Avis. Souvenirs perdus. Film Christian-Jaque – Résumé. (1950) 7/10

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Dans les années 50, une des modes consistait à faire des films à sketches. Ça s’est perdu depuis.

Christian-Jaque a réalisé quatre courts métrages, qu’il a mis bout à bout ; avec comme liant une histoire d’objets trouvés. Le procédé est assez artificiel. Les souvenirs n’étant pas vraiment égarés mais plutôt mis au rebut. Il s’agit d’une sorte de cabinet de curiosités pas très gai.

Une statue d’Osiris retrouvée dans un caniveau, permet de resituer l’histoire d’anciens amants qui se sont toujours mentis sur leur propre condition. Ils vont se retrouver à nouveau et unir leurs déshérences un soir de Noël ; avec toujours cette propension à tricher. Ils ne le font pas de manière sournoise. Simplement, ils s’aiment tellement qu’ils voudraient être prince et princesse l’un pour l’autre. Edwige Feuillère et Pierre Brasseur font le job en se montrant touchants et pathétiques.

Une couronne mortuaire jetée dans la rue a une histoire plus drôle derrière elle. Elle a permis au playboy coeur d’artichaut, joué par François Périer, d’échapper à la ire d’une vague ex incarnée par la tempétueuse Suzy Delair. Comme plus rien n’empêchait la pugnace amante (d’un jour?) de s’en prendre à ce dragueur invétéré qui l’a laissé en plan, lui et son valet n’ont rien trouvé de mieux que de le faire passer pour mort. La couronne commandée à distance et livrée sur place a parfaitement remplie son office. Mais par la suite, des rebondissements vaudevillesques ont rendu cette couronne caduc. Et hop, la voilà balancée par la fenêtre de la voiture !

Cette cravate de fourrure, laissée sur le trottoir, a eu une destinée bien plus grave. Gérard Philipe nous fait un personnage totalement ambivalent. Du grand art ! Il vient d’assassiner deux des personnes qu’il soupçonne d’être à l’origine de son enfermement d’office à l’asile des fous. Il maintient, à une Danièle Delorme aussi mignonne que suicidaire, qu’il s’agissait d’une combine pour le neutraliser financièrement. Elle le recueille chez elle en croyant en grande partie à sa thèse du complot. Elle a eu tort. Gérard finit par voir en elle son ancien amour. Celle qui aurait participé à cette prétendue cabale. Je vous laisse deviner l’issue de cette pénible affaire. On en fait des choses avec une cravate.

Ce violon a été confié aux objets trouvés en raison d’un profond ressentiment. Bernard Blier nous fait un agent de police sautillant et rêveur. Il convoite la veuve de l’épicerie du coin. Elle est interprétée par la douce Gilberte Géniat. Tout baigne jusqu’au moment où ce flic benêt se met en tête de flatter l’enfant de Gilberte, qui joue pourtant si mal du violon. Pour renforcer le faux compliment pour le rejeton, il met à profit les réels talents musicaux d’un gueux qu’il a coffré naguère. Ce « manouche » qui fait office d’expert, n’est autre que Yves Montand. Il doit conforter l’idée que ce gosse est un génie. Avec sa bonne gueule et un message si porteur, il n’a pas trop de mal à entrer dans la place et à brûler la priorité au policier si pataud. C’est ce chanteur des rues qui récupère la veuve si sympathique. Finalement le gamin trouve sa voie avec la guitare. L’inutile violon est remis en guise de cadeau au pauvre Blier qui a tout perdu. Il n’est même pas cocu, puisqu’il n’a pas consommé, et pourtant profondément mécontent. L’instrument maudit atterrira où vous savez.

« souvenirs perdus » évoque une sorte de nostalgie, mais la réalité est plutôt celle de « souvenirs maudits et dont on veut se débarrasser ».

A part le morceau de bravoure du regretté Gérard Philippe, en association avec la lumineuse Danièle Delorme , les histoires ne sont pas vraiment terribles. Mais les acteurs, les dialogues et même souvent la réalisation, propulsent ces sketches bien plus haut.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Souvenirs_perdus

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