Ce communisme d’embrigadement, qui organise la surveillance policière des consciences, devient vite un affreux totalitarisme.
Il en est de même d’un certain anticommunisme. Celui de McCarthy en est l’exemple le plus frappant.
C’est ce qu’à voulu épingler George Clooney, en réalisant ce film.
Il s’agit du récit assez fidèle, d’un journaliste de télé renommé, dans les années 50, qui ose se dresser contre la croisade forcenée du sénateur républicain.
La cause est juste et méritante.
De plus en plus d’Américains commencent à se lasser de cette haine permanente. Le fruit est mûr. Encore faut-il savoir le cueillir. Edward R. Murrow va instruire le procès médiatique. Il démonte les méthodes du politicien paranoïaque, en se basant sur les faits. Pour cela il s’aide des séquences télévisées et des propos du sénateur. Il finira par le mettre à terre.
Il réussit à entraîner son staff avec lui. Mais dans ce système TV mercantile, la hiérarchie a du mal à suivre. Les sponsors les lâchent. Ce n’est pas gagné d’avance. Un audimat en leur faveur, finira par faire taire les scrupules.
Il doit en permanence, mettre tout son poids dans la balance. Les jeux d’influence subtiles, la force de conviction, les arguments, sont au premier plan. Tout cela est assez bien montré dans le film.
McCarthy se défend. Il attaque directement ces journalistes, ad hominem. Il leur fabrique des accointances communistes, comme il en a l’habitude. Un des gars de la CBS, gravement mis en cause, finira par se suicider. C’est du lourd.
A l’évidence on doit tirer notre chapeau à ces quelques courageux. Ce qui ne signifie pas que l’on doive obligatoirement applaudir le film. La confusion est facile, attention !
Du point de vue scénaristique (sic!), il s’agit bien entendu de ce grand classique américain de l’homme seul contre un système inique, et qui finit par gagner.
Et puis on nous gave avec cette inépuisable cause « pavlovienne » de la défense des libertés. La cause qui est supposée faire dresser chaque citoyen US, comme un seul homme, sabre au clair !
Les spectateurs ne sont pas déroutés. Ils sont vite entraînés sur ces rails civiques si familiers.
Mais du coup, tout cela est presque un peu trop évident. Et donc, je suis partagé. Ce long métrage n’est sans doute pas un grand film, mais juste un bon reportage, assez fidèle avec d’assez bons discours.
Une fois qu’on a quitté la salle de projection ou son écran TV, on peut commencer à réfléchir. Pour McCarthy, c’est entendu.
Mais quant est-il de ce moralisme puritain et de cet idéalisme sommaire, qui s’agitent de l’autre côté ?
Que penser de cette main mise de quelques uns sur la télévision ? Les Murrow ou les Clooney d’aujourd’hui.
Quid de ces notoriétés qui se bâtissent à bon compte, sur le dos des bonnes causes, où juste parce qu’ils sont là et qu’ils monopolisent l’écran.
Ce sont des juges et partis, qui canalisent la critique à leur convenance, en ayant les rênes des médias. Et pour avoir le droit de passage, les autres doivent se prosterner et s’autocensurer.
Vous avez vu comme ces petits marquis se servent la soupe en permanence ?
Ces personnages sont devenus des divinités que l’on ne doit pas et qu’on ne peut pas offenser. Le moindre commentateur, y compris celui de la météo a maintenant le statut d’oracle et pas que dans son domaine. On scrute le moindre de ses faits et gestes comme s’il était un roi tout puissant.
Ceci explique cela – il y a comme un malaise : de nombreuses « nominations », mais peu de récompenses.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Good_Night_and_Good_Luck
David Strathairn
George Clooney
Robert Downey Jr.
Frank Langella