Ce fut le dernier long-métrage du regretté Louis Jouvet. Cette pointure du cinéma et du théâtre, incarne un modeste inspecteur parisien. Et bien entendu, cette forte personnalité sort vite du cadre.
Il voudrait bien comprendre pourquoi ces deux tourtereaux tout mignon, joués par Daniel Gélin et Dany Robin sont morts assis bien tranquilles, dans ce vieil autobus, laissé à l’abandon dans une casse.
Pour son supérieur, l’affaire est close. C’est un suicide d’amoureux, il n’y pas à chercher plus loin. Pourtant ces deux là s’aimaient d’amour tendre. Pourquoi donc en finir, quand on est au septième ciel ? Jouvet subodore que ce drame cache quelque chose.
Il finit par comprendre que les riches parents de Dany ne voulaient pas de mésalliance avec Daniel, le petit aide comptable, qui travaillait pour eux.
Georges Chamarat incarne le père miteux de ce Daniel. Un sculpteur sans génie et sans finance, qui ne sculpte plus. Il s’est mis à la colle avec une femme très vulgaire, Renée Passeur. Il est bien incapable de défendre son fils Daniel. Jadis, lui aussi a travaillé chez le père de la fille Dany. Il s’est livré à des malversations. Mais ce père et patron, Marcel Herrand, n’était pas clean non plus. Sa compta était volontairement truquée.
Les deux familles ont donc déjà vu leur destin se croiser ; surtout dans la médiocrité.
Fort de son ascendant sur le pitoyable Georges, l’autoritaire Marcel, finit par obliger ce père peu reluisant à trahir les deux enfants. Il révèle qu’ils se sont sauvés au Touquet (Paris-plage).
Il y a des menaces d’accusation de détournement de mineure, la « petite » n’ayant que 18 ans et son amant 23 (il en fallait 21 à l’époque pour être majeure).
Jouvet met les pieds dans le plat chez les uns et les autres, tout en lâchant de fausses assertions. Il se fait sermonner par sa hiérarchie. Les riches apeurés, ont ameuté des supérieurs très haut placés.
- Il y a donc tout un aspect dénonciation des privilèges et du mépris des nantis. Mais ces « salauds de pauvres » ne sont pas épargnés non plus.
Jouvet insiste et se permet d’insulter vertement ce petit monde, tant leur bêtise a été grande. Ils auraient mieux fait de céder à cet amour sincère et lumineux. Il n’y aurait pas eu de drames.
- Pour ceux d’en haut, ceux qui s’opposent, c’est tout la problématique de la dispersion du patrimoine qui est en jeu. Le mariage devant être « de raison ».
- Pour les petits, c’est clairement le coup de l’ascenseur social maintenu en panne par les privilégiés. C’était très criant à l’époque.
Les dialogues de Michel Audiard sont très bons, quoiqu’ils n’aient pas le contenu Lao-Tseu et le ton gouailleur, que nous leur connaissons habituellement. Il est également scénariste sur ce tournage.
Daniel Gélin est ici très naturel et bon acteur. Ce n’est pas toujours le cas dans ses premiers rôles.
La Poupée Barbie, Dany Robin, nunuchise à mort. C’est le syndrome « Sois belle et tais-toi ». Il ne faut pas lui en vouloir, c’est ce qu’on attendait des filles à l’époque. En tout cas, c’était comme cela dans les représentations que l’on s’en faisait le plus souvent au cinéma.
Yolande Laffon, la mère soucieuse de l’étiquette et passablement pincée, s’en sort très bien.
Le réalisateur Guy Lefranc a quand même mis en scène le fameux Knock, avant de faire du moins bon comme laissez-tirer-les-tireurs ou du bien pire.
PS : verdict , empoisonnement au cyanure. Ce qui ne colle pas avec la clinique médico-légale. Ils sont pâles et semble dormir, alors qu’une intoxication avec cette molécule, amène une coloration intense de la peau / cyanose et plein d’autres signes bien visibles (écume dans la bouche, pupilles dilatées…).
https://librecritique.fr/laissez-tirer-les-tireurs-avis-eddie-constantine-resume-1964-6-10/



https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_histoire_d%27amour_(film,_1951)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Lefranc_(r%C3%A9alisateur)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Intoxication_au_cyanure
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01237734/document
