Avis. Hors contrôle. Zac Efron, Adam DeVine – Résumé. (2016) 4/10

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Mike and Dave Need Wedding Dates

Pour pouvoir assister au mariage de leur sœur à Hawaï, deux frangins incorrigibles cherchent deux jeunes femmes qui présentent bien.

Pour ce faire, ils mettent en ligne une offre attrayante. Qui pourra résister à un voyage de rêve gratuit dans cette île avec ces beaux jeunes hommes (Zac Efron, Adam DeVine) ? L’annonce devient virale. Leur affaire passe même à la télé. Deux donzelles déjantées remportent la mise en réussissant à se faire passer pour des BCBG (Anna Kendrick, Aubrey Plaza).

Il paraît que c’est basé sur une histoire vraie.

Peu importe.

En réalité c’est juste un film conventionnel de plus sur de turbulents grands ados trop gâtés et d’apaisantes familles bien pensantes.

Il n’y a pas de divergences fondamentales entre ces deux pôles. Les uns et les autres, à leur manière, ont besoin de se confronter pour trouver leurs chemins. Ils se renvoient la balle. Ils sacrifient aux rites bien connus qui leur permettent de retrouver ensemble le « juste » équilibre social. Hors de la famille établie et cadenassée par un contrat, point de salut.

Ils doivent passer par des épreuves. Et dans leur cheminement, ils vont redécouvrir cette optimisation qu’a formalisé le philosophe allemand Leibniz : Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Rentrons dans le rang.

Ainsi, on retrouve au centre du propos, le sacro-saint rituel du mariage grand spectacle façon US. C’est à dire une fiction de cinéma ultra-crémeuse qui a fini par devenir un modèle obligatoire pour les candidats fiancés.

Le cinéma américain des familles n’arrêtent pas de nous dire que le mariage, ce mariage, est la seule possibilité. Ils ressassent cela tant et plus qu’on finirait par se demander s’il n’y a pas un gros doute caché là derrière.

Et c’est cette copie d’un supposé mariage de rêve, créé de toutes pièces, qui doit devenir la réalité.

– C’est la même mésaventure pour ce château de la belle au bois dormant qui l’emporte maintenant sur les châteaux en vrai. Ils en étaient pourtant la source.

Et les nouveaux châteaux seront des copies de la copie. Et cela a bien sûr déjà commencé. Les exemples sont innombrables aux États-Unis. Bientôt les demeures seront inspirées des maisons Barbie.
– On peut citer aussi ces chambres nuptiales de l’âge d’or du cinéma et qui sont devenues les modèles inévitables des suites des grands hôtels américains.

– La chirurgie esthétique qui fait ressembler les jeunes femmes à des hamsters est du même ordre. A l’origine, la mode issue de je ne sais quel rêve enfantin de dessin animé. Puis le tout venant qui cherche à imiter les stars. Et des copies à l’infini. Sans qu’on ait à se souvenir des origines. La fiction grotesque est devenue le modèle.

Une fois qu’on est pris dedans, on ne peut plus échapper, puisque dans ce cycle il n’y a plus d’origine.

Dans cette disneyisation de leur « romance », les protagonistes vont même jusqu’à répéter leur rôle et faire un repas préalable de répétition ! Le mariage est scénarisé et doit être filmé.

Ce « scénario » est dans le film et c’est en passe de devenir le modèle européen. Alors que ce n’est absolument pas notre culture.

On retrouve dans cette fiction, toutes les phases cinématographiques bien connues du genre.

L’émotion plus ou moins sincère, plus ou moins forcée des héros du jour, le romantisme de pacotille, la conduite à l’autel, les nappes blanches, les fleurs, les speakers familiaux plus ou moins habiles, plus ou moins émouvants, plus ou moins provocants, l’hystérie de la meilleure copine, les doutes, les revers, les larmes et enfin obligatoirement retour à l’ordre cathartique… Le mariage aura bien lieu. Qui en doutait ?

C’est marrant comme tout cela est devenu d’un formalisme contraint et rigide. Même la volonté d’y échapper fait partie du train-train.

Ce sea-sex-sun & mariage édulcoré aura de quoi faire plaisir aux grands comme aux petits…

Pour une séance familiale du dimanche sans doute. On ira comme on allait jadis à la messe, pour entendre encore et toujours les mêmes rassurants rituels. Ite missa est.

Zac Efron, Anna Kendrick, Adam DeVine, Aubrey Plaza font leur cinéma. Irréprochables dans leurs gags potaches, leurs grimaces, leurs jolies frimousses. C’est à dire insignifiants.

Ils vont bien sûr au-delà de simples baisers. On les sent près à se lâcher dans la sexualité espérée… mais la « chose » est le plus souvent réfrénée… jusqu’au générique de fin avec last but not least, quelques secondes d’amour hygiénique pour le frère le plus en manque.
Ces films sont basés sur la frustration contrôlée du spectateur. C’est voulu (*)

L’amour qui fait tant peur à la culture wasp est à présent domestiqué. Ouf !

Qu’on se le dise, en amour il n’y a d’issue que le mariage et/ou les exploits de type salle de sport.

A l’instar de ce film, ce sentiment profond et central est devenu une ennuyeuse platitude périphérique !

Déviance autorisée :

– Sentimentalité de midinette, remise au goût du jour. C’est à dire qu’on a droit à quelques cochoncetés qui sont admises, à l’heure où je vous cause.

– Beaucoup d’alcool et quelques drogues. Le tout bien canalisé. On nous fait le coup chaque fois.

Et il faut que ça reste bien propret. On n’est pas dans les bas fonds quand même !

– Et pour les minorités, le quota d’homos, de gens de couleurs, est respecté dans le film. Et par exemple, le prétendant de l’ultra blonde est noir et bien noir.

Les animaux ne sont pas martyrisés dans le film. C’est garanti dans le générique.

Même pas drôle !

Les Américains semblent ne jamais se lasser de ce cocktail là. Moi si.

(*) frustration : Même dans les Scary Movies, en réalité il ne se passe jamais grand-chose à ce niveau. Le sexe est toujours remis à plus tard.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hors_contr%C3%B4le

Zac Efron
Adam DeVine
Anna Kendrick
Aubrey Plaza

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