Le vieux John Wayne arrive dans un petit village du far-west. Il va se faire confirmer son diagnostic de cancer stade terminal par le docteur James Stewart. En attendant il loge chez la veuve Lauren Bacall qui vit avec son fils Ron Howard
Voilà une distribution bien éclatante et qui donne de bons résultats.
John était un Shootist, quelque chose comme un tireur à gages, si j’ai bien compris.
Lauren tient une honorable pension de famille. C’est une femme racée et intelligente mais qui ne veut pas d’ennui avec un gars si dangereux.
Il y a toujours des revanchards pour embêter les Shootists, c’est comme cela.
Le film se terminera comme tous les classiques du genre par un duel méchants / gentil. On les voit bien venir ceux là et on se doute qu’il va y avoir du grabuge. Mais comme John est sur le point de mourir dans une affreuse agonie médicale, on sent également qu’une balle bien placée pourrait aider. Il sera donc forcément sacrifié. Et très curieusement ce sera le serveur du bar qui tentera la dernière fripouillerie.
Dans ces films moraux rien de ce qui touche le héros n’est vain. Et donc sa mort servira d’entraînement de tir au gamin Ron. Il aura son premier mort, ce qui s’apparente à l’ouest du Pécos à perdre sa virginité.
Quand je regarde ces « distractions », je ne sais pas pourquoi j’ai toujours Abilene et Nothing Gulch en tête. Et cela ne loupe pas puisque notre John Wayne vient justement de la ville du Texas Abilene. Bingo ! Pour Nothing Gulch c’est moins facile puisque c’est dans les BD Lucky Luke. D’ailleurs on retrouve le croque-mort empressé ici aussi. Qui a copié qui ?
Pour compléter, j’ai aussi le « no return, no return… » de la River of no Return, qui me scie le cerveau, quand je vois un film de cowboy. Mais qui s’en soucie, « no return, no return… »
Le Dernier des géants est un très bon film. Je ne dis pas cela par corporatisme, puisque le ressort principal est combat contre la montre contre l’échéance du cancer.
Non, c’est équilibré, moral mais pas trop (quoique) et surtout les comédiens sont d’une précision absolue. On croit dur comme fer à cette histoire (sauf le serveur tueur!)
Il y a bien entendu des faiblesses dont des a priori bien de là bas. Le pauvre journaliste passe pour un intello, ce qui est mal vu par un certain public. Il se fait traiter de tous les noms dont « petit merdeux de deuxième classe » et se fait botter le train comme le dernier des malpropres. Les Républicains doivent applaudir des deux mains. On n’en est pas encore à honorer les journalistes « fouteurs de merde » du Watergate, bien au contraire.
Le message répété par John Wayne est du style « ne te laisse pas marcher sur les pieds » et clairement ils revendiquent que tout le monde puisse avoir des armes à feu. Il entraîne même le petit en ce sens. C’est quelque part pour lui comme pour des millions d’Américains encore maintenant, « la voix (voie) de la raison »
Un autre trait réside dans l’individualisme forcené à peine écorné par la dégradation fatale. « Toute ma vie j’ai eu trop de fierté pour accepter l’aide de qui que ce soit. Vu mon état, il va falloir que je m’y habitue »
Ne faisons pas d’anachronisme, tous ces travers étaient assez communs à l’époque. Et puis il reste la beauté des bons sentiments tirés à l’extrême. La reconnaissance du disciple pour son maître. L’affection grandissante entre la veuve amadouée et le tueur un peu repenti. La connivence des acteurs. Et last but not least, cette belle dignité d’homme. Cela fait du bien.
Voilà une belle journée, un joli « petit printemps »
ps: il y a quand même quelque chose de dérangeant, dans le fait de laisser croire qu’on ne serait un homme que si l’on boit sans broncher un litre de whisky. Faut pas pousser, ça c’est tout bonnement mortel !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rivière_sans_retour
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_des_g%C3%A9ants