Bubu de Montparnasse. Avis film. Syphilis contre tuberculose, symptômes littéraires – 6/10

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Bubù est une énième version de la pute au grand coeur, maltraitée par son proxénète et qui trouve une belle âme à l’image d’un Alfredo Germont (Traviata /  La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils ). En faisant le tapin elle rencontre ce jeune homme bien et idéaliste, qui veut la soustraire au trottoir.

La prostitution est courante dans ce dix-neuvième finissant. Ce serait même la source principale du déniaisement des jeunes gens et des retours de flammes des tout vieux. Pouah, quelle horreur que ces amours factices !

Ce qui a de particulier, c’est cette idée récurrente qui trotte dans la tête de ces messieurs. L’une d’entre elles est jolie et aimable, alors nos héros veulent la récupérer pour eux tout seuls. Elle a les qualités précités mais aussi le savoir faire. Ce n’est pas tout. Je pense que l’idée principale est celle d’une sur-virilité fantasmée qui permettrait à ces « sauveurs » de se hisser au dessus des multiples conquêtes quotidiennes de ces filles. C’est en quelque sorte un esprit « colonial » qui les animent, avec d’un côté un argument moral et salvateur et de l’autre une volonté de s’accaparer les « trésors » de la belle.

Et bien entendu le destin s’agite là derrière. Verdi et Dumas en avant fait une chaste tuberculose. Alors qu’ici on est dans le vif avec la classique maladie d’amour, la syphilis. Une autre sorte de bactérie qui permet au cinéma de belles gammes mélodramatiques.

  • J’ai du voir, dans mon expérience professionnelle hospitalière, une des dernières personnes atteintes de la « paralysie générale » en France. C’est le nom pudique d’une forme grave de la maladie avec atteinte du cerveau (méningo-encéphalite de la neurosyphilis – phase tertiaire de la syphilis)

Ce mélo est tiré d’un roman « réaliste » de l’écrivain du peuple Charles-Louis Philippe.

Lui est mort de la typhoïde. On ne se rend plus trop compte de nos jours de l’impact réel de ces anciennes maladies infectieuses.

Les acteurs, qui se démènent dans ce récit souffreteux, ne s’en sortent pas si mal. Ottavia Piccolo avec son côté poupin incarne bien cette pauvre fille perdue. On a cependant du mal à croire cet amour total et inébranlable, malgré les coups reçus, les brimades et la mise au turbin. Massimo Ranieri est le gentil, qui n’arrive pas à retourner la situation compte tenu du poids des souteneurs. Antonio Falsi est le fameux Bubù éponyme. Mais son rôle est plus effacé que ne voudrait le faire croire le titre du film. Gigi Proietti comme chef de bande, nous fait un être menaçant mais subtil.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bubu_de_Montparnasse_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_traviata

https://fr.wikipedia.org/wiki/Treponema_pallidum

https://fr.wikipedia.org/wiki/Neurosyphilis

https://fr.wikipedia.org/wiki/Paralysie_g%C3%A9n%C3%A9rale

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Louis_Philippe

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