Avis. Quelqu’un de bien – Film Netflix. Jennifer Kaytin Robinson – Résumé. (2019) 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Someone great : Un film emblématique de la Révolution Netflix.

« Someone great », un titre qu’on pourrait traduire par « Quelqu’un d’extraordinaire », plutôt que le facile « Quelqu’un de bien ». Mais ce ne serait pas tout à fait juste, non plus.

L’histoire étant plutôt de nous faire partager ce qu’il peut y avoir d’extraordinaire dans les destins affectifs, de citadines ordinaires.

Et puis, il y a l’exposé de ces solidarités à géométrie variable, des bonnes copines, dans le bouillonnement new-yorkais.

Rien que pour vos yeux et vos oreilles et votre esprit :

La prise de vue est magnifique, le montage impeccable. La belle musique qui les accompagne est celle qu’affectionnent les jeunes urbains de notre époque.

Mais ce qui frappe, ce sont les personnages. Leurs histoires, leurs amours sont simples et véritables. Il y a beaucoup d’humanité, d’urbanité, de gentillesse, de sincérité dans ces rôles. Ce qui n’exclut pas les conflits, les incompréhensions passagères…

Et nos actrices qui approchent la trentaine incarnent totalement leur personnage.
De l’intensité dans l’ordinaire, de l’être avant le paraître, voilà leurs secrets.

Ce qui n’empêche pas nos filles de se montrer souvent dans de jolis habits, des coiffures superbes, des maquillages recherchés. Principalement quand elles partent à l’abordage.

Elles peuvent aussi se révéler sans artifices avec leur défauts. Des tranches de vie sans chichis.

On n’en est plus à l’époque où il fallait se mal-fringuer pour être supposé mettre en avant son vrai moi. Heureusement !

L’essentiel de l’histoire est somme toute assez simple. Une latina (c’est marqué sur son tee-shirt), très romantique, voit s’écrouler ses neuf ans de bonheur intense en couple fusionnel. Et il lui faudra ces longues 24 heures pour tenter de s’en remettre.

On revisite le thème universel de l’amour fou et de la violence de la séparation.

Roméo et Juliette y consacraient toute leur courte vie. Les protagonistes actuels peuvent le faire en en un jour. Les convulsions sont les mêmes, mais l’espace temps s’est resserré.

Pour s’en remettre, elle sera aidée d’une certaine manière par ses copines, la grande black homo et la très urbaine blanche pas si coincée qu’elle en a l’air. « With a little help from my friends ». Les codes actuels sont respectés (quota ethnique et quota de genres sexuels).

Attention, ce n’est pas qu’un film de « bons copains », c’est plus tendu, plus réel. L’approche est fraiche et novatrice. Ce sont les typologies d’aujourd’hui. Et mine de rien cela nous éclaire sur nous-mêmes, sur les réactions qu’on peut avoir dans certaines situations, mais sans jamais donner de leçons. Bien mieux qu’un sitcom.
Les conseils de l’une ou l’autre sont-ils bons ? On sait bien que l’expérience n’est pas transmissible et que la latina délaissée devra faire tout le chemin en grande partie toute seule.

Ces jeunes femmes ordinaires et désirables, quelque part elles nous sont familières, on vit avec elles. Que demander de plus au cinéma ?

On peut sourire, quand elles décrètent qu’ayant presque 30 ans, elles ne vont bientôt plus intéresser personne. Ces crises des 30, 40, 50 etc sont bien réelles dans cette course impossible qu’engendre la vie affective précaire de nos sociétés.

L’attention du spectateur qui n’est pas accaparée par un scénario trop compliqué, peut se porter entièrement sur le jeu des actrices.

C’est en fait l’essentiel du film. Une mise en scène toute en nuance de « l’amour et du hasard ». C’est fait de tous petits riens imprévisibles. Des petits changements de ton, de regard, de mimique. Des interprétations, des réactions, des réajustements subtils, des rééquilibrages en temps réel entre les uns et les autres. Rien n’est totalement déterminé, tout évolue « en direct ». C’est sacrément bien fait !
Les films de jadis montraient 3 ou 4 grands changements de direction, souvent peu crédibles. Là on est dans un myriade de micro-variations permanentes, bien réelles. Une simple moue peut réorienter le film.

Que de progrès accomplis !

Le sentiment de profonde victoire pour ses filles quand il ou elle a réussi à dire un simple « je t’aime ». C’est l’Everest d’aujourd’hui. Et c’est bien comme cela.

On assiste à l’éclosion des actrices (et acteurs) d’aujourd’hui et de demain. Bien sûr, certain(e)s d’entre eux (elles) ont déjà roulé leur bosse.

Mais c’est le nouveau paradigme qui est intéressant : ce sont des comédiens sans nom, plutôt interchangeables, sans prises de têtes ultra-personnalisées du type « actor studio », sans légende. Ils sont doués et se donnent à fond. Ils sont simplement à leur place et parfaitement efficaces. Netflix est en train de démocratiser la fonction et c’est la voie à suivre.


Bien sûr ce film peut faire bailler les esprits blasés. Mais c’est qu’ils seront passés à côté de l’essentiel, la beauté de la banalité, quand elle est bien mise en valeur.

Ah oui, pour finir : on attend encore la prochaine Révolution, celle qui fera que les films citadins se débarrassent de la clope, de la fumette et des shots d’alcool.

  • PS : Netflix 2019 fait le grand écart.
  • Il y a un monde entre le film Netflix « Always Be My Maybe » (2019) et ce Netflix« Someone great (2019) ». Entre les deux une Révolution s’est produite. Comment peuvent-ils passer si facilement d’un film conventionnel à en être ringard et ennuyeux, à une petite perle empathique, puissante et moderne ?
  • C’est un mystère ! Un pied dans la tradition, un pied dehors, pour ratisser plus large ?

Quelqu’un de bien (film, 2019)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Quelqu%27un_de_bien_(film,_2019)

Gina Rodriguez
Brittany Snow
DeWanda Wise

Plutôt que de tenter de ralentir tout ce qui avance franchement, comme Netflix, Amazon, Android etc, il faudrait mieux chercher à les dépasser. Mais ça cela demande du courage et de l’intelligence, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

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