Avis. Les Centurions – Film guerre Algérie – Résumé (1966) 6/10

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Ouille ! Ce n’est pas à proprement parler un divertissement mais un sujet qui se trouve être aussi de nature profondément politique. Les « évènements » d’Algérie !

  • Les Américains ont l’habitude de jongler avec leurs démons de la guerre de sécession. Leur cinéma ne craint pas de parler de cela. Et grosso modo, ils semblent s’honorer que les nordistes anti-esclavagistes aient gagné. A ceci près, qu’ils ont pratiqué la ségrégation raciale encore bien longtemps après, jusqu’en 1964 officiellement.

Pour les Français c’est une toute autre affaire que d’évoquer la guerre d’Algérie. Ce que certains appelaient les « évènements » pour en minimiser la portée. Cela a pourtant eu aussi un sérieux parfum de guerre civile, sur fond d’émancipation ou non de citoyens de deuxième zone. Ce n’était pas des esclaves stricto sensu, mais des personnes qui n’avaient pas la liberté à laquelle ils aspiraient.

Il y a-t-il eu ou non une mission colonisatrice ?

Les choses se compliquent encore avec les Algériens en France et les Franco-Algériens, qu’ils soient de la première à la dernière génération.

Nous les Français, nous sommes des colonisés. Et quand je vois un Italien, je me garde de lui faire porter le fardeau de la colonisation romaine. Et je revendique même tout haut d’écrire les siècles et les codes de paragraphes avec des chiffres que l’on doit à ces envahisseurs. On a pris également les chiffres arabes et je ne m’en plains pas !

A vrai dire, je n’ai pas d’opinion vraiment claire sur cette problématique du tournant des années 50 et 60. J’ai juste le souvenir de nouveaux camarades qui sont apparus de nul part à ce moment là. Ces rapatriés étaient des enfants comme nous et ne racontaient pas leur histoire. Il y avait là derrière comme un sentiment de culpabilité.

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Le film synthétise l’histoire de ces parachutistes qui sont intervenus en Algérie. Ce sont d’abord des soldats qui ont combattu en Indochine. C’était des machines à tuer et des combattants sans peur. Lorsque après la défaite de Diên Biên Phu. Ils ont été libérés, on a dissout leur groupe.

En raison d’une situation militaire compromise dans le Maghreb, on a cru bon de reconstituer leur corps, sous une autre appellation.

Le chef qui est inspiré par Marcel Bigeard est joué par un mastodonte, Anthony Quinn. Il inspire ses hommes et les poussent jusqu’à leur dernier retranchements. Il ne craint pas de les former par la violence. Dans le film, ce commandant de premier ordre semble n’être impliqué qu’indirectement dans la torture et les crimes de guerre. Mais il couvre les affaires et finalement en tire profit.

On va lui confier une sorte de coup d’état militaire, c’est la Bataille d’Alger. Il a carte blanche pour en finir avec le terrorisme et ne s’en prive pas. Des débordements inconcevables vont ternir à jamais l’image de la France. Mais pour un temps les autorités pensent avoir jugulé la résistance. Et le robuste Anthony Quinn sera promu Général.

La problématique de la torture est amenée de manière classique. C’est toujours les mêmes prémisses peu pertinents finalement, qui a commencé ? Et puis qu’auriez vous fait si des vies proches étaient en jeu et dépendaient uniquement d’une information rapide ?

De toutes façon toutes les guerres sont atroces. Et aucun peuple ne peut être tenu uniquement par la coercition. Ce qui devait arriver, arriva. Ici comme ailleurs. Ironie de l’histoire, il n’y a guerre que la colonisation américaine, celle qui a fait un sort à tous les peuples autochtones, qui ait survécu. Et dire que ce furent les plus grands donneurs de leçon !

Le film prend soin de ménager un peu toutes les parties, mais sans doute pas suffisamment.

C’est Alain Delon qui est chargé d’interpréter le soldat qui a des scrupules et qui rejette ces exactions. Mais on en fait un naïf qui se laissera prendre par les charmes certains de Claudia Cardinale. Cette femme d’exception est une indépendantiste habillement déguisée et qui ne craint pas de jeter des bombes. Et là elle joue de ses charmes et d’une pseudo-occidentalisation.

Maurice Ronet est tout le contraire d’Alain Delon. Ce n’est pas la première fois qu’au cinéma tout les oppose. Il n’a pas d’état d’âme et soutire les informations par tous les moyens possibles, dont bien entendu les pires. Rusé, il le fait avec le sourire. On ne le voit pas venir.

Dans ce scénario, il y a aussi un conflit interne, dans la mesure où leur ancien pote arabe qui a fait la guerre en extrême-orient à leur côté, finit par être un chef du FLN / ALN. C’est à dire qu’il se situe désormais dans le camp d’en face.

Une mention particulière pour cette comtesse, veuve de haut gradé, interprétée si élégamment par Michèle Morgan, et qui va aimer passionnément le paysan arriviste Anthony Quinn.

Ce film est avant tout un film de guerre, qu’on peut regarder sans trop se prendre la tête. Il ne plaira sans doute à aucune des parties prenantes. En tout cas celles qui se sentent encore concernées. Mais il a le mérite d’exister et de poser quelques vraies questions, tout en se gardant bien d’apporter des réponses. Du coup cela me laisse songeur. Ni le pacifisme bêlant, ni le bellicisme criard, ne sont en mesure de résoudre sérieusement le problème. Dommage également que les Accords d’Évian et ce qui s’en est suivi, n’aient pas menés à une vraie réconciliation. Promis, un jour ou l’autre je vais réfléchir plus sérieusement à tout cela.

Le réalisateur Mark Robson n’a pas laissé des traces indélébiles dans l’histoire du cinéma.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Centurions

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