendeurs pour le cinéma de 1954.

On est dans l’exploitation de la veine cape et d’épée épique, qui donnera aussi Le Bossu (Jean Marais, Bourvil) et Le Capitan (Jean Marais, Bourvil).

François Périer ne correspond pas du tout au rôle, que ce soit dans la version comptine ou dans la mise en scène de Hunebelle. Soit il aurait du faire dans le comique pur, ce dont il est incapable, soit il soignait le côté chevaleresque, justicier et jeune premier… et il n’est pas plus doué pour cela.

  • Il faut dire que Périer est meilleur dans les rôles clairs obscurs. Même sa vie est comme cela. Confer l’ambiguité sur son fils supposé Jean-Marie Périer, alors que ce dernier avait pour père Henri Salvador.
  • Je ne reviens pas sur toute sa carrière, mais je vais juste citer son excellent travail dans Les Nuits de Cabiria.

Il fallait un couple vraiment déjanté et bien tranché comme dans les Fantômas, de Hunebelle aussi. Avec un Jean Marais face à Louis de Funès. Ou dans ses autres films de cape et d’épée : Le Bossu (Jean Marais, Bourvil) et Le Capitan (Jean Marais, Bourvil). A la rigueur un Jean-Paul Belmondo face à ce Bourvil si peu convaincant ici. Il y a bien entendu bien d’autres candidats pour ce face à face.

Jacques Dufilho n’est pas terrible non plus dans ce rôle de directeur d’une troupe de saltimbanques.

Noël Roquevert joue comme on s’y attend. Il incarne ici un chef de la police borné et intransigeant.

Alfred Adam est égal à lui-même. Mais ce statut de bandit ne lui va qu’à moitié.

Les filles sont plaisantes, mais c’était du temps des femmes dévouées à l’homme. Ce qui surprendra les jeunes générations : Dany Robin nous satisfait en belle gitane. C’est une danseuse performante qui une fois calmée, assurera le repos du guerrier. Intéressante personne dont on parle trop peu cependant. Christine Carrère, la femme de Philippe Nicaud est une autre prétendante. Elle sera coiffée sur le poteau, tout comme la séduisante Madeleine Lebeau. Cette Madeleine est une grande dame, au look très années 40, ex épouse Marcel Dalio et qu’on a injustement oublié de nos jours. Bon point aussi pour Corinne Marchand.

Si on sort de ce casting raté, il reste quand même de grandes reconstitutions historiques avec une débauche de moyens. Dommage que tout ceci tombe à plat !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cadet_Rousselle_(film,_1954)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cadet_Rousselle_(chanson)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cadet_Rousselle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_P%C3%A9rier

https://fr.wikipedia.org/wiki/Film_de_cape_et_d%27%C3%A9p%C3%A9e

https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_Lebeau

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dany_Robin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_Carr%C3%A8re

Cadet Rousselle a trois maisons ;
Qui n’ont ni poutres ni chevrons.
C’est pour loger les hirondelles ;
Que direz-vous d’Cadet Rousselle ?
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois habits ;
Deux jaunes, l’autre en papier gris ;
Il met celui-là quand il gèle,
Ou quand il pleut et quand il grêle,
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois chapeaux ;
Les deux ronds ne sont pas très beaux,
Et le troisième est à deux cornes :
De sa tête il a pris la forme.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois beaux yeux ;
L’un r’garde à Caen, l’autre à Bayeux,
Comme il n’a pas la vu’ bien nette,
La troisième, c’est sa lorgnette.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a une épée,
Très longue mais toute rouillée :
On dit qu’ell’ ne cherche querelle
Qu’aux moineaux et aux hirondelles.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois souliers ;
Il en met deux dans ses deux pieds ;
Le troisièm’ n’a pas de semelle ;
Il s’en sert pour chausser sa belle.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois garçons :
L’un est voleur, l’autre est fripon ;
Le troisième est un peu ficelle,
Il ressemble à Cadet Rousselle.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois gros chiens,
L’un court au lièvr’, l’autre au lapin
L’troisièm’ s’enfuit quand on l’appelle
Comm’le chien de Jean de Nivelle.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois beaux chats,
Qui n’attrapent jamais les rats ;
Le troisièm’ n’a pas de prunelle ;
Il monte au grenier sans chandelle.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a marié
Ses trois filles dans trois quartiers ;
Les deux premièr’s ne sont pas belles,
La troisièm’ n’a pas de cervelle ;
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Rousselle a trois deniers,
C’est pour payer ses créanciers ;
Quand il a montré ses ressources,
Il les resserre dans sa bourse.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Roussell’ s’est fait acteur,
Comme Chénier s’est fait auteur ;
Au café quand il jou’ son rôle
Les aveugles le trouvent drôle.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

Cadet Roussell’ ne mourra pas,
Car avant de sauter le pas,
On dit qu’il apprend l’orthographe
Pour fair’ lui-même son épitaphe.
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment,
Cadet Rousselle est bon enfant.

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