Comment résister à cette tornade sonore et scintillante, surtout quand on vous fait les yeux doux ?
J’ai donc cédé et allumé mon poste de télévision sur TF1 ce samedi soir de fin octobre 2021.
Cela fait des années que je n’ai pas regardé cette chaîne. Non que je la déteste par principe, mais simplement que je n’y vois jamais quelque chose qui puisse m’intéresser. J’ai du jouer de malchance (hum) (*)
Le (re)positionnement de la première saga est clair. On tente de ferrer les spectateurs avec une des figures emblématiques de ce télé-crochet.
Devinez de qui il s’agit dans cette distribution de la saison 1 ?
Jenifer, Mario Barravecchia, Patrice Maktav, Carine Haddadou, François Roure, Jessica Marquez, Jean-Pascal Lacoste.
Bon je vous ai aidé un peu. Mais si vous avez assisté à cette remémoration, vous constaterez qu’il n’y en a pratiquement que pour elle.
Je suis pour le moins circonspect pour le reste. L’émission n’est qu’une pénible séance d’autocongratulations servies avec un lourd sirop émotionnel. Cela ne peut convaincre que les convaincus d’avance.
Il doit y avoir des leçons à tirer sur la psychologie des foules. En ce qui me concerne, je passe mon tour.
Je dois quand même reconnaître que ces gamins d’il y a vingt ans, ont fait de réels progrès dès la première année de tournage. C’est de la télé-réalité pas trop bidonnée.
Et de les voir deux décennies après est une expérience intéressante. La plupart ont réussi à surfer sur cette vague de notoriété d’alors. Le plus souvent avec un plus petit braquet. Les résultats sont très variables. Ceux qui ont disparu des radars médiatiques, poursuivent leur bonhomme de chemin, sur des voies plus discrètes, avec, il faut le reconnaître, une certaine satisfaction personnelle.
Je pense que les choix dans les saisons à ressusciter permettent d’éliminer les aigris et autres empêcheurs de commémorer en rond. D’où les sauts de plusieurs années qui évitent certaines zones plus discutables.
J’imagine que les vieux spectateurs iront de leur larmichette sur les outrages du temps passé (ou la belle patine obtenue).
La télé arrive à faire passer les destins sélectionnés pour une sorte d’enclave qui appartient à tout un chacun. Une excroissance familiale dans tous les foyers concernés. Même bien installés dans leur fauteuil, leur canapé, leur lit, ils ne peuvent donc pas être indifférents au sort de leurs « cousins-héros ».
Nikos Aliagas est un animateur doué qui sait se faire tout petit pour mieux pénétrer l’inconscient collectif. Lui aussi est adopté en tant que juge de paix, arbitre des élégances, petit père du peuple…
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Gros passage publicitaire. Promesses de gains de 20.000 euros, à tout un chacun, les yeux dans les yeux (tu parles, c’est la prod qui rafle la mise avec les SMS surtaxés) L’émission qui se déroule sur la 2, ne promet que 10.000 euros !
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Et hop, le grand bon en avant fait qu’on passe directement de la saison 1 à la 5 !
Magalie Vaé, Jérémy Amelin, Maud Verdeyen, Jean-Luc Guizonne, Pierre Matthyss, Emilie Minatchy.
Là franchement je n’ai jamais entendu ces noms.
Je dois être nul car le vainqueur a été Magalie et je n’en savais rien. Voilà une obèse vaillante qui a défié tous les pronostics. Elle a régulièrement été à deux doigts de la sortie… mais elle s’est accrochée. On me dit qu’elle a été vilipendée en permanence sur les réseaux sociaux. Des propos infâmes. C’est bon pour l’audimat, l’indignation.
On est donc dans le récit d’une modeste Cendrillon cachée, qui remonte la pente à la force du poignet. C’est la victoire dans la sueur. Plus t’en bave, plus tu es méritant.
C’est ce qui fait dire à la sagesse populaire que des tableaux plus ou moins contemporains n’ont aucune valeur car « n’importe qui pourrait barbouiller cela, même la queue d’un singe ». Alors que cette peinture fidèle à en pleurer à la réalité (l’art pompier), « ça c’est de l’art » « il faut le faire ».
Je passe sur le « que sont-ils devenus ? » les participants, les coachs et le reste ont tous une actualité plus ou moins brillante (plutôt mate ou satinée) à nous vendre.
Le (les) clou de la saison, le fait d’arme, c’est qu’on a réussi à convoquer des vedettes nationales et surtout internationales. Et on ne peut faire la fine bouche quand on voit des Madonna, Johnny Hallyday, Céline Dion et autres, faire irruption dans ce mini conte de fées. Ça applaudit sec dans les chaumières. Les voilà confortés dans leur intuition. Oui, ils ont bien fait de miser sur leurs poulains, avec ces nobles étrangers les voilà adoubés à jamais. Morts aux intellos pisse froid, auxquels sur le coup j’ai bien peur d’appartenir.
En les mettant bout à bout, en bousculant les saisons, on a une belle illusion d’optique : Madonna, Beyoncé, Rihanna, Britney Spears, Elton John, Sting, Johnny Hallyday, Céline Dion
Le bonheur est dans le partage. Et j’ai été largement récompensé de mon endurance. Et par cette mine réjouie à côté de moi et par plein d’autres choses. Merci à TF1 pour ce plaisant « side effect ».
(*) Le procédé PIP d’incrustation d’un programme sur une petite fenêtre de l’écran principal m’a permis d’éviter l’avalanche publicitaire. On ne sévit pas devant une programmation pour 21h qui démarre en fait au moins quinze minutes après. Cela fait bien longtemps que les autorités ont abdiqué. Au contraire on en rajoute tant et plus, dont cet infâme sponsoring des émissions qu’il est quasi impossible à déjouer.
https://www.tf1.fr/tf1/les-20-ans-de-la-star-academy