Cette réalisation Hongkongaise de Stephen Chow, n’est pas le plus mauvais film de kung-fu que l’on puisse voir. Il y a de la matière et des idées.
Pourtant cela a un goût d’inachevé, voire de ratage.
Deux heures c’est trop long. Le long métrage se perd dans sa deuxième partie, avec ces lassantes parties de football acrobatique et déjanté. La surenchère ne séduit pas. Trop c’est trop.
Le début était pourtant prometteur. On y voit la rencontre de deux êtres opposés.
– Fung est un ancien grand footballeur qui a été sévèrement handicapé lors d’une partie truquée. Il est maintenant réduit à faire le sous-fifre dans les locaux des professionnels de la baballe. Le méchant commanditaire achète son silence ainsi.
Rongé par l’alcool, on le menace même de le déclasser davantage en l’obligeant à faire le ménage… ou en le foutant à la porte. C’est la ficelle de l’injustice crasse, celle qui est à la base de si nombreux scénarios.
– Sing a tout d’un jeune clodo des villes ; de ceux qu’on voit encore un peu à Hong-Kong. Je suppose que le Parti, les a chassé des villes champignons de la Chine « mainland ».
Mais en fait, c’est un moine de la sphère Shaolin et tutti quanti. Il a une grande connaissance des arts martiaux. Confronté aux difficultés de la vie, à la violence et aux injustices du quotidien, il cherche le moyen de réhabiliter l’esprit et les méthodes des arts ancestraux. Il s’agit maintenant de se réveiller et de faire un marketing efficace, pour contrer le battage des Carrefour et des Puma (tous deux copieusement montrés dans le film). On est quand même au vingt-et-unième siècle !
Il tente le rock monastique, mais cela ne prend pas.
Ces deux protagonistes sont perdus chacun à leur manière. L’union de leurs forces cachées va faire des étincelles. La solution trouvée par Sing consiste à faire la promotion du Kung-Fu et autre, par le football, un sport populaire et médiatique. On voit que les deux sont concernés de près par le projet.
D’abord il faut monter une équipe. Sing va faire appel à ses vieux « frères ». Lesquels se sont laissés passablement aller depuis le monastère. C’est vraiment maintenant un ramassis hétéroclite. Et c’est justement cela qui va faire le sel du film.
Pour gagner le championnat, il faudrait retrouver la condition physique et faire un entraînement rigoureux. Ça c’est la théorie. On va s’en passer.
Tous les aficionados de ce genre de film, savent que les arts martiaux traditionnels donnent des pouvoirs exceptionnels. On va faire avec. A bien y regarder, cela est d’ailleurs de la triche. Bref passons.
Donc nos gaillards, toujours avachis, font des bonds vertigineux. Ils lancent le ballon avec une force colossale. Au point que cette petite sphère inoffensive arrive à faire tomber des murs. Et le ballon ? Même pas mal. Chacun va déployer des talents extraordinaires.
A priori l’histoire est pliée. Mais le team adverse, les Evil, est dopé avec une mixture secrète d’origine américaine (le grand Satan). Et donc l’ouest dans les veines, résiste à l’est dans le mental. Il est idéologiquement impossible de les laisser gagner.
Mais vous vous doutez bien que les plus vertueux finiront par l’emporter. Mais seulement après avoir été sévèrement mis à mal, comme les lois du spectacle l’exigent. Les péripéties sont aussi nombreuses qu’improbables. Mais dans ce monde fantasmagorique de la Chine de toujours et d’images de synthèse, tout peut arriver. C’est comme cela.
- Les occidentaux ont encore du mal avec tout ce bastringue. Mais je suis sûr qu’ils y viendront et intégreront même ce folklore dans leurs propres histoires. Je vois déjà les combats des trois mousquetaires boostés par ces techniques là. Déjà qu’ils sont quatre au lieu d’être trois, ils peuvent encore se démultiplier, comme jadis les 700 millions de petits Chinois. Cela nous pend au nez.
L’histoire B, nous montre une gentille jeune fille, enlaidie par une mauvaise maladie de peau. Cette vendeuse de beignets, aussi martyrisée que Cendrillon, va avoir un faible pour ce Sing réduit à la mendicité.
- Il n’y a pas que les Rolls-Royce qui comptent à Hong-Kong, qu’on se le dise. D’ailleurs le méchant bourré aux as, ne l’emportera pas au paradis. Et toc !
Nous ne sommes pas dans un larmoyant film woke, et donc si elle n’était que moche et persécutée, cela ne vaudrait pas le coup d’en parler. Sa technique flamboyante dans la réalisation de ces préparations frites, doit nous mettre la puce à l’oreille. C’est aussi une initiée. Une pizzaïola du troisième type.
Notre valeureux prosélyte des arts nobles, verra le coeur pur de la future belle, au-delà de la caboche bubonique et repoussante. Et là, la magie de l’amour, les vertus de base, un vigoureux démaquillage, et la science des contes de fées, vont faire que le récit romantique se terminera bien lui aussi. La purulence ne peut être que dans le coeur. Or le leur a été vigoureusement passé aux antibiotiques.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Shaolin_Soccer
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