Call me by your name (2017) 8.5/10 homosexualité heureuse mais pas gay. Guadagnino

Temps de lecture : 3 minutes

Call me by your name au lieu du classique Call me by my name.

  • C’est un jeu amoureux qui n’appartient qu’aux homosexuels. Elio et Olivier sont deux noms de garçons et donc ils sont interchangeables. Au plus fort de leur passion, ils montrent leur unité, en s’échangeant leur prénom.

Elio n’a que 17 ans. Il vit dans une famille émancipée et absolument sans préjugés sur les questions sexuelles. C’est un foyer scientifico-intellectuel accueillant à la Marina di Vezza (Aldous Huxley), l’ironie en moins.

Cette famille apprécie d’héberger des étudiants doués, comme cet américain Olivier, qui a 24 ans (plus en vrai). L’ambiance est festive et vive. Ils échangent leurs idées, souvent de haut niveau.

Le père et la mère s’aiment d’un amour tendre hétérosexuel. Mais on apprendra par la suite que le père a eu une tentation pour explorer l’autre bord, mais qu’il n’a jamais franchi le pas.

Olivier est un beau mâle très attirant. Tant pour les femmes, que pour une certaine catégorie d’hommes. Il est bisexuel et finira par se marier à la fin du film.

Le jeune Elio tâtonne. Il est agité par le désir mais ne sait pas encore très bien où porter son attention. Et puis il y a cette entièreté des ados qui complique tout.

Oliver va lui servir de guide. Ils avancent l’un vers l’autre avec une infinie délicatesse, prêts à rebrousser chemin à tous moments. Ce qui donne des dialogues fins et des non-dits attendrissants : “on ne peut pas parler de ces choses là”.

Il y a cet intéressant suspense du rendez-vous de minuit.

Ce qui n’est qu’une possibilité au début, va devenir une nécessité par la suite. Ces deux là vont vraiment s’aimer d’amour. La sexualité cimentant fortement leur union. Ce n’est jamais trivial.

Les histoires d’homosexuels ne m’intéressent pas vraiment, en soi. J’ai du mal à entrer dans la peau des personnages. Je n’aime pas l’odeur des hommes. Mais là, tout en respectant mes inclinations profondes, le film mène dans une autre dimension, passablement dépouillée des classiques catégorisations et plus universelle.

Je m’incline. Il s’agit bien du « parce que c’était lui, parce que c’était moi », et non pas une sorte de déterminisme étroit de genre. D’ailleurs la porte est grande ouverte, nos deux héros ne sont pas définitivement enchaînés l’un à l’autre, ou à une seule sorte de sexualité (mais il pourrait bien y avoir une suite avec des retrouvailles).

Ce film est une incontestable réussite. On se sent meilleur et plus intelligent à la fin.

Le récit est basé sur un livre, qui a été en partie adapté par James Ivory. Je n’aime pas trop le sentimentalisme systématique et un peu mièvre de Ivory, dans ses autres oeuvres. Il remporte ici l’Oscar 2018 du meilleur scénario adapté.

Fort heureusement il n’a pas réalisé. Et c’est sans aucun doute le travail du metteur en scène Luca Guadagnino qui permet de monter à ces sommets. Il fait respirer cette histoire, grâce à de nombreux plans de visite à vélo des environs, mais aussi de baignades et des bals populaires. Ce sont des véritables petites toiles de maîtres, disposées ici ou là.

Guadagnino voit le roman comme « une œuvre proustienne sur la nostalgie du passé et la mélancolie heureuse des choses perdues ». Et je pense qu’en cela, il a parfaitement su restituer cette ambiance.

Difficile de penser que la propre homosexualité du réalisateur n’y ait pas pour quelque chose. Mais on peut comprendre qu’il s’empresse de dire que ce n’est pas un film gay.

Pour la subtilité des atmosphères, on a en tête bien entendu aussi Éric Rohmer, si cher à l’Italien. Ce sont les années 80 et les belles illusions vont bientôt disparaître.

Le doublage en français est confondant. Je croyais que c’était tourné dans notre langue, tant le résultat est parfait.

Tous les protagonistes sont bons, dont les parents Michael Stuhlbarg et Amira ­Casar.

Mention toute particulière, bien sûr, pour les deux amants, Timothée Chalamet et Armie Hammer. Elio et Olivier … ou vice-versa !

Très bonne bande sonore pianistique également.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Call_Me_by_Your_Name (travail explicatif très fouillé)

call-me-by-your-name-l-ete-amoureux-de-deux-garcons

https://tetu.com/2018/02/27/luca-guadagnino-call-me-by-your-name-elio-cest-moi/

Envoi
User Review
5 (1 vote)

Laisser un commentaire