Un bien sympathique « Venus beauté » bis.
Le salon de beauté est un cadre idéal pour nous proposer autant de portraits intéressants, qu’il n’y a d’employées. Sans compter leur entourage et quelques clientes bien démonstratives.
La tâche est bien menée. Le film est vivant et chaleureux. Le scénario est aéré. Les émotions sont au rendez-vous. Les exposés se révèlent souvent subtils.
La réalisatrice est ici aussi une femme et donc la manière de traiter le sujet, dans un endroit peu fréquenté par les hommes, est imposée.
Cette polyphonie concerne les amours de ses dames, avec leurs projets d’union, leur joie et leurs déceptions. On y voit des accommodements avec les contraintes multiples de Beyrouth et avec ces hommes qui peuvent se révéler peu fiables et volages, pour ainsi dire par nature.
A part ce beau policier tout en finesse et tout en nuance, qui une fois débarrassé de sa moustache représente l’homme idéal. La synthèse le veut ni trop brut pour en faire un bon père, ni trop mou pour en faire un bon amant.
L’amour est fragile. Ces jolies dames le savent et c’est pourquoi elles ont pour principal objectif que de lui faire une cage dorée, cernée par les fils d’or bien serrés. On appelle cela les liens du mariage.
Mais ce n’est pas une chasse au pigeon comme dans les comédies américaines. Ici ces dames sont mues par un sentiment fort et sincère. Le grand amour, l’unique amour de toute une vie. Et à ce moment, dans les starting-blocks, elles y croient.
Le scénario nous propose même une « Caroline Fourest », physiquement parlant, mais aussi par son homosexualité rayonnante et assumée. Elle ne repousse pas sa masculinité. Elle se révélera une amoureuse et une chanteuse très douée.
On en vient à rêver de cette relative bonhomie des rapports humains, de cette empathie transculturelle et transcultuelle largement partagée par nos dames. Cela se passe pourtant dans une ville qui a du mal à se relever du chaos et où la division et l’horreur ne sont pas rares.
La talentueuse réalisatrice Nadine Labaki se paye le luxe d’être également une excellente actrice principale, et une authentique une beauté. Pas mal pour un premier film !
Le personnage de la vieille folle est très intéressant aussi. Et ce d’autant plus que sa garde compromet les espoirs amoureux d’une autre femme âgée. C’est juste et poignant.
Le film nous donne à voir tout un tas de petites scènes révélatrices. L’attention est maintenue intelligemment d’un bout à l’autre. Le fait que seule la réalisatrice-actrice soit une professionnelle, que tous les autres comédiens soient des amateurs, est à la fois un tour de force et un atout considérable pour le réalisme de ce long-métrage.
Quelques hommes se gausseront de certains aspects bien féminins du propos. Dommage car ils auraient tout intérêt à être attentifs et à apprendre.
Si vous aussi vous avez encore un peu foi dans l’espèce humaine, vous ne regretterez pas ce joli détour par le Liban. Franchement cette « innocence » donne envie de s’envoler vers là bas, loin de nos perpétuels ricanements et de nos pitoyables dérisions.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Caramel_(film,_2007)
Nadine Labaki
Adel Karam
Yasmine Al Masri
Joanna Moukarzel
Gisèle Aouad
Sihame Haddad
Gisèle Aouad
Aziza Semaan