C’est écrit dans le ciel (1954) 4/10 John Wayne

Temps de lecture : 3 minutes

Un western aérien « christique » avec John Wayne en lonesome cowboy far away from home.

Notre grand dadais incarne un ex-pilote de ligne de premier plan, mais qui s’en est pris plein la figure. Alors qu’il pilotait un avion rempli de passagers, il s’est crashé. Ils sont tous morts sauf lui. Il a perdu sa femme et son fils dans cet accident d’avion. Il n’y était pour rien. Il n’a vraiment pas eu de chance.

Mais quand même, ça vous bousille un homme. Il fait d’ailleurs d’étranges mimiques. On ne sait pas trop s’il a des tics ou si ces grimaces sont censées montrer sa muette souffrance. En tout cas c’est raté.

On peut difficilement faire mieux, comme démarrage, pour ce Zola larmoyant à 3000 pieds.

Pourtant, cela ne lui suffit pas à notre Johnny. Il faut qu’il remette cela. Et on se doute bien qu’il va en reprendre plein les gencives.

Ce taiseux, qui regarde au lointain, a été déclassé en copilote. Ce n’est plus lui qui commande… en tout cas sur le papier. Car quand on est John Wayne, on ne tarde pas à faire parler la poudre.

Et donc mine de rien, il se tient en réserve. Il attend son heure pour se révéler à nouveau. Pas qu’il le veuille – il n’a d’ambition que le Bien – mais parce que les circonstances l’obligent.

L’avion doit traverser le Pacifique pour rejoindre San Francisco. C’est le point de non retour. Un des moteurs tombe salement en panne. Le réservoir d’essence est percé. La mer est déchaînée. L’amerrissage s’avère extrêmement casse-pipe. La tension monte. Vont-ils arriver à rejoindre la terre ferme ?

Des secours type marine et hydravions arrivent quand même à les approcher. Un sauvetage en mer n’est pas impossible.

Le pilote principal incarné par Robert Stack est un angoissé. D’après les calculs, il est quasi impossible de rejoindre le rivage. Il s’apprête donc logiquement à se poser sur l’eau en limitant les dégâts. D’ailleurs, c’est ce que les services aériens compétents lui proposent.

Mais John Wayne est investi d’une mission, au sens biblique du terme. Ce Noé des temps modernes, doit sauver tous les passagers, en les amenant sur la terre ferme. Ce psychologue, dont on connaît bien la finesse, file quelques baffes au chef Robert, pour lui signifier sa détermination à prendre lui les choses en mains.

En étant couillu et en espérant le secours du Très Haut (localisé à bien plus de 3000 pieds), pas de raison que cela ne le fasse pas. La logique n’a qu’à se taire.

Et bien entendu, ils arrivent à se poser au bon endroit à deux minutes près. Tout le monde est sain et sauf. Le plus fort c’est que l’éclairage de secours de la piste d’atterrissage forme une croix incandescente. Et la musique est alors typique de la Révélation. On entend la même dans tous les films ancien et nouveau testament d’Hollywood, aux passages imposés. Ce qui ne laisse pas trop de doute sur la personne qui les a aidé. Un gars dont le job est de faire des miracles, ou son père si de besoin.


L’axe central de ce film, qui privilégie l’obstination crasse et la foi aveugle au détriment de la raison, est donc d’une bêtise désespérante.

Mais comme cela ne permet pas à tenir les spectateurs pendant 2h30, on greffe là dessus les destins croisés des passagers.

Et là, c’est bien laborieux.

D’abord chacun va décliner âge et identité, devant nous, lors de l’enregistrement. Et si cela ne suffit pas, l’hôtesse de l’air et son patron qui les réceptionnent, vont nous en dresser un portrait rapide et scolaire.

Grosso modo ce sont tous des malheureux ou des innocents. Avec chacun un lourd background que l’on va bien souligner, avec s’il le faut un bon flash-back opportun. C’est distillé progressivement dans le scénario.

Ce ne sont que des portraits d’Américains de cinéma, totalement caricaturaux. Cela ne mérite même pas qu’on s’y attarde.

Mais avec l’exposé de leurs synergies ou de leurs divergences, on va tenter quand même de nous occuper.

Ce psychologisme de comptoir ne va pas faire long feu. Cela a terriblement mal vieilli.

C’est étrangement mal joué. Comme si les acteurs étaient ailleurs, chacun dans un autre film.

Mais le plus alien de tous, c’est vraiment notre Johnny, ce « Duke » sauvé des eaux.

Que dire au final ?

Ce fut un des premiers films de type catastrophe aérienne et de grand spectacle. Il est possible qu’à l’époque on ait marché. De nos jours la foi du béotien ne suffit plus. Mais je ne suis pas sûr que nos films plus récents soient davantage logiques. La bonne étoile n’a pas fini de venir au secours des scénarios mal ficelés.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crit_dans_le_ciel

John Wayne
Claire Trevor
Laraine Day
Robert Stack
Jan Sterling

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