Bleeder (1999) 7/10 Refn

Temps de lecture : 2 minutes

Un film intéressant en raison de son écriture vigoureuse, avec une ligne claire mais quand même appuyée. A signaler aussi une prise de vue dynamique et convaincante.

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Quatre personnages masculins sont reliés par du cinéma passe-temps. Ils leur arrivent de visionner ensemble, en privé, des films plutôt gore ou d’action. Ils n’ont pas grand-chose d’autres à faire.

On a donc un patron de petit vidéo-club et son employé. Et voir les films c’est pour ainsi dire leur métier. Ces deux là sont capables de décliner tous les réalisateurs et tous les sujets, du cinéma d’art au porno, pas vraiment par passion, mais parce que c’est bien utile pour faire tourner le commerce.

Le patron est du genre compréhensif et effacé. Son employé se montre très simple, presque simplet, et il n’a en tête que les films. Il n’arrive pas à amorcer le contact avec une serveuse qui lui a tapé dans l’œil. C’est Liv Corfixen, cette fille trop bien pour lui (mais assez bien pour le réalisateur qui l’a épousé). Et c’est Mads Mikkelsen qui incarne on ne peut mieux ce personnage dépassé, autocentré, un peu Niro dans taxi driver. Lui et elle donnent un semblant de respiration dans ce scénario oppressant.

A quoi se rajoute un mari insatisfait, plutôt gros nounours, mais qui devient invivable. C’est un Kim Bodnia vraiment à la hauteur qui joue se rôle. Sa femme attend son premier enfant et cela n’amuse pas cet homme qui pense déjà avoir raté sa vie et qui y voit un handicap supplémentaire. La fluette Rikke Louise Andersson interprète cet ange qui pense que sa grossesse est une promesse de bonheur.

Son frère est le quatrième larron. Ce videur de boite qui ne fait pas de cadeaux, veille de très près sur sa sœur qu’il sent menacée. D’ailleurs une première baffe lui donne raison. Et comme Le mari devient insupportable, cela tourne sérieusement au vinaigre entre les deux hommes. Un drame se produit qui va en entraîner d’autres.

Pendant un bon moment le scénario demeure crédible, soutenu et captivant. Mais vers la fin, une escalade dans la férocité, rend le procédé excessif. On peut cependant pardonner, car c’est une convention de cinéma, qui est dans l’air du temps.

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Il y a pas mal de psychologie, si l’on considère que ce sont des franges assez démunies de citadins, qui a priori n’ont pas grand-chose à dire. Une sorte de panorama du déclassement, du mal être et des angoisses ordinaires. Évènements qui pourraient arriver à n’importe qui finalement.

Un film danois jusqu’au bout des ongles que l’on doit à Nicolas Winding Refn. Déjà 20 ans et franchement bien plus de bouteille (moins de rides) que tant d’autres longs métrages de cette époque. Ce qui prouve qu’on a pas besoin de s’américaniser pour franchir les frontières nationales. Bien au contraire, un style propre est un atout.

Il paraît qu’il faut voir cette œuvre en la remettant à sa place dans une séquence Pusher, Bleeder, Only God Forgives. J’ai commencé ici, au milieu, et je ne m’en plains pas. D’ailleurs je n’aime pas trop ces injonctions cinématographiques. Si un film ne se suffit pas à lui-même, c’est que quelque chose cloche.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bleeder

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