Bandido caballero. Représentation Mexicains au cinéma. Robert Mitchum, Richard Fleischer. 6/10

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Représentation des Mexicains au cinéma.

– Pour l’éternité, dans les longs-métrages américains, on représente les Mexicains basanés comme étant mal rasés, moustachus et sales. Ils sont affublés d’un sombrero d’autant plus large qu’ils sont arriérés. On leur prête cet accent caractéristique, dont ces « métèques » n’arriveront jamais à se débarrasser.

Ils sont dans deux catégories : soit des bandidos, fourbes, paresseux, tueurs sans scrupules et voleurs de bestiaux, soit des idéalistes et révolutionnaires, mais qui ne dédaignent pas faire les pistoleros.

Dans les deux cas, ils se déplacent en meute et obéissent à un chef plus ou moins compétent. Le gros des troupes est tire-au-flanc, boit plus que de raison et dort à même le sol. Ils incarnent une certaine sauvagerie. Les femmes ont trop d’enfants ; lesquels sont laissés dans un quasi abandon ; preuve supplémentaire d’une certaine animalité non contenue.

  • A noter que l’hidalgo castillan, dont Don Diego de la Vega est l’archétype, échappe à ce sinistre déterminisme. Le cinéma s’appesantit sur le sang-mêlé ou l’Indien natif.

– Pour faire contrepoids, il y aura toujours un gringo de service, faisant la part des choses, tout en s’imbibant quand même lui aussi. Rien n’est prohibé de ce côté de la frontera open-bar.

Comme les gentils autochtones sont quasi des incapables, c’est lui qui sera chargé de supprimer les méchants et de sauver la veuve et les troupeaux ; dans le meilleur des cas.

Tout en étant borderline, il reste suffisamment policé. Il n’est pas contre les élans démocratiques du bon peuple, mais vise avant tout ses avantages à lui. Il sera donc fréquemment un mercenaire, pouvant passer d’une cause à l’autre. En tout cas, jusqu’au dénouement, où il sera forcément du bon côté.

Au passage, ce fier mâle yankee, embarquera la plus belle des femelles du cru et un magot en or. C’est clairement une inspiration néocoloniale. Les prédateurs du nord, viennent au sud pour échapper à leur passé et pour se servir largement. Les desperados sur la touche, peuvent faire une fin dans ce pays de débauche, rongé par le soleil. Mais les authentiques natifs des États-Unis reviendront immanquablement dans leurs terres plus tempérées.

– De toute façon, tous ces efforts ne servent à rien. Les révolutionnaires du jour, deviendront les corrompus du lendemain ; une fois la victoire assurée. Décidément, on ne peut pas faire confiance à un Mexicain. De quoi susciter la saine indignation des Wasp et le conforter dans ces fantasmes.

– Les paysages grandioses seront de mise, mais toujours en moins bien et en plus sale que leurs équivalents aux USA ; terrain boueux contre macadam.

***

Robert Mitchum incarne à merveille ce stéréotype, du gars du nord qui s’intéresse de très près au sud. D’abord il vise son salut personnel, à force de dollars. Mais aussi pour son âme, car ce futur newborn, a besoin d’une rédemption. Il va donc tenter de faire un travail sur lui-même, visant à le rapprocher de ce peuple perdu. Une épreuve comme une autre.

Le « véhicule » sera la confiscation d’un chargement d’armes. Notre Mitchum, tel un Tintin sexué, travaille pour lui-même, mais aussi au profit de Gilbert Roland, qui joue le colonel Escobar

(équivalent du Général Alcazar, des Picaros et du San Theodoros). Cela s’opère assez facilement.

N’écoutant que son coeur, il balance des grenades sur des soldats en uniforme. Pourtant à ce stade, on ne sait pas clairement qu’ils sont les bons et qui sont les mauvais. Ce fait d’arme, lui vaut d’être salué comme “El Alacran” (le scorpion), par cette opposition en guenilles. A ce stade, les rebelles sont forcément vertueux. Notre Robert, au regard perçant et à la conduite cool, l’a constaté du premier coup d’oeil.

Comme prime, Mitchum se rabat sur Ursula Thiess, la femme américaine du trafiquant d’armes. Au moins, on reste entre blancs.

Le réalisateur Richard Fleischer sait faire de belles mises en scène. Et c’est effectivement tourné au Mexique. On connaît Fleischer et on l’estime, pour Vingt Mille Lieues sous les mers. Dans un registre plus classique, il a fait Barabbas.

Le scénario de « Bandido ! » manque singulièrement d’originalité, mais son traitement par l’image est de qualité. On peut remercier Ernest Laszlo, le directeur de la photographie. Un gaillard qui a commencé à travailler sérieusement dès 1928.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bandido_caballero_!

https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Fleischer

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tintin_et_les_Picaros

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vingt_Mille_Lieues_sous_les_mers_(film,_1954)

https://www.persee.fr/doc/carav_1147-6753_2000_num_74_1_1236

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