Avis. La colline a des yeux – Aaron Stanford – Résumé. (2006) 5.5/10

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Il est difficile d’être original dans un film d’horreur basé sur le surnaturel. Car faute d’un travail prospectif savant, le surnaturel en question est bricolé et tient très mal la route. (The Hills Have Eyes)

D’ailleurs les auteurs n’ont fait qu’un remake ici. C’est dire le saut quantique nécessaire pour sortir des sentiers battus.

On a à faire à des monstres dus aux interférences de radiations radio-actives. Cela a du se produire pendant les grossesses, lors des premiers essais aux USA de bombes atomiques. Mais il reste l’hypothèse hollywoodienne classique d’individus transformés a posteriori. Ces trucs ont même de petits enfants, bien déformés eux aussi. Il faudra qu’on nous explique comment c’est arrivé.

Avec de telles créatures, on est d’autant plus hors sol qu’il faut les rendre le plus possibles effrayantes tout en leur assurant un minimum de crédibilité. C’est un grand écart où la plupart se déchirent sauvagement l’entrecuisse, jusqu’à laisser voir leurs entrailles scénaristiques, pas très ragoutantes (tiens, je fais moi au aussi dans le gore)

Le générique de début a beau nous montrer des fœtus monstrueux dans des bocaux de formol, cela n’est pas un gage de viabilité de telles entités… Bien au contraire ! Mais on sait bien que ce procédé marche au niveau de la sensibilisation. Donner des grands coups sur la tête du spectateur, permet de mieux le faire sursauter à chaque bruit, chaque porte qui s’ouvre, chaque changement de ton dans la musique…

Et comme j’ai le tort de regarder cela avec une sono 9.1 d’enfer, je me suis laissé piéger par les fausses et les vraies alertes. J’ai fait quelques bonds, je l’avoue.

… et enfin on nous envoie des monstres au fur et à mesure. Là aussi c’est graduel. C’est toute une méthodologie. Toujours la même. D’abord des ombres, des borborygmes, des passages fugaces, des faux indices, des menaces invisibles portées par la musique glaçante, puis juste des morceaux de « la chose » – un bras pas très net – un pied bizarre -, et enfin un gars tout pas beau en entier, pas forcément le pire à ce stade. Il faut en garder sous le capot.

Le risque étant que le spectateur non suffisamment préparé se marre en voyant les affreux. Et de se côté, il faut bien dire qu’on est tenté aussi.

Et pour ce que les réalisateurs croient être les besoins en adrénaline du film, on rajoute autant de déformations que ne le peuvent les effets spéciaux. Et bien entendu à force ces monstres deviennent aussi improbables et même impossibles que des zombies. Vu leur état physiologique et toutes leurs pathologies évidentes, ils devraient être au mieux d’une faiblesse inouïe.

Mais là c’est tout le contraire, ils semblent quasi increvables. Assez résistants pour des « mal-cuits ». Et même après des coups mortels, des objets qui leur traversent le corps, ils trouvent encore le ressort pour être encore plus dangereux. Ce crescendo de l’horreur respecte ainsi le déroulé narratif habituel du genre.

Et cela saigne et cela pourrit de partout… Difficile de rester insensible quand on vous balance dans une sorte de mangeoire, pleine de jus infâme avec des morceaux d’humain pas si bien conservés que cela à votre contact. La maîtresse de maison, et/ou la bonniche, ne fait pas bien son boulot.

Bon je sais, je chipote et la plupart des aficionados ne sont pas venus pour un cours de fac ou des ricanements d’incrédules.

La famille qui est la victime a été volontairement égarée dans le désert par un pompiste pourvoyeur en chair humaine à ces « bêtes ». C’est un deal pour ne pas être mangé à son tour. Preuve que nos « amis » réfléchissent quand même et font des affaires. On aurait pu en douter. Le gars de la station service aurait quand même des états d’âme mais auxquels il saura mettre un terme… en se faisant exploser la tronche…. façon tabula rasa.

Il est curieux que nos petits gourmands immolent par le feu un père de famille bien gras avec de la bonne viande, alors que celui-ci aurait pu bien nourrir nos gastronomes. Ils n’ont même pas songé à en faire un barbecue roboratif. Pas si malins et pas si instinctifs que cela non plus.

En mettant tant de personnes dans ce gros 4×4 avec une grande caravane attachée, on s’assure pas mal d’action. D’abord l’exposé des petits tracas familiaux chez ces messieurs et mesdames tout le monde et leur progéniture, puis une mise en péril et des péripéties pour chacun. Il faut tenir les 107 minutes. La logique filmique veut qu’on en tue quand même quelques uns de temps en temps. Et la morale immanente fait que les plus authentiques – les moins coupables ? – sont à peu près épargnés pour le final. Il va quand même manquer quelques doigts. Mais rassurez-vous le bébé est sauf. Il semble que les horribles aient dans leur contrat d’échouer à manger ce délicieux petit déjeuner. Et ce n’est pas faute d’essayer !

Comme on peut le voir, c’est aussi prévisible, redouté et parfois apprécié, que ne peut l’être la maison de l’horreur dans les parcs d’attraction. Ça me fait penser à un en particulier à Madrid où ce qu’on prenait pour un mannequin couché, ensanglanté et lourdement grimé, s’est révélé être vrai et nous a sauté dessus. C’est vrai qu’on en mène pas large !

Et c’est de la foire et juste cela… comme ce film. Qui donc aura l’audace et l’intelligence de nous faire du surnaturel crédible ?

Tourné dans le désert de Ouarzazate au Maroc, avec finalement assez peu d’investissements, il a fait du pognon.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_colline_a_des_yeux_(film,_2006)

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