Avis. Haut bas fragile. Film – Rivette paumé – Résumé. (1995) 6/10

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Un film qui part dans tous les sens et dont aucun morceau n’est parfaitement abouti. Rivette n’avait pas besoin de forcer le trait pour qu’il y ait des ponts entre les trois récits. Cela fait truqué.

Il aurait pu en faire trois nouvelles et se donner davantage de peine, pour que cela soit réussi. C’est un peu je-m’en-foutiste cette affaire là. Cette pagaille est aussi due au fait que plusieurs acteurs se sont mêlés du scénario.

Nous ne sommes pas des suiveurs inconditionnels qui doivent accueillir toutes les manifestations de ce réalisateur, comme si c’était les paraboles d’un dieu vivant.

Il faut être tordu pour ne pas voir que les auteurs et acteurs sont arrivés les mains dans les poches et que tout a été conçu au fur et à mesure. Mais on trouvera toujours quelques esprits forts pour trouver cela « génial ». Vous comprenez « le metteur en scène leur laisse beaucoup de liberté ». Mon dieu qu’ils sont bêtes nos trissotins ! (*)

  • Il n’est pas compliqué de comprendre que le mot Rivette agit sur certains comme un reflexe pavlovien

C’est brouillon, discordant et cela a un sérieux goût d’inachevé. Tantôt c’est un film d’atmosphère faits de petits riens, tantôt c’est une comédie musicale avec quelques sympathiques envolées.

Il s’agit d’histoires assez paresseuses concernant trois jeunes femmes. Elles ont en commun d’être toutes maigres et passablement mal dans leur peau. On est loin des trois grasses Grâces. Leur jeu est daté et elles ne sont pas d’excellentes actrices. Leur prestation est juste moyenne.

– Une des filles, plus ou moins en rupture avec la société, sort de justesse d’une histoire criminelle. Son mec a planté son couteau dans un gars qui a osé la draguer. Voilà un évènement provocateur bien artificiel.

Elle se barre en catimini.

Elle n’a pas froid aux yeux et retombe toujours sur ses pattes. Elle prend un petit boulot et va piquer dans la caisse… sans se faire prendre. Une autre sera virée à sa place, mais cela ne lui fait ni chaud ni froid.

C’est elle qui mène la danse, au propre comme au figuré. Elle est interprétée par une vraie danseuse professionnelle : Nathalie Richard, une femme assez énigmatique, en tout cas dans le film.

Elle n’est pas si belle que cela, mais son côté apache et ambigu est plutôt troublant. Il y a en elle de l’indicible et de cet éternel féminin (n’ayons pas peur des mots), fait de variabilité selon le « feeling » et les situations. Elle se veut aussi insaisissable qu’une banale anguille. Rassurons les féministes, il y a aussi des hommes comme cela.

C’est elle qui choisit, et peut-être ne sommes nous pas encore habitués à cela.

Les danses qu’elle interprète, avec ces rapprochements, ses éloignements, ses promesses ou non, disent la même chose ; cette impérieuse nécessité de coller à l’instant sans recul. En cela en raconte plus qu’un long discours. C’est sans doute un des rares points d’intérêt du film. Mais cela a été mieux montré dans Le Bal d’Ettore Scola (1983).

– Une autre jeune femme, jouée par la fade Marianne Denicourt, est d’emblée dans une situation tout aussi ubuesque. On apprend (tardivement) qu’elle vient de sortir d’années de coma ; tarte à la crème de mauvais scénario.

Elle est brinquebalée dans plusieurs situations hermétiques, dont on apprend, par ci par là, la signification. Un suspense de pacotille. Et comme elle ne veut pas être confrontée trop brutalement à sa vie d’avant, son père la protège à distance. Mais son père ne serait pas le saint homme qu’elle croit. Là encore, un rajout bien inutile.

– La troisième travaille dans une bibliothèque et elle ne sait pas qui elle est. Elle le dit comme cela. Elle a été adoptée et recherche sa vraie mère. Une chanson ancrée dans sa tête la mettra sur la voie. C’est Laurence Côte qui s’y colle et elle ne laissera pas un souvenir impérissable.

– Apparition courte et inutile d’une Anna Karina défraîchie. Ce qui n’arrange pas l’ambiance morose du long métrage.

Les hommes ont tous le mauvais rôle. Et quand ils s’approchent trop près de ces donzelles (peu appétissantes), en particulier les deux premières, ils avancent penauds, tant ils craignent de se brûler les doigts. C’est le cas en particulier de André Marcon, qui n’est pas un mauvais comédien, mais qui fait ici ce qu’il peut avec ce qu’il a.

Cette plaisanterie, qui a sans doute une revendication « poétique », dure 169 minutes ! C’est long pour une poésie faite d’une prose cinématographique si banale.

(*) si vous avez envie de rire, prenez connaissance de la critique « béate » de Serge Kaganski. Le réalisateur illusionniste a bien réussi à l’embarquer.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Haut_bas_fragile

Nathalie Richard
Marianne Denicourt
Laurence Côte

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