Avis film. Diên Biên Phu. Schoendoerffer. Honneur de l’armée française. 8/10

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Pierre Schoendoerffer s’est attaché à défendre l’honneur de l’armée française, dans ce début des années 90, à un moment où c’était très mal vu.

A présent, la faiblesse de cet organisme est flagrante. Les rétrécissements de budget sont en cause. Ils ont été suscités par cs « pacifistes », et autres avatars bobo, qui croyaient bêtement à la fin de l’histoire. Que n’a-t’on pas entendu sur ce thème, dont le fait que c’était l’accumulation de matériel qui suscitait les conflits. Oublié l’aphorisme de bon sens : Si Vis Pacem, Para Bellum.

Les technocrates grippe-sous, ont économisé surtout là où cela ne faisait pas trop de bruit. Ils ont grandement contribué à laisser l’institution de la défense, mourir à petit feu.

  • On a fait de même avec la santé. Les militaires ne font pas grève. Les personnes de santé sont réquisitionnés et chez eux la grève ne se voit donc pas. Deux proies faciles.

Dans un conflit dur, on pourrait tenir 6 jours à peine, avec ce qui nous reste de matériel et de troupes valides. On aurait privilégié l’échantillonnage d’armes-vitrines. Les affaires avant tout. Il fallait vendre le plus possible à l’étranger.

En tout cas ce sont les chansons de sirènes qu’on entend. Alors qu’il faut soutenir l’Ukraine par une aide militaire déportée, on voit bien que nos armes « à la pointe » n’intéressent pas grand monde.

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Ce film est assez réaliste quand il s’agit de retracer, presque de jour en jour, la dernière grande bataille du conflit Viêt Nam / France. Ce fut, en 1954, une grande défaite française. Schoendoerffer a réussi à tourner dans le pays d’origine avec l’aide de l’armée rouge de cette contrée. C’est très visible avec la déferlante finale de milliers de Viêts armés sur la cuvette de Diên Biên Phu, 40 ans après le drame.

La petite histoire mettant en scène Donald Pleasence en tant que journaliste américain qui cherche à l’info du début de l’offensive, est un peu puérile et inutile.

Plus intéressante est l’étude de quelques caractères qu’on revoit par la suite dans ce sinistre combat. C’est esquissé à grands coups de crayon.

Visiblement Schoendoerffer a cherché à montrer l’engagement total de ces combattants sur ce terrain très difficile. Il y a des forts, il y a des faibles… et il y a même des humains qu’on nomment « rats ». Et le curée fera pour lui le service minimum. Il s’agit bel et bien la tragédie humaine et non pas la très bourgeoise comédie humaine.

La participation inconditionnelle de la Légion est bien portée à l’écran.

C’est un guerre de tranchée bourbeuse, putride, nauséabonde, comme on nous l’a relaté pour l’enfer de certains sites de la première guerre mondiale. Et on ne peut pas ne pas penser à l’Ukraine et à ses cris de détresse, lors de cet hiver 2022/2023. Certains affirment qu’ils perdent la vie ou sont blessés grièvement pour nous.

Au total, on ne se mettra pas forcément au garde à vous, mais on montrera davantage de respect pour ces sacrifiés. Ce sont les politiques qui sont à blâmer, pas ces exécutants obéissants qui sont dans la gadoue et la purée de corps humains.

Le service cinématographique des armées prenait des risques lui aussi. P. Schoendoerffer en fit partie. Il n’a pas oublié. Il en est de même du service de santé, qui en a bavé lui aussi. C’est bien raconté. On voit bien les choix difficiles des médecins.

Le parallèle « romantique » entre les prestations larmoyantes de la violoniste incarnée par Ludmila Mikaël et les scènes de combat, a pris un sérieux coup de vieux.

Plus cocasses sont ces paris divers et variés sur les hostilités. Ces asiatiques d’Indochine sont joueurs. On le sait. Pour le divertissement, on a le droit aussi à des scènes de Lotus bleu et aux Pousse-pousse. Manque plus que Mitsuhirato.

Ambiance Nuits de Chine et Un singe en hiver, avec ce bar et sa patronne. « Les gastronomes disent que c’est une maison de passe et les vicelards un restaurant chinois » Audiard.

Bien que ce film de plus de deux heures, soit tourné sous la surveillance des dirigeants du Vietnam militant, Schoendoerffer n’hésite pas à envoyer ce pavé dans la mare. 7000 prisonniers français ne reviendront jamais. Il le mentionne clairement. Lui même sera capturé, mais relâché quelques mois après. Ce qui en dit long sur les geôles et les tortionnaires de ce « paradis communiste ».

Ce film pourrait presque passer pour un documentaire. Il se situe au plus profond de l’action. Il a pas mal de cette vérité dans l’urgence du talentueux film de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan, qui viendra un peu plus tard en 1998.

Le film en soi ne vaut pas 8/10. Mais l’ambition honorable de ce scénario et le courage certain de son auteur, dans la ligne de son ami Joseph Kessel, méritent qu’on attribue à présent cette note. C’est plutôt par souci de réhabilitation. Comme si notre génération devait payer ainsi son insouciance un peu stupide d’alors.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Di%C3%AAn_Bi%C3%AAn_Phu_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Schoendoerffer

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