Be Cool (2005) 3/10 Travolta, Thurman

Temps de lecture : 4 minutes

Un gros navet « Rappé » ?

Ingrédients :

  • – Une intrigue violente et conventionnelle sur fond de show-biz, avec des méchants et des gentils caricaturaux.
  • – Les conventions lourdingues sur le Rap et les fringues de l’époque. Risible mais au seul second degré !
  • – Les chansons et tout le folklore des midinettes de notre temps, façon « The Voice » ou que sais-je. Franchement barbant !
  • – Un florilège de grands artistes mais qui se retrouvent souvent aux antipodes de leur jeu habituel. Au point qu’on finit par avoir du mal à y croire.

Par exemple :

Dany De Vito 74 ans ( maintenant) est le producteur du film et il fait ici juste de courtes apparitions. Il est flanqué de créatures de rêves qui lui sont inaccessibles… à moins d’une échelle.

Je l’imagine bien le coquin en train de faire le tour de ses copains artistes pour les embobiner avec son film. Ce gars qui a réussi à imposer sa silhouette au cinéma doit être persuasif. Le scénario vieillot n’aurait sans doute pas suffit

John Travolta 64 ans maintenant. C’est indéniablement un grand artiste.

Ses exploits dans la Scientologie ne devraient pas nous le rendre si sympathique, mais comme il est devenu plus discret que Tom Cruise, on peut essayer de mettre cela de côté. On sait bien que l’on ne confond pas l’oeuvre et l’artiste. On peut apprécier certains livres de Céline sans pour autant lui reprocher en permanence ses positions inacceptables.

Travolta est ici un producteur de musicos. C’est un peu le Pacha. Il a ses entrées partout grâce à un passé glorieux dans le cinéma.

On le connaît bien sûr dans Saturday Night Fever et dans Grease. Il est tout à fait à sa place dans le disco. Mais quand il se trémousse au son de la musique de Rap, avec des sourires approbateurs, c’est contre nature et il est franchement moins crédible.

Il en est de même pour Uma Thurman 48 ans. Quand elle feint d’aimer le Rap et qu’elle se dandine maladroitement, ça sonne mal. Cela dépasse visiblement son seuil de tolérance.

Dès le début du film, elle reprend le flambeau de son mari producteur mort pour ne pas avoir payé ses dettes aux truands locaux. Cette dette la poursuit tout au long du film. C’est l’axe central autour duquel se greffe la mafia russe, les tueurs à gage, la bande de rappeurs agressifs et tout le toutim.

A 34 ans lors du tournage c’est encore une jolie pomme verte. Il y a des maladresses dans le jeu. Tout n’est pas raccord. Elle fait beaucoup mieux maintenant.

Le cas de Vincent Vaughn 48 ans est très particulier. On connaît ce talentueux gaillard.

Mais là, et c’est même dit dans le film, il jouerait à être dans la peau d’un noir. Bizarre !

Certes il mouille sa chemise et il en fait des tonnes. Mais il est difficile de dissimuler l’élégant bonhomme qu’il est en réalité, derrière le masque du pseudo-rappeur couillon et violent qu’il est supposé incarner. Il change en permanence de « sappes » avec des vêtements de plus en plus hallucinants. Des « choses » que peu de gens auraient osé porter, même à l’époque.

Vaughn est chapeauté par le boss Harvey Keitel 79 ans. Keitel est une autre légende du cinéma. Et là bien sûr, il fait du Harvey Keitel. On l’aime sans doute pour cela.

Il a eu de bien meilleurs rôles. Des fauves de cinéma comme cela, il faut les lâcher à bon escient.

Cedric Antonio Kyles « the entertainer » 54 ans. Ce bonhomme est un excellent performer. Il est pratiquement le seul vraiment à sa place dans ce film.

En particulier pour la scène où Uma essaye de faire porter le chapeau à un prétendu complot russe, alors qu’on lui avait dit de surtout éviter cela. Quand tout va à vau-l’eau et que Kyles se met à se bidonner avec toute sa bande c’est plaisant.

Idem dans la relation ultra-protectrice qu’il a avec sa petite fille alors qu’en parallèle il commet de graves violences. En tenant en même temps les deux tableaux, pile ou face, il est redoutable.

D’une manière général on sent qu’il est vraiment bon. Il a plein de ressources dans son jeu.

Christina Milian (Christine Flores) 37 ans maintenant, est alors une charmante jeune fille de 23 ans.

C’est une chanteuse qui démarre dans le film, mais c’est une artiste déjà connue dans la vraie vie. Elle représente le salut financier pour l’équipe Travolta et Thurmann. Mais il faut l’arracher à son manager actuel. D’où des complications.

Elle est totalement dans le registre des « petites » interchangeables que l’on retrouve dans les compétitions de type « The Voice »

C’est de la musique très conventionnelle et prototypée. L’essentiel du genre repose depuis longtemps sur des pseudo-gospels ultra-domestiqués. Bien entendu ce n’est pas le gospel sauvage et plutôt rauque des origines.

La chanteuse doit faire son numéro de virtuosité le plus ampoulé possible. Elle roucoule dans les aigus avec des airs faussement pénétrés, les yeux fermés, au bon moment.

Ce sont des exercices imposés. C’est plus un combat physique que de l’Art.

Le public veut cela et l’artiste est attendu au tournant s’il manque un virage ou s’il ne respecte pas à la lettre le déroulement bien connu.

Que tout cela vieillit atrocement mal !

Et dire qu’ils appellent cela de la musique !

Ce genre de shows c’est déjà affligeant dans la « réalité » du petit écran. Mais alors là quand on nous l’inflige en « reconstitution » sur grand écran, c’est à fuir.

On pourrait parler aussi de Dwayne Johnson. Il n’est pas foncièrement mauvais. Mais il surjoue le noir comique un peu bête. Le rigolo noir caricatural et acceptable pour les blancs, c’était dans les années 30. Faut pas charrier !

Steven Tyler (Aerosmith) 100 ans (!) – On ressort une fois de plus la momie, le demi-frères-Bogdanoff. Et lui bien sûr il incarne lui-même. Il s’attribue un beau rôle en grand sage sentencieux ou en chantant sur scène dans des rifs flamboyants. Il aime manifestement se donner en spectacle. Il ne doit pas être cher, car on le retrouve souvent s’auto-interprétant au ciné (*)

Quinze après, ce film est encore plus consternant ! Qu’est-ce que tout cela se démode vite !

Au total, même pas drôle ! Vous avez dit un gros navet « Rappé » ?

En tout cas la critique l’a largement massacré.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Be_Cool

John Travolta
Uma Thurman
Vince Vaughn

(*) Steven Tyler (Aerosmith) jouant lui-même :

2017

Rumble: The Indians Who Rocked The World

Lui-même

2015

Nashville – Saison 4

Episode 1

Lui-même

Mon oncle Charlie – Saison 4

Episode 2

lui-même

2005

Les Lectures d’une blonde – Saison 1

Episode 3

lui-même (voix)

2004

Be Cool

lui-même

Mon oncle Charlie – Saison 1

Episode 4

Lui même

2002

Lizzie McGuire – Saison 2

Episode 20

Lui-même

1991

Les Simpson – Saison 3

Episode 10

Lui-même

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