La Nuit quand le diable venait – Voilà un titre lamentable, aguicheur et totalement bidon
C’est du bon cinéma allemand, précis et tendu.
On est loin ici des scènes « gore » de SS en furie, qui « frappent », avec le maximum de brutalité, et qu’on nous sert habituellement.
C’est un film courageux fait par les Allemands, 12 ans après la guerre. Et il parle de la traque d’un criminel en série demeuré. Cela a eu lieu sous Hitler, qui s’est empressé de mettre cette grosse bavure des ses services policiers, sous le tapis.
Une partie de l’histoire nous montre un bon flic qui travaille dans le système (nazi), mais qui croit lui dans les valeurs plus universelles. Il cherche à se faufiler à travers les gouttes. Il est bien joué par Claus Holm.
Là, il va devoir s’occuper d’un simple d’esprit qui est un grand criminel en série, Bruno Lüdke, très bien incarné par Mario Adorf. C’est une histoire vraie.
Le bougre qui est d’une force physique extraordinaire a étranglé environ 80 femmes, juste comme cela ou pour piquer le porte-monnaie.
Un lampiste du parti nazi va se trouver accusé à sa place, pour un des meurtres, en raison d’un mauvais concours de circonstance. C’est ce meurtre qui est à l’origine du dévoilement de toute l’affaire.
Les nazis qui sont un peu déroutés par les évènements, ne savent pas vraiment sur quel pied danser. Leur seule préoccupation étant de préserver l’apparente efficacité du régime. L’exécution d’un simple pion n’ayant aucune importance en soi.
Mais ils se sont aussi rendu compte qu’ils pouvaient aussi travestir ces méfaits d’une manière qui pourrait leur être idéologiquement profitable.
Ils chercheront tout d’abord à essayer de disculper le petit chef nazi, tout en croyant à sa culpabilité. Le parti devant être sans tâche. Pourtant ce n’est pas le vrai coupable, mais ils ne le savent pas encore.
Puis un grand dirigeant local, changera le paradigme. Il privilégiera la mise en cause du débile. Les temps ont changé et cela pourrait justifier une euthanasie généralisée de type T4. Il faut des alibis pour se débarrasser de ces « sous-hommes ».
Mais Hitler lui même les fera revenir en arrière, car avant tout il faut conforter le principe de l’infaillibilité du parti. Il n’est pas question que le système judiciaire tenu par ses sbires, apparaisse comme étant passé à côté de 80 meurtres, commis par un seul homme, et ce sur plusieurs années. Il vaudra mieux alors enterrer l’existence du simplet. A sa place, le nazi incriminé à tort au début, fera l’affaire. Il doit être jugé et exécuté pour l’exemple.
La problématique est bien mise en place. C’est bien sûr, la fin qui justifie les moyens, ou bien en d’autres termes, la raison d’état. On peut changer les personnages et les époques, mais cela reste un scénario éternel.
Face à cela, le fin limier en dissidence est en mauvaise posture. Il a su retrouver le vrai coupable et le faire parler en douceur. Son dossier est béton. Il est intelligent et obstiné. D’où un jeu subtil avec les autorités. Lesquelles sont enfermées dans leur glaciale anti-morale et prêtes à tous les revirements qu’on leur impose d’en haut. N’étant même pas au parti, et qui plus est, imprégné de valeurs non nihilistes, le flic intégre sera toujours borderline.
Il est abord été considéré comme un policier talentueux, à qui on peut donner tous les moyens. Vu de loin il est assez neutre mais pas totalement incompatible avec la cause nationale socialiste.
Il est bien utile dans le premier montage, qui vise simplement à connaitre la vérité.
Mais lors du changement de cap final, son souhait de poursuivre le vrai coupable, n’est plus le bon objectif. Ses capacités et son intégrité, le condamneront. Par « indulgence », on l’enverra se faire tuer comme simple soldat sur le front Est, lui l’ancien capitaine.
Il y a bien aussi une petite histoire d’amour, mais c’est sans importance.
C’est du bon cinéma allemand. Le film est conduit par des acteurs sérieux et solides. L’affaire tient la route comme une bonne vieille Mercedes.
Oscar du meilleur film étranger.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_quand_le_diable_venait
Claus Holm
Annemarie Düringer
Mario Adorf
Le fou au 80 victimes communique avec le fin limier