Un exercice d’équilibriste, sur fond de possible censure, même pour l’année 1980. (Little darlings – « Don’t let the title fool you »)
Suite à révolution sexuelle des années 60 et alors qu’on ne sait pas encore qu’on est entré dans les années SIDA, il y a une volonté de briser les conventions morales qui dictent la conduite du couple au cinéma. Et ce en ce calant par exemple sur l’âge légal où l’on devrait être autorisé à parler desexe sur les écrans et jamais avant.
Ce film américain, au pays de la bien-pensance, se permet de mettre en scène un concours de dépucelage chez des mineures de 15 ans.
La plus effacée (Kristy McNichol – 18 ans) le fera mais ne s’en ventera pas, et l’autre qui est trop sûre d’elle et même insolente, sera dans la configuration opposée (Tatum O’Neal – 17 ans). Elle en parle comme si elle y était passée, mais ne l’a pas fait. Et toutes les bonnes copines graviteront là autour avec les habituels jeu de rôle que cela suppose.
La plupart de ses frimousses seront autant de caractères bien dessinés, dont on pressent le devenir. Leurs commentaires, leur joie de vivre, leurs rigolades et leurs passages à vide permettront de dresser quelques beaux portraits de ces blés en herbe.
La vantarde essayera de jouer à la grande « amoureuse » avec le moniteur de ce camp de vacances (Armand Assante – 31 ans). Lequel la voit facilement venir et parvient à contrecarrer les dangereux plans de l’adolescente, tout en bridant une inclination que l’on peut penser naturelle pour ce bouton de rose si agréablement offert.
Ce qu’il y a de notable dans ce film, c’est le jeu délicat de tous ces jeunes personnages. Cela vaut en particulier pour les approches complexes entre celle qui au final perdra en effet sa virginité et son tout jeune amant d’alors.
Celle qui est jouée par Kristy McNichol a décidé de rentrer dans ce monde inconnu par une sorte de soucis de savoir ce qu’il s’y passe, plus que par l’esprit de compétition. De la curiosité plus qu’autre chose. Matt Dillon (16 ans) sera d’abord son rude cow-boy mais saura se transformer en chevalier servant.
Elle est à la fois étonnée de l’expérience et peut-être un peu déçue. Mais ce curieux remue-méninge associé à l’excitation de sens nouveaux, laisse forcément des traces. Ce nouvel angle de vue lui fait entrevoir l’étendue de ces forces amoureuses, qui sont pour le moment dans leurs balbutiements. Cet entre-deux est bien rendu. On sait bien que rien ne peut arrêter ce mouvement ascendant, qui dans un premier temps vous fait aller dans tous les sens, mais que d’aucuns finissent par savoir maîtriser. Surtout chez ceux qui comme elle, feront prospérer tout autant l’esprit, le coeur et le corps et entretenir les flux croisés issus de ces trois pôles.
- Kristy McNichol fera de nombreux films. Les gazettes chercheront à lui faire dire qu’elle est homosexuelle.
- Tatum O’Neal aura une longue carrière mais aussi de gros problèmes de drogue.
- Je ne m’attarde pas sur Matt Dillon dont tout le monde connaît l’immense trajectoire.
Un 7/10 que ne mérite sans doute pas le film, mais que je donne avec plaisir pour saluer cette jolie lueur adolescente.
https://www.imdb.com/title/tt0081060/