Antoine de Maximy est plus un explorateur des mœurs, qu’un amoureux des panoramas et de l’architecture. Il délaisse rapidement les grandes villes où il atterrit, au profit de petits villages tristounets. Et là encore, il ne cherche pas les hébergements les plus confortables, mais le commun des gens. Et c’est souvent de l’habitat moche.
Les gueules qu’il rencontre sont plus ou moins sympathiques. Mais à partir du moment où il trouve de l’hospitalité, il entre vraiment dans la vie de ces personnes. Et c’est cette confrontation à l’ordinaire, le but qu’il recherche.
L’étrange mode de découverte des habitants d’autres pays, consistant quand même un peu à forcer leur porte, est à la fois sa force et sa faiblesse. Il y a une authentique sincérité dans cette prise de risque, mais elle est teintée d’une certaine angoisse. Que peut-on vraiment apprendre en quelques heures ? Mais la “provocation” d’un étranger de passage, peut être un révélateur.
Contrairement à tous ces confrères reporters et autres découvreurs d’anecdotes, lui il est réellement seul avec son accoutrement d’auto-vidéaste. Il n’y a pas quelqu’un en train de le filmer.
Il part comme un voyageur sans bagage ou presque. Du coup il flirte avec le vagabondage. Il en découle une certaine tristesse. Cela se voit dans ses yeux. De plus il semble vieux. Il l’a toujours été. C’est dans son esprit. Mais c’est aussi un camouflage, une ruse, car il suscite l’envie de le protéger.
- Un tout jeune n’y arriverait pas de la même manière. Ou alors un tout tout jeune. J’ai connu cela à 16 ans sur la route.
Il n’attend pas grand-chose de ses semblables, à part un peu de chaleur et un lit. Il y aura toujours une distance entre eux et lui. C’est fondamentalement un étranger. Et il le sera même à Lyon sa ville natale et peut-être même parmi les siens.
Pourtant regardez cette belle jeune Italienne sur la photo de devant, voyez comme elle s’abandonne. Mais elle, elle l’a reconnu !
Je vais faire ici son voyage à l’envers.
En 2015, il est déjà bien connu en Europe. Il aura donc un nouvel écueil dans ce périple en Italie, car il ne peut pas être décemment invité par des gens qui l’ont déjà vu à la télé. Et ils sont nombreux ceux là.
Il n’y parviendra pas tout à fait, en particulier dans cet hébergement dans ce petit village de Sardaigne qui clôt son périple. On l’a averti, il ne doit jamais refuser de partager un verre. Les conséquence d’un méprisable refus seraient graves. Et donc cette partie du voyage est partiellement embrumée par l’alcool.
A Bologne, il y a une réjouissante multitude de jeunes dans les rues et les bars. Bien que de nombreuses nationalités soient représentées, on est plus dans la chaleureuse tradition que dans la mondialisation. Mais désormais, il est clair que le modèle américain tend à laminer tout cela, au profit d’une culture macdo.
Il assiste à un mini festival de musique assumée comme folle.
A Venise, il s’agit d’éviter les visiteurs étrangers si nombreux. Un tour à la place Saint Marc est inévitable, mais il se dédouanera de faire du tourisme ordinaire, en parlant de crottes de pigeons.
Il finit par suivre l’avis des personnes du cru et se retrouvera dans un bar ordinaire. Là il fera la rencontre de « rescapés » de la période Hippie. Giorgio et Giovanna sont des vieux de la vieille. Ils maintiennent une petite activité artistique. Ce qui leur permet de retourner régulièrement aux Indes, leur vraie patrie spirituelle. Ces personnes âgées se sont cramponnés à leur rêve et ils ont réussi à garder le principal de leurs valeurs initiales. Ils sont même très à l’aise et la bonne bouille du patriarche nous envoie un beau message de liberté.
- Vraiment étonnant. Cela me rappelle ce que me disait mon défunt père, à l’époque où moi même j’avais parcouru, pendant une année, ces sentiers lointains : « Mais que deviendront ces hippies quand ils seront vieux ? » Eh bien ils ont disparu pour la plupart et quelques spécimens se sont maintenus et n’ont pas à avoir honte de leur destinée. Certaines de leurs idées « désarmantes » ont même fini par imprégner la société. On en constate aussi les excès imprudents, à présent, dans ce monde qui globalement n’est pas plus gentil.
On le voit, il y a finalement peu de renouvellement dans sa méthode. C’est la formule « naturelle » qui veut cela. On se doute bien que le risque pris de ne pas être logé est amorti par cette chambre hôtel qu’il a loué préalablement. Il n’est pas totalement laissé à l’abandon. Mais on sait que sa démarche presque naïve est vraiment sincère.
J’ai eu l’occasion de le voir « en vrai » lors de la projection de son film en 2008, J’irai dormir à Hollywood.
C’était à la fois curieux et inquiétant. Un membre de Walt Disney Studios Motion Pictures France le présentait presque comme une marionnette, le recadrant ici où là. Visiblement le big business tentait de l’assujettir pour faire rentrer le pognon. Pourtant il était vraiment comme on le voit à l’écran, sans malice, sans dessein caché. Je pense que l’esprit libre de Maximy est très difficile à enfermer. En tout cas espérons le. Et souhaitons lui bien des années de liberté encore.
PS: il faudra quand même un jour qu’il nous dise sincèrement ce qu’il pense des êtres humains.
https://fr.wikipedia.org/wiki/J%27irai_dormir_%C3%A0_Hollywood
https://fr.wikipedia.org/wiki/J%27irai_dormir_chez_vous