Grandeur et décadence d’un mannequin, d’une idole surréaliste et d’une photographe de guerre, Lee Miller.
Le fil conducteur fait tout pour qu’on se demande ce qui suit : comment est-il possible qu’une femme qui avait tout pour elle, ait pu dégringoler autant ?
Le problème c’est que désormais tout le monde se croit psychologue, psychanalyste ou psychiatre. Surtout dans ce genre de documentaire. C’est un hobby d’investigation, qui s’applique à des biopics et des sujets assimilés. Il semble que ces mécanismes explicatifs simples plaisent singulièrement sur Arte.
Notre limier en herbe s’appelle Teresa Griffiths. Cette réalisatrice vient du Royaume-Uni.
C’est une maline, elle n’abat sa carte maîtresse qu’à la dernière minute. Il faudra donc patienter.
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Lee Miller a été exceptionnellement jolie et gracieuse, dès sa prime jeunesse. Son père l’a photographié sous toutes les coutures. On a de très beaux clichés où adolescente elle est totalement dénudée, sa belle poitrine bien en avant. Ce qui choque encore maintenant les Américains cultivés mais pudibonds, qui commentent ici.
Le fils de Lee a qui on a caché tout cela, est un homme plutôt âgé maintenant. Il est encore révolté par ces clichés.
La conceptrice de ce documentaire nous donnerait-elle une piste sérieuse avec cette suspicion incestueuse, en pensée ou en acte ?
Condé Nast la remarque et la met en sur la couverture d’une de ses prestigieuses publications Vogue. Sa carrière de mannequin est lancée.
Plus tard, elle veut apprendre la photographie et pour cela elle tente de fréquenter les plus grands. Edward Steichen a fini par accepter de l’aider, après qu’elle ait tant insisté.
Sur le conseil de ce photographe émérite elle rejoint Paris, capitale des arts, et Man Ray en particulier.
Il l’a accepté, il l’a formé, il a eu une relation suivie avec elle. Ah ces hommes, ils ne donnent rien sans rien !
Le Surréalisme passe pour un repère de satires aux USA. On tolère une certaine « licence » poétique, mais quand même, on montre bien que cela ne doit pas s’étendre à toute la société. Ils sont marrants ces Américains. Ils ne s’étonnent pas plus que cela qu’il faille aller à Paris à cette époque pour écouter du Jazz bien de chez eux !
Notre reine de beauté développe un style photo personnel.
Je passe sur toutes les turpitudes de la jeune femme. On a les négatifs !
Elle convole un moment avec un Égyptien compréhensif, mais elle s’ennuie là bas. Il lui offre d’aller seule en France un court moment. Notre parangon de vertu, notre idole de la liberté, en profite pour se coller au premier venu, qui n’est pas un premier venu et ne pas revenir. C’est l’écrivain surréaliste anglais Roland Penrose.
Grâce à ses relations avec les revues de type Vogue elle parvient à être accréditée comme photographe de guerre. Là le pathos y va dans toute sa puissance. Elle boit certes, mais il faut qu’on comprenne bien qu’elle souffre avant tout de cette atroce guerre. Guerre qu’elle a cherché, qui la fait frissonner et qu’elle trouve jolie.
Quelques heures de témoignage à Buchenwald et Dachau, l’auraient précipité un peu plus dans la dépression. Ce qui ne l’empêche pas de se régaler d’un bon bain dans la baignoire d’Hitler. En plus cela fera une photo bien vendeuse… publiée tout autour du monde. Au moins elle a gardé son sens de la publicité.
Le reportage étant fait par une femme, elle se devait de nous chanter un couplet féministe. Cette Lee est un précurseur (une précurseuse?), une femme libérée avant l’heure. Il est évident que ce sont les hommes les responsables de ses malheurs. Et ça y va ! Comme untel a pu lui faire ceci et un autre cela ?
Elle finira hébétée en étant même incapable de raconter son histoire à son fils Anthony. Il sera élevé par une nanny.
Il avoue ne pas avoir été plus tourmenté plus que cela à la mort de Lee : “She was a hopeless mum. She had no natural maternal instincts » « She was a useless drunk… most of the time she was demanding and feckless and throwing dramas at every possible thing ».
Cet alcoolisme pourrait à lui seul expliquer bien des choses. Mais c’est évidemment moins vendeur que le psychologisme de sens commun.
Lorsque Anthony découvre le trésor caché de ses photos et il entreprend de faire le business de sa mémoire et de celle de son père (The Lives of Lee Miller).
Et donc finalement qui est le grand coupable de sa descente aux enfers ? Un homme forcément !
Son père ? Condé Nast ? Edward Steichen ou George Hoyningen-Huene ? Man Ray ? Aziz Eloui Bey ? Roland Penrose ? David Sherman ? Tous les hommes en général ?
Une intervenant excitée tente de nous convaincre que le plus grand fautif serait Penrose… parce qu’il l’a amené à la campagne !
Non la surprise nous a été bien cachée, comme je vous l’ai dit plus haut.
On découvre enfin qu’elle a été violé à sept ans et qu’elle a même chopé une MST de ce fait. Tout cela a été dissimulé et du coup elle aurait développé toutes ses névroses et son terrain dépressif. C’est le syndrome de la cocotte minute bien connu des ménagères. On garde tout pour soi et un jour cela explose.
Je vous l’avais dit, on n’en a pas fini avec la psychologie en amateur, cela maintient l’attention comme pour les suspenses bien connus des thrillers
https://www.arte.tv/fr/videos/092125-000-A/lee-miller-mannequin-et-photographe-de-guerre/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lee_Miller