Avis. les assassins sont parmi nous – Hildegard Knef – Résumé. (1946) 7/10

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indéniables qualités graphiques…  au service d’une bonne cause.

La guerre à peine terminée, des Allemands « de l’Est », entreprennent un bon film, surtout par ses qualités graphiques, et qu’on pourrait qualifier de « résistant ». C’est le premier film allemand de cet après-guerre.

Deux personnes meurtries par le conflit mondial, rentrent chez elles. La ville est détruite et l’appartement qu’ils vont occupés tous les deux, est en très mauvais état.


La belle est très bien jouée par l’envoûtante Hildegard Knef. Elle revient d’un camp de concentration et les dommages sont plus psychiques que physiques. Cependant elle veut revivre et oublier le passé. Ce logement lui appartient.

  • Curieux paradoxe de l’histoire, la lumineuse et sobre Hildegard Knef du film, connaîtra certes une brillante carrière, mais terminera sa vraie vie dans la déchéance de l’alcool.

Le Docteur, plutôt bien interprété par Ernst Wilhelm Borchert, squatte cet appartement dont cette propriétaire semblait disparue à jamais. Il sombre dans l’alcool et s’enfonce de plus en plus dans ses mauvaises pensées. Il est incapable de travailler. Il devient misanthrope.

A la base, il a assisté à une scène terrible, qui l’a complètement déboussolé.

  • Lors du Noël 1942, Son capitaine a délibérément fait fusiller des centaines de Polonais, dont une grande partie étaient des femmes et des enfants. Le médecin a eu beau protester, invoquer la trêve de ce jour sacré, il n’a pas pu changer le cours des choses. Au contraire, il s’est fait admonester par ce nazi, qui critiquait sa faiblesse.
  • Puis, droit dans ses bottes, totalement dédié à la cause, le capitaine a présidé gaiement la fête, comme si de rien n’était. Sans le moindre remord, au contraire. Ce n’est pas un être foncièrement cruel, c’est plutôt une autre incarnation de la banalité du mal (Hannah Arendt)
  • Depuis le capitaine s’est mué en un patron bienveillant. Son entreprise de taille moyenne est prospère. Il transforme maintenant les vieux casques en casseroles, comme d’autres ont transformé il y a peu les vieilles casseroles en casques.

Tout le film repose sur les conflits intérieurs. Le médecin pense devoir liquider lui-même ce criminel de guerre. Il s’approche du chef d’entreprise, observe sa conversion avec dégoût et se retrouve plusieurs fois sur le point de l’exécuter. Mais chaque fois, une sorte de providence l’en empêche.

Et l’amour qui a fini par poindre entre les deux colocataires, fera que le médecin, n’ira pas jusqu’au bout.

Le film se termine par un couplet très moralisateur, visant à privilégier les recours légaux contre ces assassins de guerre. Il paraît que cette fin a été dictée par les autorités.

Ce rappel à l’essence de la justice était sans doute indispensable, si peu de temps après la fin du conflit.

Les auteurs ne pouvaient pas savoir alors, que tant de ces « maudits » allaient échapper au filet.

Le film a des qualités visuelles certaines. Le noir et blanc est très bien utilisé. Vraiment du boulot très professionnel. Les visages sont montrés avec beaucoup d’expressivité. Et les plans sont bien enchaînés, avec ce qu’il faut de savants fondus.

On peut sans doute regretter des caractères un peu caricaturaux et quelques invraisemblances.

On a maintenant un peu plus de recul et on ferait sans doute autrement. Mais il ne faut pas faire d’anachronisme. Ce film porte un réel sentiment vengeur qui vient en droite ligne des exactions du conflit. Et à l’époque, c’est tout frais et il y a de quoi s’emporter.

Le film interroge avec justesse sur ces nazis convaincus qui savent si bien se transformer ensuite en bon citoyen et bon père de famille.

L’étude du phénomène inverse pourrait se révéler bien intéressante. Quels sont les « symptômes » précurseurs de la transformation de personnes ordinaires, fondues dans la masse et qui deviendront les bourreaux de demain ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_assassins_sont_parmi_nous

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