Avis. Once Upon a Time… in Hollywood – Tarantino – Résumé. (2019) 6.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Je me réjouissais de voir ce Tarantino, dont j’entendais tant de bien. J’avoue que je suis un peu déçu.

Certes il y a de très bonnes choses. Plusieurs acteurs sont merveilleux, la prise de vue est riche et variée, et ce faux biopic, partiel et partial, tente de donner un éclairage nouveau sur le drame Manson / Sharon Tate.

Et c’est réussi en ce qui concerne l’immersion dans l’époque – bonne musique, rythme soutenu et nombreux cadres et décors aidant.

C’est une autre affaire quand apparaissent certains vrais protagonistes de l’affaire. Leur prestation oscille entre le mimétisme et la dissemblance. Il aurait fallu choisir.

  • L’actrice Sharon Tate est plutôt bien campée par Margot Robbie. Mais comme elle n’a pas grand-chose à faire, à part sourire. Et quand on est une blonde radieuse, ce n’est pas un si grand exploit que cela.
  • Rafał Zawierucha en Roman Polanski, cela ne marche pas. Il manque cette étincelle dans le regard du jeune maître es-ciné.
  • Damian Lewis singe Steve McQueen. A oublier même en V.O.
  • Damon Herriman ne correspond pas exactement à ce qu’on imagine être Charles Manson. Mais sans doute en attendons nous un peu trop.
  • Par contre la troupe de ses groupies arrive à donner ce côté bizarre, fait de gaîté particulière et de menace. Comme on les a vu en long et en large avec leurs étranges sourires, à la télé en vrai. C’est ce qu’on attend. Et l’intrusion dans le domaine des hippies donne ce qu’il faut de frissons.
  • La mineure déboussolée Pussycat est assez réaliste, car bien jouée par Margaret Qualley. Elle fait référence à jolie Kathryn Lutesinger qui avait pour surnom Kitty Kat qui était un moment dans la bande, mais n’a pas participé à ces meurtres là. Elle a été la compagne d’un assassin de la « famille » par contre.
  • A noter aussi la référence à George Spahn, le vieux propriétaire du ranch maudit où loge « la famille Manson ». Cependant il n’est pas dit clairement dans le film, qu’il fait cela en échange de faveurs sexuelles avec les filles du groupe. Quentin aurait-il des pudeurs ?

Venons-en maintenant à l’étonnant parti pris du film. On se laisse entraîner dans cette histoire par deux personnages en surimpression, qui n’ont jamais existé, et auxquels le scénario donne un rôle majeur, voire l’occasion d’un retournement complet. Et c’est là que le bas blesse.

  • Si l’on considère les dates affichées, on pourrait même croire que la tentative d’assassinat qui a échoué dans le film dans cette autre villa, permet même à Sharon d’échapper (dans le film le 9 août 1969 au soir elle est encore vivante, alors qu’elle est morte dans la nuit du 8 au 9). Les dates visibles à l’écran ont défilé vite, il faudrait quand même prendre le temps de confirmer cela.

Pour cette partie fictionnelle, il y a ce cowboy de western en déclin Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) et sa doublure et homme à tout faire Cliff Booth (Brad Pitt), dont les carrières, l’alcoolisme et les états d’âme sont exposés en long et en large. Ces ringards auraient été les voisins immédiats des Polanski.

Ils auraient été attaqués par une partie de la bande à Manson et auraient fini par s’en sortir avec un lance flamme – on ne fait pas dans la demi-mesure – Bien sûr que c’est fictif et que c’est une sorte de licence poétique de cinéma. Mais comme cela prend une immense place dans le film, cela mérite quand même qu’on s’y arrête.

  • Bien que je ne sois pas un gardien à tout prix de la fidélité sur la toile, je comprends que la l’épouse actuelle de Roman, Emmanuelle Seigner, se soit offusquée.

Mais ce n’est pas ce qui me dérange le plus. Ce qui ne colle pas trop, c’est que ces deux gaillards occupent quasiment tout l’écran d’un bout à l’autre et qu’ils n’ont finalement pas grand-chose à nous dire et à nous apprendre.

On a l’impression qu’ils sont juste là pour faire leur numéro. Des acteurs qui jouent très bien aux acteurs, et ce pour la énième fois dans l’histoire du cinéma. Ce procédé éculé devrait à nouveau nous subjuguer ?

Certes ils font cela très bien, mais toutes ces jongleries ne sont pas si intéressantes que cela et ne font qu’alourdir le propos. Ils ont même été jusqu’à improviser une bagarre entre un faux Bruce Lee et ce vrai Brad Pitt.

Quoiqu’il en soit, c’est bien trop envahissant. Le film à cause de cela dure 2h40 !

En fait Tarantino se fait plaisir. Comme un enfant dans un magasin de jouet, il ne se lasse pas de toucher à tout. C’est vrai pour ces acteurs, mais c’est vrai aussi pour cette manipulation historique d’une situation hautement dramatique. Il est bien content de nous avoir joué un tour. Il sait que l’on va chercher sur Internet ce qu’il en est de ce Rick Dalton et Cliff Booth, dont on avait jamais entendu parlé.

Il en fait vraiment trop aussi dans le côté gore de l’attaque du final. Il n’a pas pu s’empêcher d’en rajouter façon Grindhouse, son diptyque de l’horreur.

Les spectateurs ne comptent pas tant que cela, c’est un impulsif, il lui faut avant tout s’exprimer. Et cet historien du cinéma nous fait son cinéma. Il prend le risque de transformer une vraie histoire en simple exercice de style, qui se regarde le nombril. Parfois cela lui a réussi d’ailleurs.

Les obsédés et/ou certains professionnels du cinéma, vont adorer retrouver les jalons et les clins d’œil laissés par l’auteur, en référence aux films de jadis. Ils vont nous bassiner avec leur science. Alors que le problème bien sûr est ailleurs, en particulier dans le déséquilibre de l’ensemble.

Et comme il y a matière à polémique, ces trissotins vont jubiler.

Tarantino est certes un bon peintre, un excellent réalisateur. Mais il n’aurait sans doute pas du céder à la tentation de faire à lui tout seul un tel scénario.

Désignée, meilleure comédie aux Golden Globes, ce qui montre bien l’ambiguïté de la façon dont est exposé ce drame.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Once_Upon_a_Time%E2%80%A6_in_Hollywood

Leonardo DiCaprio
Brad Pitt
Margot Robbie

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