Batman. Avis. Tim Burton – Jack Nicholson – Michael Keaton – Kim Basinger – Résumé (1989) 6/10

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« le 5e film le plus rentable de tous les temps ».

Aussi curieux que cela puisse paraître, je n’avais encore jamais vu les Batman. Je n’y avais même pas jeté un coup d’œil.

Oubli ou négligence, qui est réparé désormais.

Le premier Batman est une grosse niaiserie, mais c’est sans doute à dessein. Cette première réalisation de Tim Burton, cherche à coller à l’esprit BD de l’original.

La prise de vue est marquée par la « ligne claire ». La lisibilité est aussi aidée par des plans colorés et contrastés.

Le fond reste manifestement peint. Les constructions cyclopéennes, font vaguement penser à Giger ou à Métropolis. On cherche à les faire échapper à notre critique, en les floutant dans un coup de crayon brunâtre. On n’en est pas encore à l’ère des trucages numériques.

Les dessinateurs ont du mal à dissimuler les imperfections, et à rendre ce décor crédible.

Et à l’heure d’aujourd’hui, on sent la discordance entre les voitures des années 90 qui circulent ici, et qu’on n’a pas cherché à maquiller, et ces plans arrières de science-fiction. Le budget devait être contraint dans ce premier opus, à l’avenir incertain.

L’intrigue est simple. L’histoire se veut bien démonstrative, et bien entendu elle s’apparente à un conte pour (enfants) adultes.

La ville tremble. La pègre et les mafias font la loi. Les citoyens sont abusés.

Les méchants manient déjà cet épouvantail à la mode de la pollution industrielle.

Les flics corrompus ont à leur tête un « sergent Garcia » du cru. Le « Bernardo » so british, peut donc sortir le costume de (« Zorro ») Batman, pour habiller l’intrépide redresseur de tort. Le cheval est remplacé par une peu écologique Batmobile. Le lasso est figuré par un filin éjectable.

Ils ne se sont pas trop fatigués pour trouver leur modèle.

Cependant, il y a ces valeureux acteurs. Ils sont plus là pour sauver le film, que pour sauver Gotham.

Et chez moi, ça marche !

Il me suffit de voir cette Kim Bassinger ultra craquante, pour qu’aussitôt une crise d’indulgence me revienne.

Rien que pour la dévorer des yeux, je suis prêt à me « farcir » un ennuyeux Batman (1989) au complet, un sympathique Wayne’s world 2 (de Mike Myers en 1993), ou même un James Bond (Jamais plus jamais , 1983).

Jerry Hall joue un petit rôle. Ce mannequin prétentieux fait davantage d’effet à Mick Jagger, qu’à moi. Surtout une fois qu’elle ait été défigurée « artistiquement » par le Joker. Un an plus tard, Mick, finalement pas trop regardant, allait faire semblant de l’épouser, dans cette cérémonie bidon à Bali. Bien fait !

Jack Nicholson est un abominable méchant souriant grimaçant. L’anti-héros complet. Tout ce qui est bien l’insupporte, et tout ce qui est mal le réjouit. Ce côté systématique manque singulièrement de finesse ! Mais les grands enfants aiment cela, parait-il. Et il y a au moins 2,3 millions de Français dans ce cas, à l’époque (box-office 1989)

  • Mais cette méchanceté crasse, peut déclencher de jolis paradoxes.
  • Quand lui et sa bande bousillent les peintures du musée, il épargne une œuvre cruelle de Bacon « Figure with Meat » . Un excellent tableau qui se trouve au « Art institute of Chicago », et qui n’est certes pas « beau », au sens pompier habituel !

Michael Keaton qui joue Batman est un bon acteur, peut-être un peu sous-employé, à l’incroyable filmographie. Ici il est à l’aise dans ce double personnage.

Mais au fait, le Batman selon Tim Burton, est-il aussi clean qu’on le croit ?

  • D’abord, il ne fait rien pour sauver le futur Joker, quand ce dernier menace de tomber dans un bain d’acide. Au contraire ! Détruire, tuer, ne lui fait pas peur.
  • Ensuite, ce costume noir, en poussant le trait, ça fait un peu uniforme Hugo Boss des années sombres. Avec le casque, qu’on pourrait croire ailé, on se croirait en face d’une armure germanique. Non ?
  • Ce qui n’arrange rien c’est que Batman, en devisant avec ses potes chauves-souris, se met à dire qu’ils sont eux et lui de la « race des seigneurs » ! Ce n’est pas Nazi ce « Herrenvolk » ?
  • Très rares sont ceux qui ont remarqué que dans l’appartement de Batman (le défi), dans sa version civile «  Bruce Wayne », il y a au fond, une « Vierge de Nuremberg », un coffre hérissé de pointes internes dans lequel on enfermait les victimes – je n’en ai vu aucune mention sur la totalité de l’Internet.
  • Un Batman gentil n’aurait pas mis en avant cet instrument de torture.
  • Enfin, Tim Burton semble s’être spécialisé dans le sadisme sardonique, les pulsions anales, le rire démoniaque et la mort esthétisée. Et si l’on rajoute à cela, d’innocentes et délicieuses créatures, on est en plein dans le fantasme pervers de « la jeune fille et la mort ». Un grand classique de l’ultraviolence.

Une bonne partie des blagues tombent à plat dans la traduction française. Et c’est bien dommage.

Il y aurait bien sûr bien d’autres choses à raconter sur le film, la prestation de Jack Palance, les chansons de Prince, les analogies avec le mythe de Babylone…

Je me demande bien ce qu’aurait pu devenir ce film, si on l’avait confié à un autre spécialiste de la violence, le Tarantino de Pulp fiction. On serait sans doute passé de succès de box office, avec ces recettes un peu faciles, à une exigeante œuvre d’art. Dommage !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Batman_(film,_1989)

Michael Keaton
Jack Nicholson
Kim Basinger
Robert Wuhl
Michael Gough

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